vendredi 4 mars 2022

DARK KNIGHTS OF STEEL #5, de Tom Taylor et Yasmine Putri


Après l"épisode en forme de secret origins du mois dernier, Dark Knights of Steel reprend le cours de son récit. Et, fidèle à lui-même, Tom Taylor n'y va pas de main morte. Le rythme est effréné et ce chapitre réserve encore son lot de surprises choquantes. Yasmine Putri est de retour et signe des planches magnifiques.


Zala est de retour à la Maison des El où elle se recueille devant le cercueil de son père. Kal-El promet que son crime ne restera pas impuni. De son côté, Harley Quinn retrouve Poison Ivy dans la forêt de Hobb où elle lui résume la situation et obtient son renfort contre le roi Jefferson et ses alliés.


Diana, l'amazone, survole la forêt où elle est arrêtée par Ivy. Kal et Zala arrivent sur ces entrefaîtes. Zala s'isole avec Diana à qui elle jure n'être pour rien dans la mort du fils du roi Jefferson. L'amazone se range donc du côté des El, malgré l'alliance de Hippolyte avec Jefferson.


Bruce montre l'échantillon de kryptonite, protégé dans un étui en métal, à Kal et lui explique l'effet qu'a eu ce minerai étranger sur lui. Kal apprend par Bruce est donc son demi-frère par son défunt père. Sa réaction est brutale...


Non loin de là, un couple de femiers entend le bruit d'une chute. L'homme s'approche d'un cratère et y trouve Bruce, sévèrement blessé mais encore vivant et qui supplie pour ne pas être transporté au château des El...

Pour commencer, je voudrais revenir sur la critique du précédent épisode à propos de laquel un lecteur m'a interpelé, jugeant que j'avais spoilé un élément important par une image d'illustration. Je tiens à préciser deux choses à ce sujet : d'abord, pour qui lit mes articles, je prends le parti, discutable j'en conviens, de rédiger des résumés assez complets pour chaque épisode, ce qui me conduit donc, inévitablement à "divulgâcher" l'histoire. Mais, ensuite, quand je choisis des images pour illustrer mes résumés, je veille à ne pas trop en montrer, de telle sorte que tout ne soit pas révélé. Ainsi, pour le n°4, je pouvais donner l'impression de révéler l'identité du Green Man/l'Homme Vert, et pourtant, je peux vous promettre que celle-ci vous réserve une surprise encore intacte.

Cependant, il me faut bien admettre, et vous le comprendre, que plus l'histoire progresse, plus il est difficile de rédiger un résumé de chaque nouvel épisode en gardant des secrets intacts. Si je veux pouvoir résumer l'épisode, je ne peux pas éviter, à un moment donné, de "divulgâcher" des parties de l'intrigue. J'ai ainsi parfois hésité à continuer à livrer des résumés pour attaquer directement mes articles par la critique de l'épisode. Mais c'est reculer pour mieux sauter car ce que je n'écrirai plus dans le résumé, je finirai tôt ou tard par l'écrire dans la critique, à moins de tourner autour du pot et de vous donner à lire des analyses trop cryptiques.

Dans ce cinquième épisode, j'ai donc été confronté, de manière encore plus prononcée, à ces problèmes de spoilers et de contenus de résumé et de critique. Vous gardez la liberté de ne pas/plus lire mes articles pour attendre le moment où vous lirez l'intégralité de l'histoire sans spoilers, et je ne vous en voudrai pas. Mais c'est le fossé insoluble entre le critique et le lecteur : mon boulot, c'est de parler de ce que j'ai lu, et votre objectif, c'est de lire sans être spoilé. Personnellement, je ne crois guère à l'efficacité d'une critique sans spoilers. Et j'estime donc être lu en connaissance de cause, si vous vous voulez être préservés, autant évitez mes articles comme les news comics qui annoncent avec plusieurs mois d'avance parfois la trajectoire des séries.

Dans un premier temps, disons le premier tiers de cet épisode, Tom Taylor ne pose pas de problème au critique. Nous attendions depuis un petit moment l'apparition de Poison Ivy et à quoi elle ressemblerait dans le contexte de cette histoire, son rôle aussi. Il l'introduit en majesté, soulignant sa puissance mais aussi sa séduction, et surtout le scénariste ne se cache pas derrière son petit doigt en confirmant l'attirance homosexuelle d'Ivy pour Harley Quinn (qui semble réciproque, mais qui est modulé subtilement car Harley ne veut pas vivre dans la forêt où réside Ivy).

La Sorcière Verte, ainsi que Ivy est aussi désignée, s'incarne comme une force considérable mais indépendante. Elle ne consent à aider la Maison El que par amour pour Harley. On a une démonstration de sa force impressionnante quand elle intercepte Diana (Wonder Woman) qui survole sur son cheval aîlé sa forêt. Yasmine Putri fait des merveilles graphiques dans ce mouvement, non seulement en dessinant Ivy et Diana en femmes redoutables, en créatures qui ne cèdent rien l'une à l'autre. Spectatrice ahurie puis médiatrice du duel, Harley est aussi traitée avec un sens de la nuance appréciable car Taylor ne la réduit pas au personnage qu'on a pris l'habitude de voir dans les comics et les films, parfois franchement lassant.

Le deuxième tiers de l'épisode est passionnant dans ce qu'il montre de la duplicité des El. Zala jure avec una plomb sidérant à Diana qu'elle n'a pas tué le fils du roi Jefferson (le lecteur sait que c'est faux) et convainc son amante, qui, en retour, décide de combattre aux côtés des El contre l'alliance de Jefferson et des amazones. Mais le plus glaçant est à venir - et là, donc, spoilers !

Car, de leur côté, Kal et Bruce échangent, moins sur la découverte de la kryptonite trouvée sur les terres de Lord Magnus, qu'à propos de leurs liens du sang. Taylor avait déjà fait fort en créant une faternité entre ces Superman et Batman médiévaux, mais lorsque Kal empâle Bruce, puis révèle son vrai visage en affirmant que les El vont conquérir la Terre en écrasant quiconque se dressera devant eux, et surtout qu'il ne tolérera pas la présence du bâtard conçu par son défunt père, là, le choc est brutal.

Là aussi, Yasmine Putri prouve sa compétence en découpant la scène avec une énergie dingue, qui traduit parfaitement la violence de la réaction de Kal mais aussi celle du sort réservé à Bruce. Décidément, Putri s'affirme comme la grande révélation de cette mini-série car elle impose sa narration très dynamique et soignée sur un script déjà bien secoué. Je n'aurai pas imaginé qu'elle avait ça en elle, car même si elle était une cover-artist de haut niveau, il y a une différence entre le fait de produire des images pour une couverture et convaincre qu'on a les ressources pour convertir ce talent dans la narration graphique, avec ce que cela impose (maîtrise du découpagre, de la composition, des expressions, du rythme de lecture, etc.).

La toute dernière page réserve une ultime surprise, malicieuse, au lecteur. Mais surtout l'épisode qu'on vient de lire relance une nouvelle fois l'intrigue dans des directions multiples et excitantes. Dark Knight of Steel est un projet vraiment accrocheur, qui promet encore beaucoup. Et vu la forme affichée par Taylor et Putri, on avance confiant.

2 commentaires:

Sam a dit…

Tom Taylor, pour moi, c'est l'écrivain star de DC, chacun de ces comics ne donne envie de voir vite la suite.
Quand Zala dit qu'elle a rien fais, je l'aurai pas cru mais cette fin avec kal et bruce, il suffit de voir avec quel minerai étranger que Kal empâle Bruce pour me dire qu'il y a quelque chose qui ne va pas...

RDB a dit…

C'est certain qu'il est un excellent conteur et il fait souffler un vent d'air frais sur les séries qu'il écrit. Il est particulièrement à l'aise dans ces histoires type "elseworlds" où il a les mains libres. Mais son "Nightwing" est aussi très recommandable, dans un autre registre.