Et c'est la fin de Fear State avec ce 117ème épisode de Batman (période Rebirth). On ne va pas se voiler la face, cette saga n'aura pas tenu ses promesses et son dénouement n'offre pas de miracle, il est raté, sans saveur, avec d'ultimes pages fades au possible. James Tynion IV quitte la série par la petite porte et Jorge Jimenez va pouvoir profiter d'un repos bien mérité.
Dans les sous-sols de Gotham, La Jardinière et Harley Quinn réunissent Queen Ivy et Poison Ivy. Les deux créatures ne font plus qu'une et unissent leurs forces pour apaiser la cité contre la folie provoquée par l'Epouvantail.
Cependant, dans le repaire de l'Epouvantail, tandis que Molly Miracle s'emploie à désactiver la Bombe de la Peur déclenchée par Jonathan Crane, Batmana affronte Sean Mahoney, toujours convaincu d'être le héros dont la ville à besoin. Il est vaincu séchement.
Batman se tourne vers Molly pour savoir si elle a désamorcé la bombe. Elle a réussi mais veut à présent se servir de la Machine de Maître Wyze pour soulager les gothamites de leurs traumas. Batman lui tend alors son oreillette pour la convaincre d'une autre option.
En effet, la Bat-famille ( Batgirl, Nightwing, Orphan Spoiler, Harley Quinn, Batwoman, Red Robin, le Prochain Batman, Le Signal) a procédé à l'arrestation de Simon Saint. Le programme Magistrat est suspendu et dans le ciel de Gotham luit le Bat-signal, qui apaise la population.
C'est vraiment dommage mais Fear State restera, en tout cas pour moi, un vrai fiasco. James Tynion IV avait pourtant bien disposé ses pions et construit une saga ambitieuse avec l'arc précédent (The Cowardly Lot), mais il s'est planté.
En fait, Fear State a été victime d'un trop-plein : trop de personnages, trop de péripéties, de rebondissements, trop de tout. Tynion a voulu secouer Batman et Gotham avec un vilain qui n'avait plus été utilisé depuis longtemps, l'Epouvantail, et jouer avec le lecteur par rapport au mini-event de Janvier-Février dernier, Future State, qui montrait un futur sombre. Mais le trop est l'ennemi du bien et le scénariste a semblé dépassé par ce qu'il avait mis en place.
On reprochera certainement à Tynion d'avoir déjà la tête ailleurs, dans ses projets pour la plateforme Substack et ses creator-owned, et donc d'avoir bâclé sa copie, alors qu'avant de décider de quitter Batman et DC Comics, il avait annoncé avoir des plans pour un run de trois ans. Peut-être que s'il avait choisi de rester ou de ne pas ajouter à son agenda ses projets pour Substack, il aurait développé une trame à la hauteur au lieu de se lancer dans une saga menée à toute allure et qui s'est avérée brouillonne.
Mais on ne le saura jamais. Et on ne peut guère, en vérité, lui reprocher d'avoir préféré la liberté d'écrire ses propres créations plutôt qu'être le scénariste d'une série aussi populaire que Batman mais dont il n'est pas le maître. Et si ses idées pour les trois ans à venir n'avait pas toutes plu à DC ? On sait qu'il en a fallu moins que ça à l'éditeur pour débarquer Tom King du titre qui ne réclamait qu'une quinzaine d'épisodes pour achever son histoire.
Par contre, on sera moins indulgent sur la manière dont il règle le cas de quelques personnages, comme l'Epouvantail, bien trop en retrait durant toute la saga, ou Molly Miracle, que Batman réussit à calmer avec une rapidité grotesque. Pire : le retour de Poison Ivy, réunie avec son double surpuissant Queen Ivy, n'a pas l'impact, émotionnel et concret, escompté (si ce n'est qu'Ivy et Harley voient leur couple reformé). Mais qu'adviendra-t-il de la Jardinière, dont la relation avec Ivy était présentée comme fondamentale ? Je doute que Joshua Williamson, à la suite de Tynion, ait des plans pour ce personnage. Idem pour Ghost-Maker.
Ironiquement, à la fin de cet épisode, Tynion montre la Bat-famille étendue qu'il a tant souhaitée réunie sur un toit de Gotham, levant les yeux au ciel dans lequel réapparaît le Bat-signal. Mais soudain, on s'aperçoit que cette équipe est à l'image de Fear State : trop fournie. Batwoman n'a plus de série, Red Hood n'apparaît plus que dans la revue anthologique Batman : Urban Legends tout comme Red Robin. Spoiler et Orphan vont avoir droit à leur propre mensuel (avec Oracle), Batgirls. Le Prochain Batman va s'exiler à New York dans la série qu'écrit John Ridley (et j'ai de sérieux doutes sur le fait que ce personnage ait une longue carrière devant lui). J'ignore où en est Duke Thomas/le Signal, relique du run de Scott Snyder durant les New 52. On remarquera aussi que sur cette page Harley est bien là, mais pas Poison Ivy (alors que les deux femmes viennent de se retouver). Le Collectif Insensé et Molly Miracle vont certainement finir aux oubliettes également.
Tynion a voulu beaucoup, et en partant il laisse beaucoup. Mais pour qui ? Pourquoi ? Je crois que la majorité de sa contribution à Batman va passer à la trappe, et personne ne le regrettera vraiment ni ne blâmera Williamson. En comparaison, Tom King est parti, contre son grè, mais sans paquet encombrant pour Tynion.
Jorge Jimenez, lui, va surtout pouvoir se reposer quelques mois. Il aura beaucoup donné durant ce run et ces derniers mois. S'il a tiré la langue vers la fin, c'est parce qu'il a été soumis à une cadence de production affolante, et franchement, il s'en tire très honorablement. Même si des incertitudes demeurent quant à la durée du run de Williamson, on sait que son premier arc comptera quatre épisodes qui seront dessinés par Jorge Molina. Normalement, après ça, Jimenez devrait revenir illustrer l'arc suivant. Une alternance Molina-Jimenez aurait de la gueule... A moins que Williamson, comme certains journalistes le pensent, ne soit là que pour assurer un intérim avant qu'un scénariste vedette s'occupe de Batman (la rumeur Bendis a couru, mais j'ai du mal à y croire).
On verra. J'aimerai que DC laisse sa chance à Williamson, d'autant qu'il est devenu un peu le nouvel architecte de l'éditeur, après son long run sur Flash et sa mini Infinite Frontier. Son premier arc pour Batman est alléchant. Et je serai ravi de lire un arc dessiné par Molina, un arc par Jimenez.
Fear State est terminé. Pour Batman du moins. Il me reste à lire Catwoman #37 et Nightwing #86, qui sortent aussi aujourd'hui, pour boucler mes critiques sur cette saga. Mais je n'en attends rien, honnêtement. Vivement Décembre, qu'on passe à autre chose.
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