Alors qu'on fête le 85ème anniversaire de la première parution de Superman (dans les pages d'Action Comics), Joshua Williamson et Jamal Campbell achèvent déjà le premier arc du relaunch qu'ils ont initié sous la bannière Dawn of DC. A l'image de ce récit rondement mené, cet épisode fonce pied au plancher tout en ayant mis en place un subplot accrocheur amené à se développer dès le mois prochain.
Superman, contaminé par le Parasite et ses clones, libère Lex Luthor de sa cellule de prison, dépassé par la situation. Ils délivrent également Livewire et partent pour le siège de SuperCorp où ils attirent tous les clones de Parasite et ce dernier afin de le piéger...
Le moins qu'on puisse dire, c'est que ça n'a pas traîné. On n'est plus habitué à ces arcs narratifs courts, mais Joshua Williamson a imprimé sa marque ainsi sur cette relance de Superman, avec efficacité et ingéniosité.
D'aucuns pourront dire que c'est limite expédié, précipité, mais en vérité l'histoire arrive à son terme sans être bâclé, et ayant posé de nombreuses choses, qui redéfinissent le titre et son héros. Williamson a en effet donné une dynamique nouvelle (sinon inédite ?) à la série en s'appuyant pourtant sur Superman lui-même et son ennemi de toujours, lex Luthor.
Ce qui est amusant, c'est que, au même moment, chez Marvel, on assiste à un mouvement semblable entre Spider-Man et Norman Osborn. Mais ici, c'est dès le départ que Williamson instaure cette relation en s'inspirant d'une situation mise en place non par lui mais par Philip Kennedy Johnson dans Action Comics.
Car, je le rappelle, Lex Luthor a torturé et tué le magicien Manchester Black pour jeter un sort au monde entier. Désormais, plus personne ne se souvient que Superman est Clark Kent et ceux qui chercheraient à relier les deux individus en mourront. Seuls quelques personnes savent encore qui est l'alter ego du kryptonien (sa femme Lois Lane, son fils, la Super-family, Batman...). Luthor n'a pas échafaudé ce plan pour tuer mais pour protéger le man of steel, convaincu qu'en ayant dévoilé son identité secrète, il s'est trop exposé et que c'est de Superman que le monde a besoin.
Malgré tout, Superman a fait enfermer Luthor. Mais celui-ci n'en est pas resté là car il est aussi persuadé que Superman a besoin d'être soutenu dans ses efforts : la Lexcorp est devenue la SuperCorp, avec un personnel et des moyens énormes à sa disposition. Evidemment Supes se méfie...
Avec cette bataille contre le Parasite dont une bande de savants fous a tiré des milliers de clones miniatures, le héros de Metropolis a été testé et surtout, comme l'escomptaient ces conspirateurs, a dû se rapprocher de Lex pour l'emporter. A la fin de l'épisode, on comprend deux choses essentielles : Lex sait que ce qui vient de se passer avec le Parasite n'est qu'un avant-goût de menaces plus grandes et que le vrai méchant derrière tout ça prépare effectivement la suite.
Williamson établit un rapport complexe et captivant entre Luthor et Superman, où, pour la première fois peut-être, on sent que le premier ne cherche pas à piéger le second mais bien à nouer une alliance pour un bénéfice commun et supérieur (car Lex comme Supes veut protéger Metropolis). C'est un peu comme si demain Daredevil collaborait avec le Caïd sans que celui-ci ne veuille sa mort ou que Norman Osborn aidait Spider-Man sans arrière-pensée. J'aime bien ce concept qui fait, pour le coup, du très bon neuf avec du très ancien.
Et puis Williamson a élaboré un vrai bon subplot, comme, là encore, on n'en a plus l'habitude. Ce Doctor Pharm, son frère et leurs complices manoeuvrent dans l'ombre de manière intelligente, comme lorsque Jason Wyngarde/le Cerveau complotait pour asservir Jean Grey dans la saga du Phénix noir dans X-Men. J'ignore sir le scénariste fera aussi bien que Claremont, sur une aussi longue durée, avec un dénouement aussi spectaculaire, mais avec un personnage comme Superman, sa rogue gallery, sa nouvelle relation avec Luthor, il y a moyen de réussir quelque chose de très fort.
En plus, Williamson a avec lui un dessinateur de très bon niveau : Jamal Campbell fait partie de ces nouveaux talents qui ont le potentiel pour devenir une star. Il est productif (pas autant que Byrne avec Claremont, mais au moins il tient les délais), il a une technique très solide, un style identifiable.
Ses planches ont l'énergie requise pour cette narration au rythme soutenu, qui fait la part belle à l'action mais nécessite aussi de l'expressivité. Campbell flirte avec le cartoony dans sa représentation de Clark Kent, qu'il représente massif et profondément humain. Quand il passe à Superman, il n'a pas besoin de jouer la carte sombre que les films de Snyder ont voulu imprimer au héros et qui a parfois déteint sur les comics (même si les runs de Peter J. Tomasi et de Brian Michael Bendis avaient déjà une tonalité positive). Toutefois, Superman par Campbell a une sorte de rondeur que ne lui avaient pas donné dans leurs dessins Patrick Gleason, Doug Mahnke ou Ivan Reis, sans doute par Campbell assume aussi la colorisation et dose son trait en fonction. Même si c'est donc un rendu plus numérique que ses prédécesseurs, le résultat n'est jamais froid ou artificiel.
Pour moi, donc, c'est un sans faute. J'espère que ça va continuer comme ça, et je ne vois pas de raison pour que ça change. Williamson comme Campbell ont l'air d'être lancés avec une vision claire et nette du héros, de la série. Et je pense plus aboutie, plus originale aussi que dans Action Comics. L'octogénaire kryptonien a encore de beaux jours devant lui.
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