MARC DACIER : AU-DELA DU PACIFIQUE est le troisième tome de la série, écrit par Jean-Michel Charlier et dessiné par Eddy Paape, publié en 1961 par Dupuis.
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Marc Dacier entame la dernière étape de son tour du monde, entrepris pour obtenir un poste de reporter au journal "L'Eclair" comme le lui a promis Blondineau, le directeur, à la suite d'un pari.
Le jeune homme débarque clandestinement aux Etats-Unis, après avoir voyagé en bateau grâce à la complicité de Luigi Barbérino et de son cirque. Mais à son arrivée, il est arrêté par la police qui le confond avec Bill Moratti, un repenti de la mafia dont il est le sosie !
Voilà Marc entraîné à travers le pays pour témoigner devant une commission à Washington. En cours de route, l'inspecteur qui l'escorte comprend sa méprise mais a l'idée de continuer à faire passer Marc pour Moratti afin que le transfert de ce dernier se déroule incognito. Dacier servira donc de leurre pour les gangsters lancés aux trousses du traître.
Le voyage qui s'effectue pour une bonne part en train connaît nombre d'embûches, notamment lors de son passage dans les Montagnes Rocheuses. Mais au bout de cette cavalcade, Marc sera récompensé justement en obtenant un visa qui lui permet de poursuivre son tour du monde et de gagner son pari...
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MARC DACIER : LES SECRETS DE LA MER DE CORAIL est le quatrième tome de la série, écrit par Jean-Michel Charlier et dessiné par Eddy Paape, publié en 1962 par Dupuis.
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Grâce à l'aide qu'il a apporté, au péril de sa vie, au FBI pour aboutir à l'arrestation de plusieurs cadres de la mafia, Marc Dacier retourne à San Francisco où il est invité et reçu en héros dans une série de réceptions.
Mais le jeune reporter s'ennuie dans ces mondanités et, un soir qu'il a faussé compagnie à ses gardes du corps, il aide un inconnu dans une ruelle alors que plusieurs hommes l'agressent.
Peu après, celui à qu'il a porté secours le contacte : il s'appelle Larry Sullivan et lui raconte une extraordinaire histoire remontant à la dernière guerre. Il convainc Marc de l'aider à remettre la main sur un trésor de guerre japonais.
Les deux hommes doivent pour localiser ce magot retrouver les deux soldats avec lesquels Sullivan a partagé les infos sur les coordonnées de la cachette : l'un s'appelle Morena et croupit en prison, l'autre est Aron et est mort dans un asile, amnésique.
Pour ne rien faciliter, une mystérieuse organisation les menace, son chef, le redoutable Baron Solo, qui dispose d'espions partout, convoite lui aussi le trésor...
Ces deux nouvelles aventures du héros de Jean-Michel Charlier et Eddy Paape différent sensiblement des tomes précédents pour deux raisons : d'abord, avec le troisième épisode, on assiste à la conclusion du tour du monde de Marc Dacier qui accède donc au job de reporter que lui avait promis Blondineau, le directeur du journal "L'Eclair" ; puis, dans le suivant, il retourne en Amérique en qualité de journaliste mais aussi de témoin protégé par le FBI suite à son concours dans l'arrestation de plusieurs chefs de la mafia.
La construction de ces récits marque aussi une évolution avec les deux premiers actes de la série car Charlier, même s'il ne ménage ni son héros ni le lecteur avec un foisonnement épique de rebondissements, dirige des intrigues plus serrées. Marc Dacier passe moins de temps à traverser des pays (et leur environnement hostile) qu'à se démener pour échapper à une menace précise : dans Au-delà du Pacifique, confondu avec un mafieux qui doit témoigner devant une commission, il doit abuser des gangsters avec l'aide d'un inspecteur pendant que le véritable repenti est transférer sans inquiétude ; et dans Les Secrets de la mer de corail, il accompagne un ancien soldat de la seconde guerre mondiale dans une course au trésor que convoite aussi une organisation secrète.
La lecture est presque plus reposante, mais demeure tout de même d'une étonnante densité : le scénario accumule les péripéties à un rythme infernal qui permet de faire accepter au lecteur l'énormité de certaines situations (comme le confusion vraiment malheureuse entre Moratti et Dacier, dans le tome 3 ; ou le rôle du Baron Solo, dans le tome 4). Il faut s'engager dans ces histoires en étant prêt à "gober" tout cela, à prendre ça comme un gigantesque jeu. La question ne se poserait pas dans une série dont le graphisme serait différent car l'esthétique induirait une distanciation immédiate, mais dans le cas de Marc Dacier, l'enjeu se déplace et il faut composer avec la dimension ludique de la série.
Eddy Paape était, comme je l'ai déjà dit, en conflit avec Charles Dupuis, l'éditeur, car celui-ci aurait préféré qu'il illustre la série à la manière de Jijé, dont il avait d'ailleurs été un des élèves. Mais Paape n'a jamais voulu se fondre dans le moule de l'école de Marcinelle et perfectionné un style réaliste.
Ainsi, si Marc Dacier avait été dessiné comme une série cartoony, elle aurait ressemblé à Spirou et Fantasio ou Gil Jourdan. Avec un trait égal en élégance mais aux finitions plus proches du réalisme classique, Paape lui a conféré une singularité, qui, en plus de déplaire à Charles Dupuis, l'a sans doute coupée d'un lectorat plus important.
C'est encore une fois regrettable puisque, outre le fait que la série reste encore aujourd'hui méconnue (faute de rééditions ou d'Intégrales dignes de ce nom), elle témoigne de la qualité graphique de son artiste. Paape répond à l'imagination débridée de Charlier par un découpage très soutenu, ses pages comptant facilement une douzaine de cases (souvent disposées en gaufriers). Les personnages y sont très expressifs, les décors fouillés. On ferme les albums rassasié par ces récits bien remplis narrativement et visuellement.
Ajoutez-y le plaisir pop et rétro et vous comprendrez que Marc Dacier est une des BD les plus rafraîchissantes et accomplies de l'Âge d'Argent de "Spirou".
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