Opportunément mise en ligne avant Noël, la troisième saison de Emily in Paris sur Netflix a, comme les précédentes, fait un carton, séduisant même des critiques qui, jusque-là, n'appréciaient pas la série créée par Darren Starr. Même si ces dix nouveaux épisodes jouent (un peu) moins avec les clichés de la vie dans la capitale française au profit de personnages plus creusés, j'ai trouvé le résultat pourtant moins efficace.
Sylvie Grateau renvoyée l'agence Savoir par Madeline, Emily ne sait qui suivre, entre rester fidèle à sa mentor américaine ou son ex-chef française. Si bien qu'elle se trouve à travailler pour les deux jusqu'à ce que Luc révèle la vérité à Sylvie qui la renvoie après un dîner à la Tour Eiffel où elle négociait avec un client d'Emily et où Madeline les a surprises. Alfie, lui, est obligé de rentrer à Londres.
Désireuse de se racheter auprès de Madeline qui vient d'accoucher, Emily doit la soutenir lorsqu'elle menace Sylvie d'un procès si elle cherche à récupérer des clients de l'agence Savoir en vertu d'une clause de non-concurrence dans son contrat. Emily découvre ensuite que Alfie est devenu le directeur financier de Maison Lavaus tandis que Pierre Cadault quitte Sylvie pour vendre sa marque au groupe de luxe JVMA.
Sylvie veut reprendre les locaux de l'agence et, avec la complicité du concierge de l'immeuble qui les abrite, rend la vie insupportable à Madeline. Mindy décroche un contrat au cabaret La Trompette Bleue, mais sans Benoît. Alors que Emily a profité de la Fête de la Musique pour déclarer sa flamme en public à Alfie, Madeline lui annonce que le groupe Gilbert ferme leur antenne à Paris et qu'elles rentrent donc à Chicago. Mais la jeune femme démissionne pour pouvoir rester.
Sans emploi, Emily tient un vlog sur Paris qui devient très suivi. Gabriel, lâché par un de ses serveurs, la recrute provisoirement, mais doit la remercier aussi vite suite à un incident en salle avec un client. Grâce au soutien de Luc et Julien, Emily est embauchée par Sylvie qui la veut pour s'occuper de la prochaine campagne du champagne produit par la famille de Camille. Cette dernière expose une artiste grecque, Sofia, qui la drague ouvertement.
Alfie loue un appartement à Paris et lors de la pendaison de crémaillère Emily surprend sur le toit-terrasse Sofia et Camille échangeant un baiser langoureux. Au même moment, à cette fête, Mindy croise une vieille connaissance, Nicolas de Leon, fils du patron du groupe JVMA, ce qui rend jaloux Benoît. Celui-ci ne tarde pas à rompre. Emily s'emploie à faire la promo de l'agence de Sylvie pour une liste de personnalités dans Le Monde, mais c'est elle que la journaliste met en couverture.
Emily et Gabriel accompagnent Alfie en provence où Antoine Lavaux s'apprête à commercialiser sa nouvelle fragrance. Mais le parfum s'avère invendable car le mélange des senteurs a tourné. Gabriel emmène Emily dîner dans un restaurant étoilé où le chef les prend pour un couple. De retour auprès d'Antoine, Emily lui suggère une solution pour son parfum avant la réception qu'il donne pour le présenter. Ce jour-là, Erik quitte Sylvie après l'arrivée inattendue de Laurent, son mari. En Grèce, Camille et Sofia entament une liaison.
Camille absente, Alfie reparti à Londres (pour voir sa mère), Alfie passe la soirée avec Gabriel et accompagne Mindy qui a rendez-vous avec Nicolas de Leon. Celui-ci confie à l'américaine qu'il est excédé par les caprices de Pierre Cadault qu'il songe à licencier pour le remplacer par un autre styliste. Emily promet de parler au couturier, puis s'éclipse avec Gabriel. Il lui confie que son couple bat de l'aîle et soupçonne que Camille fréquente quelqu'un d'autre. Le lendemain, Emily convie Cadault à un lunch avec Nicolas et Sylvie mais il se fait renverser par une voiture en traversant pour les rejoindre.
Cadault se rétablit dans une clinique privée où Sylvie et Emily lui apprennent que Nicolas va le remplacer par son rival, Gregory Dupree. Une présentation publique va avoir lieu le soir-même pour officialiser cela. Jugeant cela injuste, Sylvie et Emily font croire que Cadault est mort, ce qui gâche l'évenement avant que le couturier ne surgisse pour révéler aux invités la manière dont le groupe JVMA l'a traité. Nicolas est humilié devant son père et Mindy. Emily, de retour chez elle, croise Gabriel très heureux et qui lui annonce avoir parlé avec Camille qu'il a l'intention d'épouser !
Alfie est de retour mais Emily apprend qu'il n'a pas parlé d'elle à sa mère, ce qui la trouble. Julien présente son projet à un client et Emily propose sans l'avoir averti d'y impliquer Gabriel et Camille. Julien pense alors à démissionner, excédé par sa collègue. Finalement, faute d'obtenir la participation de Gabriel et Camille, qui continue de voir Sofia en cachette, Emily convainc Alfie de devenir avec elle les visages de la pub de ce client. Mindy tente de réconcilier Nicolas avec Emily, sans succès, juste avant que Benoît lui annonce qu'ils sont sélectionnés pour représenter la France à l'Eurovision.
Gabriel impose à Antoine un nouveau partenariat pour leur restaurant car le jeune chef veut gagner une étoile au guide Michelin. Luc contacte une de ses ex, Marianne, critique gastronomique, pour l'aider. Sylvie apprend que Laurent va ouvrir un club à Paris, financé avec JVMA. Gabriel propose à Camille de l'épouser lors d'un week-end chez ses parents à l'occasion de la présentation de leur nouveau cru de champagne. Mais Camille décline en expliquant qu'elle sait que Emily et Gabriel s'aiment toujours. Alfie se retire. Gabriel et Emily sont désemparés, mais lui encore plus qu'elle car il a appris que Camille était enceinte.
Emily in Paris est un guilty pleasure, un plaisir coupable : j'aime regarder cette série tout en ne l'assumant pas complètement. Les deux premières saisons de la création de Darren Starr étaient une friandise acidulée jonglant avec les clichés de la vie parisienne à travers les yeux d'une jeune et jolie américaine. On pouvait accepter la caricature avec le sourire, ou lever les yeux au ciel devant un spectacle aussi sucré.
Ce qui faisait pencher la balance en faveur de la série, pour moi en tout cas, c'était le ton employé. Car si le téléspectateur pouvait ressentir une certaine honte à dire qu'il regarder Emily in Paris, les auteurs eux faisaient feu de tout bois et proposaient un divertissement coloré et léger où le réalisme n'avait rien à faire. Autant reprocher à une comédie musicale ses numéros chantés ou son idéalisation des situations !
En mettant en ligne la quatrième saison juste avant Noël, Netflix visait un public déjà gavé de bluettes hivernales tout en promettant que ces dix nouveaux épisodes seraient un peu moins too much, que les personnages y traverseraient de épreuves plus intimes - bref, que Emily in Paris serait plus mature.
Il faut tout de suite dissiper ce malentendu : ce n'est pas absolument pas le cas. Emily in Paris reste invraisemblable au possible et pour s'en convaincre, il suffit de voir les looks arborés par les personnages défilant dans les rues (impeccables) de Paris, tous beaux, chics, glamours. La capitale n'est filmé que son meilleur jour, il ne pleut jamais, on ne voit aucun chantier, les clients comme les serveurs sont souriants et aimables, et nos héros continuent à s'aimer sans se le dire comme si toute leur vie ne tournait qu'autour des affaires de coeur sans aucun souci d'ordre matériel.
On cherche en vain un antagoniste de taille qui viendrait faire dérailler ce manège et on croit le tenir avec l'horripilante Madeline en début de saison, campée par une Kate Walsh parfaitement insupportable. Mais elle quitte vite la scène à la fin du troisième épisode, fermant l'agence Savoir et rentrant à Chicago.
Plus coriace, le personnage de Nicolas de Leon, père d'un milliardaire qui s'inspire ouvertement de Bernard Arnault, va jouer les trouble-fête entre Mindy et Emily, mettant sur la touche Pierre Cadault, et dans le pétrin Sylvie Grateau à au moins deux reprises (à cause de Cadault justement, puis quand il s'avère être le partenaire financier du projet de club de Laurent). Mais là encore, tout est bien qui finit bien puisque, à la fin de la saison, il se réconcilie avec Emily. Il faudra attendre la saison 4 (d'ores et déjà commandée) pour savoir si ce rabibochage durera car Mindy est sur le point de suivre Benoît dans une histoire croquignolesque (chanter à l'Eurovision - moment culte en perspective) et que Laurent ignore tout de la bisbille entre Sylvie et JVMA.
C'est un peu le problème de cette saison que de tenter des choses supposées bousculer l'ordre établi sans oser aller jusqu'au bout. On a le sentiment d'épisodes de transition, qui préparent le terrain pour la suite. Exemple flagrant avec la liaison entre Camille et Sofia qui déjà est maladroitement amenée et surtout ne semble avoir été imaginée que pour justifier la rupture entre Camille et Gabriel dans un dénouement trop fourni et qui, à force de vouloir précipiter les choses, les noie (entre les fiançailles plantées, la possibiltié de ganger une étoile Michelin, la grossese de Camille, le départ de Alfie, c'est trop).
Emily in Paris a perdu beaucoup de ce qui faisait son charme dans ces dix épisodes, comme si en voulant convaincre les critiques acides, la série avait perdu ses fondamentaux. On ne gagne jamais rien à vouloir conquérir les railleurs ni à donner aux fans ce qu'ils exigent. Il faut qu'une série existe et avance comme elle l'entend, en suivant sa musique et pas en lisant une autre partition qui ne satisfait ni les analystes ni les fans. D'ailleurs, on a plus d'une fois l'impression que Emily n'est plus là que pour faire briller les autres et, alors excentrée, la jeune et jolie américaine subit trop et n'amuse plsu autant. Dommage.
Le vrai bonheur est donc à trouver au second plan, avec des personnages comme Julien (qui évolue bien sur la fin), Luc (toujours très drôle) et surtout Sylvie à qui Philippine Leroy-Baulieu donne toute sa classe naturelle. C'est elle, la reine du show, celle autour de qui le plus intéressant gravite. L'actrice resplendit et réussit à concilier dérision et présence. Lucien Laviscourt incarne aussi Alfie avec subtilité, d'abord agaçant et puis plus fin, attachant, complexe qu'il n'y paraît. Camille Razat gagnerait à ce que les scénaristes creusent davantage son rôle car elle devient aussi plus troublante.
Et Lily Collins ? Hé bien, elle est égale à elle-même. La comédienne porte la série avec enthousiasme mais c'est plutôt ce que les auteurs lui écrivent qui frustrent car elle paraît réduite, sinon condamnée à être en permanence ramené à son attirance avec Gabriel. Lucas Bravo qui le joue a d'ailleurs osé exprimé en interview qu'il préférait pourtant la #teamalfie pour dire que la série fonctionnait mieux en ne misant pas tout sur la romance entre Emily et Gabriel mais davantage sur la tension et l'incertitude entre eux.
En conclusion, j'ai donc été partagé sur cette saison 3. Emily in Paris est une série fraîche et amusante, mais que je préfére quand elle assume sa nature enjôleuse plus que quand elle ambitionne d'être moins caricaturale et à l'eau de rose. Maintenant, les cartes étant tellement rabattues au terme de ces dix épisodes, tout est possible pour la saison 4.
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