Sans surprise, ce dernier chapitre du premier arc du Batman de Joshua Williamson est une nouvelle déception. Le scénariste expédie la conclusion de son intrigue dans une cascade de coups de théâtre grotesque et un cliffhanger qui sert de rampe de lancement à Shadow War (son crossover entre Batman, Robin et Deathstroke Inc.). Les dessins sont assurés pour moitié par Mikel Janin et le reste par Jorge Molina. Il n'y a vraiment rien à sauver.
Sur le toit de la prison, Lex Luthor et Batman font face à Abyss et aux membres de Batman Inc. acquis à la cause de ce dernier. Mais ceux-ci se retournent contre leur leader, dévoilant qu'ils étaient en mission d'infiltration depuis le début.
Acculé, Abyss blesse plusieurs membres de Batman Inc., tente de tuer Luthor mais se résoud à battre en retraite lorsque la détective Cayha surgit sur le toit avec en renfort un hélicoptère de la police locale. S'emparant d'un gadget de Luthor qui lui rend la vue, Batman par à la poursuite d'Abyss.
Batman retrouve Abyss dans une ruelle et, pour l'empêcher de profiter de l'obscurité, il active l'éclairage public. Abyss révèle, en se battant, qu'il a subi des expérimences de la part de Luthor qui voulait en faire son Batman. Mais il refuse l'aide du dark knight et parvient à s'échapper.
De retour auprès des membres de Batman Inc. Batman assiste à leur défection envers Luthor, qui se retire, véxé. Batman compte sur la détective Cayha pour le tenir au courant si Abyss se manifeste à nouveau. Pendant ce temps, à Gotham, Deathstroke est averti du retour du justicier...
Jusqu'à la lie ! Cet arc narratif écrit par Joshua Williamson aura été une vraie purge. Et maintenant qu'on sait que Chip Zdarsky va le remplacer en Juillet prochain, le gâchis paraît encore plus grand puisqu'il semble bien que Williamson n'ait jamais été destiné à rester sur la série.
Circonstance aggravante : le scénariste star de DC, promu nouvel architecte de la continuité Rebirth, a bâti cet arc comme une rampe de lancement pour le crossover Shadow War qui impliquera les séries Batman, Robin et Deathstroke Inc.. Soit quatre épisodes pour rien, ou pas grand-chose, car je ne pense pas qu'on reverra de sitôt Abyss, et sans doute pas davantage Batman Inc. ou la détective Cayha. Pourtant Dc et Williamson avaient promis qu'avec lui une nouvelle ère s'ouvrait, suite au départ de Tynion IV.
Si on prend un peu de recul, Batman est la série la plus importante pour DC, car le personnage est le plus populaire de l'éditeur (et la sortie du film The Batman de Matt Reeves tombe à point nommé pour le rappeler). Pourtant, depuis l'éviction par Bob Harras de Tom King, c'est comme si le dark knight n'avait plus vraiment de pilote. Et pourtant King pouvait se vanter de chiffres de vente flatteurs... Mais surtout d'une vision pour le personnage (qu'on y adhère ou pas, c'est un autre débat).
Revenons à la conclusion de cet arc : Williamson accumule les coups de théâtre à un point grotesque. Alors que le elcteur s'attend à une baston entre Lex Luthor, Batman et Abyss plus les membres de Batman Inc., il s'avère que ces derniers étaient depuis le début en mission d'infiltration non pas pour tuer Luthor mais piéger Abyss. Que ne l'ont-ils fait avant alors ? Et pourquoi n'ont-ils pas averti leur vrai chef, Batman ? Ah, mais j'oubliai : in fine, Batman explique à ses amis qu'il savait depuis le début qu'ils ne l'avaient pas trahi, et même quand ils s'en sont pris à lui dans la prison, il a senti qu'ils retenaient leurs coups. Trop fort !
Williamson revient à l'über-Batman thérorisé et animé par Grant Morrison mais dans une intrigue tellement maladroite et à court terme que l'effet tombe à plat. Ainsi, faut-il rappeler que Batman est toujours aveugle mais (on ignore comment) il voit quand même Luthor grâce à l'armure que celui-ci porte. En lui subtilisant une partie de son équipement, il peut courser Abyss qui lui rend la vue providentiellement en l'affrontant. C'est n'importe quoi ! Encore un exemple de WTF ? Abyss, avant de battre en retraite, furieux d'avoir été trompé par les membres de Batman Inc., en blesse plusieurs grâce à sa faux. Mais, miracle, quand Batman les retrouve après avoir été semé par Abyss, plus personne n'est blessé !
Est-ce qu'au moins c'est bien dessiné ? Oui, de ce côté-là, on serait ingrat de se plaindre car Mikel Janin et Jorge Molina ne sont pas des manches. Mais de là à dire qu'on est satisfait, il y a un pas que je ne franchirai pas.
Jorge Molina aura été très décevant pour son premier travail chez DC. C'est pourtant un artiste que j'aime bien mais il est incompréhensible qu'il n'ait pas été en mesure de produire quatre épisodes entiers. Pire : il a signé de moins en moins de planches à mesure que l'histoire avançait. Ici, il ne réalise que la moitié de l'épisode, à partir de la douzième page ! Si encore, il nous offrait des planches bluffantes, on lui pardonnerait presque, mais franchement, il n'y a pas de quoi sauter au plafond. Les décors sont pratiquement absents, les personnages sont inexpressifs et il faut surtout compter sur l'exceptionnel apport de Tomeu Morey aux couleurs pour sauver les meubles.
En revanche, Mikel Janin s'occupe des onze premières pages et on se demande bien pourquoi cet excellent dessinateur est réduit au rôle de fill-in de luxe alors que, justement, du temps de King, il assurait des arcs entiers de grande qualité, sans retard. Il s'acquitte de scènes d'action très dynamique, avec un découpage inventif et nerveux. Tomeu Morey accomplit encore des prouesses, mais Janin est plus solide que Molina et son trait est plus vif, plus maîtrisé, plus précis, et se repose moins sur les couleurs.
Je dois bien avouer que je suis très refroidi. A la fois par l'importance de Joshua Williamson chez DC et son remplacement apr Zdarsky (que je n'aime pas davantage et dont je n'attends rien sur Batman). Dark Crisis n'arrive pas à m'exciter et je ne pense donc pas que je relirai du Batman en série régulière avant un bon moment. Mais la chauve-souris n'est pas perdu, et très bientôt, cette semaine, j'aurai l'occasion de vous parler d'une autre histoire avec lui d'un niveau bien supérieur.
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