Et c'est reparti pour Ted Lasso ! La première saison avait été un vrai coup de coeur et je n'ai pas résisté à me plonger dans la deuxième aussitôt après (alors que je voulais faire durer le plaisir). Beaucoup de bonnes nouvelles au menu : on a droit à douze épisodes (au lieu de dix), d'une durée plus longue (atteignant régulièrement les 45' au lieu des 30') et surtout les scénaristes ont davantage creusé les personnages, y compris secondaires, sans négliger les intrigues. Et avec un motif récurrent : le refus d'abandonner, pour le pire comme pour le meilleur...
EVIDEMMENT, IL EST INDISPENSABLE D'AVOIR VU LA SAISON 1
ET DONC CE QUI SUIT SPOILE CE QUI S'EST PASSE PRECEDEMMENT.
Relégué en deuxième division (le Cahmpionship), l'AFC Richmond a très mal démarré sa saison en alignant sept défaites de rang. Pour ne rien arranger, son buteur, Dani Rojas est traumatisé par un incident de jeu. Rebecca Welton recrute une psychologue pour les aider, lui et ses collègues. L'arrivée du docteur Sharon Fieldstone perturbe Ted Lasso qui la voit comme une rivale.
Pourtant, elle obtient des résultats rapides et probants et les joueurs reprennent confiance en eux, ce qui se traduit par de meilleurs résultats sur le terrain. De son côté, Jamie Tartt se fait renvoyer de Manchester City pour avoir participé à une télé-réalité. Sans club, il aborde Ted pour le convaincre de le réintégrer mais celui-ci refuse d'abord. Il en parle au coach Beard et Nate Shelley ainsi qu'à Higgins, qui considèrent que Tartt ne sera pas accepté par l'effectif.
Mais Ted passe outre ces avis et accepte de donner une deuxième chance à Jamie, même s'il lui fait d'abord cirer le banc des remplaçants, histoire de lui apprendre l'humilité. Rebecca décide, elle, de s'occuper davantage de sa filleule, Nora et Roy Kent, qui entraîne une équipe poussin de filles, consent, à la demande de Keeley, à accepter un poste de consultant sportif à la télé.
Noël arrive : Roy et Keeley s'occupent de Phoebe, la nièce de Kent ; Higgins reçoit comme chaque année des joueurs du club éloignés de leur famille mais cette fois c'est toute l'équipe qui débarque. Loin des siens, Ted est réquisitionné par Rebecca pour distribuer avec elle des cadeaux à des enfants nécessiteux.
Nate demande conseil à Keeley et Rebecca pour changer son image maintenant qu'il est coach adjoint de l'équipe. Ted, alerté par Beard des contre-performances de MacAdoo, leur nouveau capitaine, sollicite l'aide de Roy Kent qui comprend que le terrain lui manque et quitte son poste de consultant pour intégrer le staff de Richmond, au grand dam de Nate. Et de Jamie.
Tandis que Rebecca reçoit la visite de sa mère, une nouvelle fois brouillée avec son père, l'équipe affronte Tottenham en 1/4 de finale de la Coupe d'Angleterre. Ted quitte subitement le terrain au cours du match et Nate applique une tactique qu'il a mise au point qui conduit Richmond à une victoire inattendue. Les médias le portent aux nues tout en s'interrogeant sur ce qui est arrivé à Ted.
S'y prenant à plusieurs fois, à contrecoeur, Ted finit par se confier au Dr. Fieldstone et lui raconte avoir perdu son père, qui s'est suicidé, quand il avait 16 ans. Depuis, il ne lui a pas pardonné et réprime son chagrin et ses angoisses, de plus en plus difficilement récemment à cause de la pression médiatique et sportive. De son côté, Nate commence à prendre la grosse tête et Roy comprend qu'il doit laisser plus d'espace à Keeley pour le bien de leur couple.
Keeley a décroché pour le club depuis quelque temps un nouveau sponsor, BantR, une application de rencontres en ligne. Joueurs et personnel doivent en faire la promotion et c'est ainsi que Rebecca découvre qu'elle correspond avec un membre de l'équipe, Sam Obisanya. Richmond affronte Manchester City en 1/2 finale de la Cup et reçoit une correction terrible.
La même nuit, Beard erre en ville avec trois supporters à qui il fausse compagnie en suivant une femme chez elle. C'est le début d'une suite de mésaventures cauchemardesques qui lui font comprendre son erreur d'avoir rompu avec Jane Payne, qu'il rejoint dans un night-club.
Le père de Rebecca meurt et toute l'équipe assiste aux funérailles. Ted, pris d'une nouvelle crise d'angoisse, appelle le Dr. Fieldstone et trouve grâce à elle la force de rejoindre la cérémonie. Rupert Mannion est également là avec le bébé qu'il vient d'avoir avec Bex...
Après un hat-trick (3 buts marqués en un seul match), Sam Obisanya est approché par le milliardaire ghanéen Edwin Akufo qui vient de racheter le Raja Casablanca pour lequel il souhaite recruter les meilleurs joueurs africains à prx d'or. Rebecca craint qu'il ne s'en aille. Nate, lui, exaspéré que les joueurs et les médias sous-estiment ses efforts au sein du staff, révèle à Trent Crimm, un journaliste que Ted souffre de crises de panique.
Le dernier match de la saison s'annonce mal alors que Richmond a l'opportunité de réintégrer la Premier League. Ted assume ses problèmes devant les médias et apprend qui l'a trahi, mais ne se venge pas car l'équipe le soutient. Au terme de deux mi-temps épiques, le club gagne son ticket pour la première division et Sam décide de rester à Richmond. Nate, lui, s'en va et est embauché par Rupert pour entraîner West Ham qu'il vient d'acquérir.
Bon finalement, je vous ai rédigé un résumé complet. J'ai pris des notes, autant qu'elles servent, et comme je sais que généralement les critiques de séries télé sont les moins lues de ce blog, ça ne fera pas de grosses différences si je raconte tout. Ce n'est pas un reproche que j'adresse, après tout je n'aurai sans doute pas dû appeler ce blog Mystery Comics si c'était pour yn parler aussi ciné et séries télé.
Mais il faut bien avouer que cette semaine de comics n'a pas été satisfaisante. Déçu par mes lectures, j'ai trouvé davantage mon compte en suivant cette saison 2 de Ted Lasso, d'autant plus qu'elle compte deux épisodes de plus que la précédente, et que la majorité de ces épisodes sont plus longs - on est passé d'un format sitcom (25-30') à quelque chose de plus standard (40-45'). Et le mieux, c'est que c'est réussi.
Souvent, quand un show tient une formule gagnante, ses auteurs ne voient pas le besoin d'évoluer, mais ceux de Ted Lasso ont visiblement de l'ambition et ont saisi l'occasion d'aller plus loin que la comédie reposant sur l'argument simple et efficace d'un coach de football américain qui prend la tête d'un club de foot anglais. Cette saison 2 explore davantage la psychologie des personnages, y compris secondaires, construit des intrigues plus fouillées, offre quelques pics narratifs et promet une saison 3 bien relevée. Tout n'est pas parfait, mais comme l'équipe créative de la série le prouve ici, tout est perfectible.
On avait laissé l'AFC Richmond sur une défaite cruelle qui la reléguait en deuxième division, le championship anglais (ce qui réjouit quand même le coach Lasso qui trouve ça épatant d'appeler championship une ligue inférieure). Evidemment, on trouve d'abord irréaliste que aucun joueur du club n'ait quitté l'effectif pour rester dans l'élite, et plus encore que Rebecca Welton (Hannah Waddingham en mode MILF à fond) maintienne son club à flot financièrement alors que le club a perdu de sa valeur marchande. On peut aussi s'étonner que Lasso n'ait pas remis sa démission ou ait été remercié pour défaut de résultat. Mais baste !
Prenons tout ça, mettons dans un sac et oublions-le : Ted Lasso n'est pas un documentaire aspirant à être crédible, c'est une série télé, un divertissement, optimiste, ludique, qui peut donc se permettre d'écarter ce genre d'éléments. Il ne les écarte pas complètement du reste puisque Keeley Jones (Juno Temple, craquante) trouve un sponsor pour l'AFC Richmond avec l'application de rencontres BantR (un pastiche de Tinder), à même de renflouer les caisses, et Rebecca Welton, on le sait, dispose d'une solide fortune personnelle.
Les premiers épisodes voient quelques protagonistes de la saison 1 à la périphérie du club : Jamie Tartt (Phil Dunster toujours imparable) le buteur tête à claques participe à une télé-réalité qui lui vaut d'être renvoyé de Manchester City, Roy Kent a pris sa retraite pour entraîner des fillettes avant de devenir consultant à la télé (à contrecoeur). Une partie des premiers épisodes va donc consister à justifier le retour de ces deux hommes au sein de l'AFC Richmond et c'est fait assez habilement. Mais on remarque surtout que la série ne joue pas tant la comédie que ça malgré tout.
En effet, Richmond est en mauvaise posture, perdant plusieurs matchs et même leur mascotte dans des circonstances là pour le coup franchement burlesques mais traumatisantes pour les joueurs. Ted est impuissant face à ces revers. L'introduction du docteur Sharon Fieldstone (Sarah Niles, parfaite) va apporter au club et à la série elle-même un ressort bienvenu car Ted n'apprécie guère l'intervention d'un psy. Pourtant, Sharon va s'imposer et surtout révéler à pratiquement tout le monde qui il est, ce qu'il apporte au club, appuyer où ça fait mal. On peut affirmer qu'avec elle Richmond et ceux qui l'animent vont tomber les masques et se mesurer à leur plus sérieux adversaire.
Même si Nate (Nick Mohammed, suprenant), l'ex-intendant du club devenu coach adjoint, ne consultera pas Sharon, c'est sans doute lui qui va le plus impacter la course à la remontée en Premier League de Richmond. L'arc qui le concerne est redoutablement bien fichu, transformant ce personnage sympathique, attachant, en type franchement détestable, jaloux, orgueilleux. La fin de la saison annonce un duel prometteur en l'élève et le maître.
Le casting étant fourni, on doit s'attendre à ce que tous ne bénéficient pas du même traitement. Cependant, il y a un effort remarquable pour caractériser plus subtilement certains, comme le coach Beard (Brendan Hunt, drôlissime) dans un épisode qui lui est entièrement consacré et qui est un hommage explicite à After Hours (Martin Scorsese, 1985), ou encore Higgins (Jeremy Swift, impayable) avec l'épisode de Noël. La romance entre Rebecca et Sam Obisanya (Toheeb Jimoh, lumineux) profite davantage à ce dernier en termes d'exposition puisqu'il est aussi au centre d'un épisode quand il est convoité par Edwin Akufo (l'occasion aussi de bien rigoler quand celui-ci cite le PSG comme un grand club européen au même titre que le Barça...).
En revanche, j'espère que la saison 3 sera l'occasion pour les scénaristes de nuancer Roy Kent (Brett Goldstein, un peu livré à lui-même), trop réduit à son tempérament ombrageux, s'exprimant par des grognements un peu pénibles à la longue, ou Jamie Tartt, qui s'est racheté de sa saison 1 (et qui pourrait bien troubler à nouveau Keeley) mais mérite d'être encore plus creusé (notamment après la scène très forte qui l'oppose à son père).
Le point d'orgue de la saison est, à tout seigneur tout honneur, réservé à Ted Lasso (Jason Sudeikis est encore une fois épatant) lui-même. C'est avec lui qu'on mesure vraiment à quel point cette saison va loin, ose et émeut davantage. On s'en doutait, mais derrière sa moustache et son sourire, il y a des fêlures profondes, bien plus douloureuses que son divorce dans la saison 1. Lorsqu'il confie à Sharon la raison derrière ses crises de panique, avec l'histoire sur le suicide de son père, on ne rigole plus du tout et on aime encore plus ce personnage, plus seulement pour sa position improbable, ou sa bonne humeur à toute épreuve, ou le décalage qu'il incarne entre la culture américaine et celle des britanniques, mais parce qu'il fend l'armure. Et nul doute que les auteurs ne vont pas s'arrêter là puisque the cat is out the bag maintenant - on imagine ainsi facilement que Nate va instrumentaliser les faiblesses de son ex-boss dans leurs prochains affrontements...
On dit souvent pour un chanteur que le deuxième album est plus compliqué que le premier car il est plus attendu. C'est pareil pour une série télé, et Ted Lasso confirme son statut de show résolument à part, d'abord par son argument de base, mais aussi, et c'est encore mieux, par sa maturité. Du coup, c'est toujours aussi feel-good, mais en plus c'est devenu émouvant.
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