Il n'y a pas beaucoup de nouveautés cette semaine et aussi un peu un manque de motivation, je l'avoue. Mais ça ne signifie pas que les mensuels disponibles depuis Mercredi ne sont pas bons. Prenez Rogue & Gambit #2 : c'est une lecture réjouissante, avec deux personnages appréciés des fans des mutants, et que Stephanie Phillips et Carlos Gomez animent avec talent dans une histoire surprenante.
Manifold a téléporté Malicia et Gambit dans le désert californien avant d'être capturé, privé de ses pouvoirs comme les deux mutants. Ceux-ci parviennent à un troquet au milieu de nulle part juste avant que Black Panther arrive pour leur demander des comptes sur la disparition d'Eden Fasi...
La présence de Carlos Gomez, dessinateur que j'aime beaucoup, qui n'est sans doute pas un génie mais un excellent narrateur, au trait expressif et dynamique, au générique de deux mini-séries aussi réjouissantes que X-Terminators et ce Rogue & Gambit est pour beaucoup dans le plaisir de ces lectures.
Lorsque je fréquentais les forums dédiés aux comics, je me souviens d'un intervenant qui avait résumé qu'on venait souvent à un comic-book pour son dessin mais qu'on y restait pour son histoire. C'est assez vrai, mais pas suffisant, en tout cas pas pour moi qui défend depuis toujours l'égale importance d'un auteur et d'un artiste dans la réalisation d'une BD.
Et il me semble que le cas de Carlos Gomez illustre bien ma conception de la chose : c'est parce qu'il est bien servi par des scénaristes que lui-même sert bien que le résultat est convaincant et plaisant. Dans X-Terminators, l'élément comique participait activement à l'affaire, et c'est un peu pareil ici.
Car si Stephanie Phillips déconne moins que Leah Williams avec son girl's band, elle évite soigneusement de livrer un récit trop sérieux malgré des enjeux accrocheurs. Rogue & Gambit, selon la scénariste, c'est à l'évidence une screwball comedy, où un couple, mal assorti mais complémentaire, est embarqué dans une aventure qu'il ne maîtrise pas mais qu'ils s'attachent à résoudre.
Après la page des crédits, on a d'ailleurs droit à une vraie fausse interview de Malicia où elle répond à des questions indiscrètes d'une journaliste sur son couple avec Gambit. Stephanie Phillips se sert de ce subterfuge pour revenir sur les épisodes des séries X-Men et Excalibur/Knights of X où Anne-Marie et Rémy LeBeau vivaient séparés, chacun dans une équipe. Malicia, mal à l'aise, coupe court à l'entretien et le lecteur sent bien qu'il y a eu une petite crise conjugale dû à l'éloignement du mari et de sa femme.
En somme, alors, cette mini-série est l'occasion autant de remplir une mission que de retisser des liens entre Malicia et Gambit. Phillips se montre ingénieuse en mettant en scène Gambit dans le rôle d'un type désinvolte qui avance à reculons dans cette affaire, plus soucieux d'être avec sa femme que de retrouver Manifold et de se battre contre les vilains qui l'ont capturé. Tandis que, de son côté, Malicia veut remplir le contrat que lui a donnée Destinée, quitte à éviter de revenir sur la situation de son couple ces derniers temps.
Quand un troisième élément interfère en la personne de Black Panther, on voit bien que tout se remet, naturellement, en place. Gambit malmené, Malicia vole à son secours. Qu'importe en vérité comment T'challa a retrouvé au milieu de nulle part les deux mutants et pourquoi, de tous les Avengers, c'est lui qui a été envoyé (d'autant plus qu'actuellement, dans le run de Jason Aaron sur Avengers, Black Panther s'est retiré de l'équipe). Lui ou un autre, c'est du pareil au même : il est là pour éprouver la solidarité des deux héros malgré lui.
Sur cette trame qui n'est certes pas d'une rigueur narrative folle, Carlos Gomez fait impeccablement son job, emballant notamment une scène de baston avec beaucoup d'énergie. Il y a une aisance, une facilité chez ce dessinateur, qui mériterait davantage que des mini-séries successives pour être apprécié du plus grand nombre. En même temps, bien que son trait ne se départisse jamais d'un côté très sexy, il valorise les scripts de scénaristes féminines sans vulgarité.
Ce qui est plus curieux, c'est la manière dont Phillips construit ses épisodes : elle sacrifie au quota d'action mais semble musarder, prendre son temps. Il y a une sorte de nonchalance dans sa façon de raconter tout ça qui est un peu curieuse mais pas désagréable. En tout cas, c'est plus frais et moins pointu que ce que produisent Gerry Duggan et Al Ewing respectivement. Et alors que s'annonce l'event Fall of X (où beaucoup d'observateurs prédisent la fin de l'ère de Krakoa), ça fait du bien de lire des histoires mutantes tout simplement bien écrites et dessinées, sans prétention, avant, qui sait, un nouveau grand chamboulement...
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Pour ce numéro, Marvel a fait appel à Olivier Vatine pour une variant cover, très chouette :
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