BLUEBERRY : LE HORS-LA-LOI est le seizième tome de la série et le premier volet du Cycle du Premier Complot contre Grant, écrit par Jean-Michel Charlier et dessiné par Jean Giraud, publié en 1974 par Dargaud.
Emprisonné depuis six mois au bagne de Francisville, Blueberry, à bout de forces, raconte au commandant Kelly, qui dirige l'endroit, qu'il est prêt à révéler où est caché le trésor des confédérés qu'on l'accuse d'avoir escamoté.
Convoyé par train, il profite d'une attaque armée mené par le gang de Tennessee Blake pour s'évader. Suivant le conseil de Cartridge qui partageait sa cellule, il trouve refuge dans le bordel de Guffie Palmer... Où il ne tarde pas à retrouver Blake qui y a établi sa planque.
Pour faciliter sa fuite, le bandit propose à Blueberry d'escorter jusqu'au Mexique un jeune homme, Duke O'Saughnessy alias "Angel face". Mais ce dernier est, en vérité, un tireur d'élite dont la mission est d'abattre le président des Etats-Unis, Ulysses Grant, lors de son passage à Durango (Colorado).
L'objectif de cet assassinat est de favoriser la création d'une dictature militaire...
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BLUEBERRY : ANGEL FACE est le dix-septième tome de la série et le second volet du Cycle du Premier Complot contre Grant, écrit par Jean-Michel Charlier et dessiné par Jean Giraud, publié en 1975 par Dargaud.
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"Angel Face" tient dans sa ligne de mire le président Ulysses Grant en déplacement à Durango. Mais Guffie Palmer, blessée par un homme de main de Tennessee Blake en lui faussant compagnie, s'interpose et reçoit le tir mortel à sa place.
Agonisante, elle donne le nom de Blueberry, ce qui aboutit à un dramatique malentendu car le président pense qu'elle a dénoncé son meurtrier.
Profitant du chaos provoqué par Guffie, Blueberry, qui a compris qu'il servirait de bouc émissaire dans cette tentative d'assassinat, échappe à Kelly et "Angel Face" en déclenchant un incendie grâce à une lanterne, ce qui rend impossible la réussite du plan des comploteurs.
"Angel Face" et Blake reviennent le lendemain à la gare de la ville pour y accomplir leur méfait. Blueberry gagne l'endroit au prix de maints efforts pour ne pas se faire prendre par les soldats qui quadrillent Durango. Il réussit à repérer in extremis "Angel Face" et l'empêche de tuer Grant une nouvelle fois.
Mais le yankee n'est toujours pas disculpé, même s'il demeure introuvable...
Ce sixième Cycle est bref, avec deux tomes qui seront les derniers produits pour la décennie par Jean-Michel Charlier et Jean Giraud : le dessinateur, accaparé par ses projets sous le pseudonyme de Moebius, va s'éloigner cinq longues années de Blueberry, tandis que le scénariste se consacrera à d'autres séries en attendant.
Pour ceux qui pouvaient estimer que le héros n'était pas suffisamment dans le pétrin au terme de l'affaire du trésor des confédérés, ces deux nouveaux épisodes l'enfoncent un peu plus dans les ennuis en le mêlant à une intrigue où il n'est plus question de le garder en vie pour espérer récupérer le butin des sudistes mais de l'éliminer. Une bande de conspirateurs le considère comme, pour paraphraser le titre du film d'Hitchcock, l'homme qui en savait trop ; mais, surtout, le président des Etats-Unis en personne veut sa peau parce qu'il est convaincu qu'il a tenté de l'assassiner et a tué son amour de jeunesse.
Charlier mène son récit pied au plancher, quitte à nouer des péripéties avec de très grosses ficelles : le plan mis au point pour pousser Blueberry dans les griffes de Tennessee Blake avec une audacieuse attaque de train puis en faire le bouc émissaire dans l'assassinat de Grant est particulièrement sophistiqué et retors. Mais le scénariste y glisse ici une allusion au Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas (via la relation entre Blueberry et Cartridge) et surtout au meurtre de John F. Kennedy. L'issue prévue, mais contrariée, de l'opération est tarabiscotée, avec le projet de substituer au régime en place une dictature militaire, mais finalement cela participe au charme de ce feuilleton rocambolesque.
Sur ces deux tomes, l'histoire ménage des séquences spectaculaires, comme l'attaque du train, avec un montage extraordinaire fluide, la préparation de l'attentat, la cavale de Blueberry dans Durango (qui le voit endosser la panoplie d'un pompier puis retrouver l'uniforme d'un soldat). On ne s'ennuie jamais et la bagarre finale avec "Angel Face" dans la locomotive est un vrai morceau de bravoure.
Jean Giraud, même s'il avait la tête déjà ailleurs (son désir de se consacrer à autre chose est frustrant mais légitime après une douzaine d'années dédiée à la série), ne bâcle pas son ouvrage, bien au contraire.
Ses planches maintiennent le haut degré de qualité des tomes précédents, avec un trait d'une précision redoutable. La profusion de détails est hallucinante, avec un encrage d'une finesse sensationnelle : le recours aux hachures, et même au pointillisme, témoigne d'une maîtrise graphique prodigieuse, surtout quand on note que l'artiste enchaînait deux albums par an alors.
Surtout, le découpage est d'une rigueur admirable, particulièrement dans le tome 17 où de nombreuses scènes se déroulent en intérieur : Giraud parvient à composer des images très dynamiques en tirant partie de la promiscuité des lieux, avec des enchaînements de plans, des effets de montage très énergiques.
La cavale de Blueberry n'est donc pas terminée mais prendra un tour inattendu, empruntant une trajectoire sinueuse et passionnante. A suivre donc, en appréciant le fait de ne pas avoir à patienter cinq ans comme les fans à l'époque.
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