X-Men #21 conclut l'arc Lord of the Broods. La bonne nouvelle, c'est que, en vérité, ce crossover annoncé avec la série Captain Marvel (elle aussi aux prises avec les Broods) n'en était pas un : vous pouvez lire un titre sans être obligé de vous coller l'autre. La mauvaise nouvelle : ce n'est vraiment pas terrible... Pire : ça n'annonce rien de meilleur.
Après que Jean Grey se soit à nouveau débarrassée de Cauchemar qui a embrouillé les Broods, elle rejoint les X-Men à bord de leur vaisseau dont les passagers étaient tous infectés et ont été éliminés par Synch. Cyclope prend une décision radicale pour régler le problème...
Pour tous les fans de X-Men de ma génération, les Broods renvoient aux épisodes de Uncanny X-Men écrits par Chris Claremont et dessinés par Paul Smith et Dave Cockrum, un story-arc dans l'espace culte à défaut d'être très original (les Broods étaient inspirés par les films Alien de Ridley Scott et Aliens de James Cameron).
Il est à craindre que cela ne parle plus à grand monde mais que Lord of the Broods puisse remplacer le récit originel de Claremont pour de nouveaux et/ou jeunes lecteurs (s'il y en a encore qui lisent des comics aujourd'hui...). Pas sûr qu'on y gagne au change, ni même qu'il ait fallu ressortir les Broods d'où ils se trouvaient (même si Hickman avait amorcé cette histoire développée ces trois derniers mois).
Le poster promotionnel de Fall of X par Bryan Hitch
Cela fait un bon moment maintenant que le staff éditorial et les auteurs de la franchise s'amusent à titiller les fans avec la fin de l'âge de Krakoa. A l'heure qu'il est, cependant, rien n'indique clairement que Fall of X mettra fin à la révolution imaginée par Hickman. Mais rien ne dit le contraire non plus. Et j'ai un mauvais pressentiment.
Avant cela, il y aura la troisième édition du Hellfire Gala (en Juillet) et quelques one-shots annonçant l'event. Gerry Duggan, en sa qualité de chef d'orchestre de la série X-Men, jouera évidemment un rôle non négligeable dans tout ça. Al Ewing, comme d'habitude, va composer avec la situation. Benjamin Percy en profitera pour se complaire toujours un peu plus dans le glauque. Si Spurrier, on s'en fiche, c'est inbitable ce qu'il écrit. Mais ce qui est certain, c'est que Fall of X va être l'occasion pour Marvel de lancer plein de mini-séries dont certainement aucune ne survivra à l'event (même si l'éditeur joue encore la carte nostalgie avec un énième retour d'Alpha Flight). Le fan de X devra avoir la bourse pleine pour acheter et lire tout ça (en plus d'être motivé).
Et c'est déjà le cas avec X-Men par Gerry Duggan. L'arc qui se termine avec ce n°21 n'est franchement pas terrible. Tout paraît expédié, de la manière dont Jean Grey humilie une fois de plus Cauchemar au plan de Cyclope contre les Broods (qui rappelle les heures les plus sombres de Scott Summers, post-Avengers vs X-Men), en passant par le dénouement de l'opération récupération de Knowhere par Forge et Monet.
Duggan, lui-même, semble ne pas croire à ce qu'il écrit, comme s'il voulait vite passer à autre chose. Sans doute est-il surtout pressé d'arriver au Hellfire Gala 2023 au cours duquel il pourra à nouveau modifier la line-up de l'équipe des X-Men... Et ne rien en faire comme d'habitude. Car, honnêtement, les deux premières formations auront brillé par leur absence de caractérisation, entre personnages maintenus à leur poste mais jamais approfondis, aux nouveaux entrants jamais développés. A quoi bon ?
En vérité, cette idée de renouveler l'effectif de l'équipe tous les ans ressemble de plus en plus à un gadget dans les mains d'un scénariste qui n'en fait rien. On n'a pas le temps de s'attacher aux personnages, ceux-ci interagissent très peu, ne sont absolument pas creusés. Qui peut dire ce qu'a apporté Firestar et ce que la série lui a donnée ? Havok a été dégagé à l'occasion du crossover Dark Web sans que ça émeuve personne, Laura Kinney est revenue juste pour que Synch ne soit plus seul, Iceberg ne sert à rien. Et Jean et Scott ont une dispute dans cet épisode qui risque fort d'être peu exploitée.
Duggan, il faut le dire, n'est pas un spécialiste du character's driven. C'est un conteur d'histoires malin, efficace, mais qui échoue depuis Juillet 2021 à animer les X-Men de manière originale. Comparer son oeuvre à celle de Hickman sur ce titre serait humiliant pour lui. Les X-Men ne sont pas devenus les champions mutants protégeant l'humanité comme des ambassadeurs, mais juste une énième équipe, aux missions bien loin de l'objectif visé au départ par Duggan et Marvel. Il symbolise, à cet égard, la dissolution de l'idée de Hickman qui avait conceptualisé les krakoans comme une nation X peu soucieuse d'être désormais appréciée par le reste du monde puisqu'ils étaient de nouveaux dieux. A partir du moment où les X-Men se sont remis à se soucier de leur image, de leur réputation, c'en était fini de l'idée de Hickman.
Ils peuvent affronter MODOK, Orchis, d'autres Mr. Sinistre, les X-Men sont rentrés dans le rang, ont perdu la particularité que leur avait donnés Hickman. Ils sont redevenus banals, vivant des aventures qui souvent développent des idées lancées par Hickman mais sans le génie de ce dernier. Duggan n'a tout simplement pas les épaules pour faire oublier son devancier. Aucun scénariste d'un titre mutant actuellement ne les a, même pas Al Ewing, qui n'a pas réussi à faire de X-Men : Red et d'Arakko des entités à part, étanches.
Les dessins de la série passent aussi entre de trop nombreuses mains. Leinil Yu avait été le compagnon régulier de Hickman quand Duggan a épuisé Larraz, Pina, Cassara, Caselli, Villa., tous incapables de tenir les délais ou à qui Marvel n'a pas voulu confier les clés graphiques de la série (C.F. Villa s'en sort mieux puisqu'il hérite des Avengers dès le mois prochain. Quant à Larraz, je doute qu'il revienne sur un titre X après son escapade chez Millar). Stefano Caselli est un artiste que j'aime bien mais qui est pénible à suivre, comme s'il tenait pas en place ou que Marvel le baladait de titre en titre. Malgré tout je le préfère à Cassara, qui revient le mois prochain. Il fait un bon boulot, sans forcer son grand talent, comme un fill-in de luxe. Dommage. Un vrai gâchis.
Mais au fond ce qui subsiste, chez moi en tout cas, c'est le désintérêt croissant. J'aimerai jurer que je vais aller au moins jusqu'au Hellfire Gala 2023, mais c'est un objectif qui ne me fait pas vibrer (pour les raisons déjà citées). De tous les titres annoncés pour Fall of X, le seul qui m'accroche vraiment (et le seul qui y survivra), c'est le come-back de Uncanny Avengers, par Duggan (qui avait déjà signé un run très bon sur ce titre) et Javier Garron, armé d'un pitch intrigant, et un peu à la marge (entre deux franchises donc). Je redoutais que cela arrive, après le départ de Hickman, mais sans être étonné réellement que ça se produise.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire