Les numéros de l'anthologie Elektra : Black, White & Blood se suivent et se ressemblent de manière confondante. Déjà dans les deux précédents exemplaires, j'avais noté qu'une histoire surnageait nettement sur ls trois que comptait chaque fascicule. C'est encore le cas ce mois-ci, avec un casting des plus divers, mais où domine le segment écrit et dessiné par Paul Azaceta.
- Split (Ecrit par Ann Nocenti, dessiné par Federico Sabbatini) - Enfermée dans la cellule d'un asile, Elektra, qui feint de prendre les médicaments qu'on lui prescrit, organise son évasion. Elle entraîne dans ce projet Mary, co-détenue avec elle, et qui entend des voix...
- With a Passion (Ecrit et dessiné par Paul Azaceta) - Daredevil surprend Elektra alors qu'elle va tuer une femme. Ils s'affrontent. Auc coups succède une etreinte passionnée. Daredevil endormi, Elektra file pour remplir son contrat mais sa conscience la rattrape...
- Weapons of Choice (Ecrit par David Pepose, dessiné par Danilo Beyruth) - Elektra s'introduit dans la "Chambre Rouge" où sont formées les Black Widows. Elle affronte Natasha Romanoff avant d'être maîtrisée par les autres élèves. Mais elle a réussi à s'approcher ainsi d'une machine qui contrôle l'esprit des espionnes...
Jusqu'à présent, chaque numéro de Elektra : Black, White & Blood m'a intéressé pour un artiste en particulier, qui, en outre, écrivait l'histoire qu'il illustrait. D'abord, ce fut Leonardo Romero, puis ensuite Greg Smallwood. A chaque fois, je ne fus pas déçu, car ils dominaient les débats, réussissant à raconter quelque chose d'efficace avec des images splendides.
L'histoire se répéte de façon troublante puisque c'est encore ce qui se passe dans ce troisième numéro de l'anthologie consacrée à Elektra Natchios. Trois nouvelles plaisantes, mais très inégales, où seul un artiste sort du lot, par le brio de sa narration et la magie de ses visuels.
Je vais donc d'abord parler du premier et troisième segments, avant de finir par le deuxième, qui est le plus abouti.
D'Ann Nocenti, on sait que c'est une scénariste qui a connu son heure de gloire grâce à un des meilleurs runs sur Daredevil (en compagnie de John Romita et Al Williamson). Egalement journaliste et militante, elle n'a jamais renoué avec ce succès, même si son nom suffit à allumer une lumière toujours intriguée dans les yeux des fans de comics, comme si on attendait toujours qu'elle renouvelle le miracle.
Hélas ! Ce n'est pas ce Split qui nous réconcielera avec les heures glorieuses de Nocenti tant la scénariste semble à la peine. Son histoire, nous indique-t-on, se déroule après les événements d'un flashback survenu dans le 168ème épisode de Daredevil. Bigre ! Faut-il l'avoir déjà lu et s'en souvenir, ce qui n'est pas mon cas (ou alors j'ai totalement oublié). Je n'ai pas cherché à récupérer cet épisode pour savoir si cela apportait une plus-value car l'effort me semblait disproportionné par rapport à l'objectif.
Cette évasion est en tout cas poussive, bavarde et ses dessins, de Federico Sabbatini, s'inscrivent dans un style manga qui me déplait. J'ai trouvé ça affreusement brouillon, pénible, et pas très beau. Ce n'est pas fait pour moi. Allez, on zappe.
Pour boucler ce numéro, on a droit à mieux avec Weapons of Choice écrit par David Pepose, un auteur sur lequel Marvel semble décidé à miser (même si sa mini-série Secret Invasion vient d'être reportée sine die...). Ce scénariste propose en tout cas un duel prometteur : Elektra vs. Black Widow.
Ce n'est pas la première fois que les deux femmes s'affrontent (je me rappelle d'une formidable baston dans la mini-série de Marjorie Liu et Daniel Acuna, Black Widow : The Name of the Rose). L'action se situe dans le passé, quand Natacha est encore élève de la "Red Room" en Union Soviétique. Mais Elektra a un autre objectif.
C'est fort bien mené, sur un tempo vif, avec donc une prime à l'action. Danilo Beyruth (qui a récemment suppléé Rod Reis sur un épisode de New Mutants) dessine cette partie avec son style un peu épais mais alerte. Il y met du coeur en tout cas, on sent qu'il s'amuse et veut rendre justice au script, ce qui mérite toujours d'être loué. Pour un peu, ça ressemblerait presque au prologue d'une histoire à développer (et peut-être que Kelly Thompson, actuelle scribe des aventures de Black Widow, serait inspirée de s'en inspirer).
Mais, donc, le clou du spectacle, c'est bien la partie écrite et dessinée par Paul Azaceta. Après plusieurs années à collaborer avec Robert Kirkman sur la série Outcast (publié sur le label Skybound, au sein d'Image Comics), Azaceta est de retour chez Marvel où il illustre des flashbacks dans la mini-série The Punisher de Jason Aaron et Jesus Saiz, dont la parution a débuté ce mois-ci.
C'est une véritable expérience visuelle et narrative à laquelle nous convie Azaceta, immense graphiste méconnu. Il réunit Elektra et Daredevil dans leur romance épique de la grande époque de Frank Miller, quand elle était une tueuse et lui un justicier aux motivations incompatibles malgré une formation commune.
La manière dont Azaceta transforme leur affrontement en scène d'amour est magnifique. Il joue avec le rouge sang de façon extraordinaire, comme aucun autre, et c'est justement que son histoire s'intitule With a Passion. Il y a un côté "opératique" sensationnel. Une fièvre parcourt ses planches que peut ressentir le lecteur, jusqu'au dénouement vertigineux où Elektra ne peut tuer la femme qu'elle devait éliminer, littéralement rattrapée par sa conscience et les convictions de Daredevil. Sublime.
Evidemment, d'un point de vue strictement comptable, statistique, le compte n'y est pas, avec à chaque fois seulement une partie sur trois qui domine. Mais on oublie volontiers ces inégalités pour n'en retenir que les coups d'éclats de grands artistes comme Romero, Smallwood et Azaceta : en misant sur eux, Marvel est certain de ne pas publier une anthologie de plus (à condition toutefois de respecter leur travail...). A voir si cela se vérifie encore le mois prochain (avec notamment Peach Momoko au générique).
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