DAREDEVIL, VOLUME 3 : THE DAREDEVIL YOU KNOW rassemble les épisodes 11 à 15 de la série, écrits par Mark Waid et dessinés par Chris Samnee, publiés en 2015 par Marvel Comics.
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(Extrait de Daredevil #11.
Textes de Mark Waid, dessins de Chris Samnee.)
- (#11-12) Alors que le père de Kirsten McDuffie l'a convaincu, moyennant une confortable avance, de publier son autobiographie, que rédige sous sa dictée Foggy Nelson, Matt Murdock rencontre celui qui se présente comme une de ses vieilles connaissances : George Smith, autrefois connu sous le pseudonyme du Stunt-Master. Il engage les deux avocats pour contester à un jeune cascadeur l'usage de son nom d'emprunt.
Le litige s'annonce compliqué à régler car le casse-cou est sponsorisé par une multinationale, qui a racheté aux anciens producteurs de Smith le droit d'user du nom de "Stunt-Master". Mais quand George se suicide et que son jeune rival prétend être le nouvel "Homme sans peur", Daredevil réagit...
(Extrait de Daredevil #14.
Textes de Mark Waid, dessins de Chris Samnee.)
- (#13-15) Suite à une discussion avec le père de Kirsten, qui prépare la sortie de son autobiographie, Matt Murdock prend une décision radicale concernant sa double identité. Alerté par la maire de San Francisco, Daredevil rencontre la fille du Hibou qui cherche son père.
Le Suaire en profite pour leur tendre un piège qui ébranle les fondations de la nouvelle vie de Murdock et met aussi en danger celles de Kirsten McDuffie et de Foggy Nelson. Pour espérer s'en sortir, le héros n'a d'autre choix que de s'en remettre, à contrecoeur, à son plus puissant ennemi...
Faute d'avoir pu, jusqu'à présent me procurer à un bon prix le volume 2 (West-Case Sceneario) du relaunch de Daredevil par Mark Waid, mais après m'être renseigné sur le contenu des épisodes 6 à 10 qu'il rassemblait, j'ai choisi de me procurer ce tome 3, convaincu que cela ne nuirait pas à sa compréhension.
La fin du run de Mark Waid et Chris Samnee est imminente et on peut déplorer que Marvel n'ait pas publié ce 3ème tome en y incluant les n° 11 à 18, préférant éditer un volume 4 (à paraître cet Automne) bien maigrelet (une centaine de pages). Mais bon, tant pis.
Revenons donc à ce qu'offre le présent recueil. Mark Waid y développe deux histoires distinctes mais axées autour d'un même thème : l'identité.
On le sait depuis la fin du précédent run du scénariste, Matt Murdock a fait son coming-out en révélant publiquement qu'il était Daredevil, entérinant ce qui traversait la série depuis l'époque où Brian Michael Bendis l'écrivait. Cela a eu pour conséquence la radiation du barreau new-yorkais du héros et son déménagement à San Francisco où il a pu ouvrir un nouveau cabinet avec Kirsten McDuffie. Murdock a dû aussi maquiller la mort de Foggy Nelson pour éviter que les ennemis de Daredevil s'en prenne à lui, alors qu'il est encore atteint d'un cancer.
Dans le premier arc de ce recueil, Waid a exhumé un ancien personnage de seconde zone avec le Stunt-Master, à la demande de Chris Samnee qui souhaitait le dessiner. On découvre donc avec perplexité cette intrigue, mais le doute laisse vite place à la jubilation grâce à l'habileté avec laquelle le scénariste s'en sert pour construire une intrigue plus retorse qu'il n'y paraît, riche en rebondissements et en action. Les motivations du bad guy dans cette affaire son originales et interrogent à nouveau, de manière astucieuse, les notions d'identité, de réputation, de notoriété, qui concernent désormais Matt Murdock en tant que Daredevil.
La situation prend une toute autre dimension, plus épique, avec l'arc suivant, qui aboutit à la fois à un cliffhanger redoutable et le retour de l'ennemi le plus emblématique de l'Homme sans peur. Je dois avouer que j'espérais que Waid emploie ce personnage, même s'il me faudra encore patienter pour découvrir comment il va vraiment l'exploiter, mais c'est très prometteur.
Si je ne nomme pas cet adversaire, il n'est cependant pas difficile de deviner de qui il s'agit mais je ne veux pas gâcher la surprise à ceux qui liraient cette critique sans avoir en mains les épisodes concernés. Quoi qu'il en soit, Waid a trouvé un moyen de le convoquer encore plus diabolique que Brubaker, ce qui n'est pas rien.
L'apparition de la fille du Hibou est une addition inattendue et je me demande si cela ne cache pas une autre surprise pour la fin du run de Waid, mais ne spéculons pas trop. Le Hibou lui-même et le Suaire reviennent en tout cas aussi au premier plan après avoir déjà marqué par leurs présences le début des aventures californiennes de Daredevil. Le traquenard monté par Max Coleridge, ses répercussions spectaculaires, apportent un extraordinaire contraste avec le manque d'intensité qu'on pouvait reprocher au recueil Devil at bay.
On peut aussi noter avec quelle intelligence Waid a su donner du relief au personnage de Kirsten McDuffie en évitant d'en faire l'énième nouvelle fiancée de Murdock, et continue de développer le sort de Foggy Nelson. Ces chapitres témoignent de la fraîcheur mais aussi de l'adresse de l'auteur pour manier un héros en se décalant subtilement par rapport à ce à quoi on l'associe facilement : le drame continue d'être présent, mais avec une touche d'aventure qui est grisante.
Ce dosage entre vigueur et raffinement est aussi la signature de Chris Samnee en lequel Waid a trouvé le partenaire idéal : il existe une alchimie rare entre les deux hommes, crédités d'ailleurs comme storytellers et non pas classiquement comme artiste et scénariste.
On comprend avec le récit du Stunt-Master pourquoi Samnee a voulu le dessiner : c'est l'occasion pour lui de produire des planches où son sens de la composition et l'efficacité de son découpage vous sautent aux yeux. Il a visiblement pris un plaisir rare à illustrer cette partie et le lecteur le ressent, avec des séquences vibrantes sur le Golden Gate Bridge de San Francisco ou lors d'une poursuite auto-moto irrésistible.
Samnee continue sur sa lancée avec le deuxième acte de l'album où, encore une fois, il fait preuve d'une inventivité formidable en variant ses effets. Il ose des doubles pages très denses (une vingtaine de plans), des vignettes rondes, des splash-pages avec des inserts : c'est un vrai festival. Mais jamais pour épater la galerie facilement : ces procédés servent toujours l'histoire, en soulignent les temps forts, ménagent des moments plus calmes. Souvent, les trouvailles sont discrètes mais si vous lisez attentivement, c'est brillant (le dîner romantique entre Matt et Kirsten, avec un plan décadré où son visage à lui apparaît dans le reflet d'une vitre et son visage à elle dans le reflet d'un verre de vin, ou une balade nocturne sur la plage avec un baiser en silhouette).
On termine ce tpb avec un sentiment partagé entre l'excitation d'un dénouement proche et qui s'annonce renversant, et la tristesse de savoir que Waid et Samnee quittent la série (ils seront remplacés par le duo Charles Soule-Ron Garney, avec un pitch peu enthousiasmant... Mais la rumeur circule sur une réunion prochaine - une série Black Panther, avec le film en vue, ou le relaunch du titre Black Widow ?). Mais une chose est sûre, le titre de ce recueil ne ment pas dans ce qu'il suggère : après, The Daredevil You Know will never be the same !
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