Bullet Train est un vrai popcorn movie, un divertissement volontiers régressif mais qui l'assume et c'est pour ça qu'il est si drôle. David Leitch, le réalisateur, qui avait déjà signé Deadpool 2, sait ce qu'il fait : cet ancien cascadeur nous en met plein la vue sans se prendre au sérieux, dirigeant une troupe de comédiens qui s'amuse visiblement beaucoup.
"Coccinelle" est un tueur à gages qui accepte, à contrecoeur, un contrat que devait remplir un collègue, Carver, représenté comme lui par Maria Beetle : il doit récupérer dans le train à destination de Kyoto une mallette remplie d'argent. Coccinelle redoute que sa malchance le poursuive et il n'a pas tort car le train est rempli d'assassins lié par leurs relations avec un parrain russe surnommé "la Mort Blanche".
"La Mort Blanche" a ainsi recruté deux tueurs, "Citron" et "Mandarine", pour lui ramener son Fils kidnappé par un gang rival, et la mallette contenant la rançon. C'est cette mallette dont doit s'emparer Coccinelle et quand ses deux collègues s'aperçoivent qu'il l'a volée, ils découvrent en revenant à leurs places que le Fils a été empoisonné.
Celle qui tué le Fils est "le Prince", la propre fille de la Mort Blanche, désirant se venger de ce père qui l'a ignorée depuis toujours. Elle maîtrise ensuite Yiuchi Kimura, dont elle blessé le fils, et dont elle compte se servir pour approcher la Mort Blanche pour le piéger.
Cependant, Coccinelle s'apprête à quitter le train au prochain arrêt. Mais il en est empêché par "le Loup", un autre tueur, qui monte dans le train au même moment et qui l'accuse d'avoir empoisonné sa femme et les invités de son mariage. Les deux hommes s'affrontent et Coccinelle réussit à éliminer son rival. Mais le train est reparti. Coccinelle cache le corps du Loup dans le bar du train et dissimule la mallette avant de prévenir Maria Bettle de la situation.
Citron et Mandarine se séparent pour retrouver la mallette et tuer celui qui l'a volée. Coccinelle tombe alors sur "le Frelon", une autre tueuse, qui a commis l'empoisonnement au mariage du Loup. Coccinelle parvient à la supprimer avec la seringue remplie de poison qu'elle lui destinait. Mandarine le surprend et devine qu'il est le voleur de la mallette car il l'avait croisé dans le compartiment juste avant que celle-ci ne disparaisse. Les deux hommes se battent jusqu'à l'extérieur du bar.
Le train s'arrête et Coccinelle pousse Mandarine sur le quai. Au même moment, à une autre porte, l'Ancien monte à bord et part à la recherche de Yiuchi, son fils. Celui-ci et le Prince croisent Citron, toujours à la recherche de la mallette et du voleur, et qui, intrigué par ce couple, se met à les soupçonner. Le Prince lui tire dessus après que Citron ait touché par balles Yiuchi. Elle cache les corps des deux hommes dans le toilettes. Coccinelle observe la scène avant que l'Ancien ne croise le Prince, ne la dépasse et ne trouve les corps des deux hommes à son tour. Le train arrive à son terminus.
Suivant le conseil de Maria Beetle, Coccinelle en descend et remet la mallette aux hommes de main de la Mort Blanche, qui, lui, monte dans le train où il est défié par l'Ancien. Les sbires du parrain ouvrent la mallette qui explose. La déflagration projette Coccinelle dans le train à bord duquel Mandarine a réussi à grimper à nouveau et qu'il remet en marche. Tandis que la Mort Blanche et l'Ancien se battent. Coccinelle et Mandarine s'allient pour éliminer la garde rapprochée du parrain. Une balle perdue endommage les commandes du train qui déraille et dévaste un village. La Mort Blanche meurt, Mandarine et le Prince s'entretuent en étant éjectés. L'Ancien a survécu. Maria Beetle arrive sur place pour exfiltrer Coccinelle.
A l'origine, Bullet Train est un roman de Kotara Isaka, inscrit dans une collection ayant l'agent de tueurs Maria Beetle comme personnage récurrent. Il n'est donc pas exclu, vu le succès rencontré par le film (dont le budget a été modeste pour une production pareille et qui a été largement rentabilisé en salles), qu'il s'agisse du premier volet d'une franchise.
Zak Olkewicz a adapté ce livre avec une efficacité redoutable si on en juge par le rythme effrené du récit, au diapason de la vitesse de ce fameux train (l'équivalent de notre T.G.V. au Japon). Plus l'histoire progresse, plus les passagers se font rares dans le véhicule. Le seul qui reste malgré lui alors qu'il aimerait tant en descendre, c'est le fameux Coccinelle (Ladybug en vo), un tueur poissard qui accepte un contrat "facile" pour remplacer un collègue malade (le nommé Carver incarné le temps d'un plan par Ryan Reynolds, ami du réalisateur qui l'a dirigé dans Deadpool 2).
Ces passagers semblent ne rien voir durant le trajet qu'ils effectuent des réglements de comptes entre assassins qui se déroulent entre deux compartiments. Et quand il n'y a plus un seul civil innocent dans le train, ne restent plus que les tueurs ayant survécu. Tous sont liés, sans le savoir, à un même homme, un parrain russe qui détrôna un chef des triades autrefois et qui a hérité du surnom de la Mort Banche.
La manière dont cela est dévoilé est très bien amenée. Mais le film de David Leitch déborde parfois inutilement de personnages qui arrivent trop opportunément dans l'intrigue. Les meilleurs exemples sont le Loup et le Frelon, qui pour le coup n'ont rien à voir avec le reste. Le Loup a pisté Coccinelle pour se venger car il le croit coupable d'avoir empoisonné sa femme et les invités de son mariage alors qu'en vérité il s'agit du Frelon... Qui débarque peu après sans qu'on sache franchement ce qu'elle fiche là puisqu'elle semble surprise de trouver Coccinelle à bord. Mais peut-être voulait-elle finir le travail en tuant le Loup ?
Les connections entre Citron, Mandarine, le Prince, l'Ancien, Yiuchi et la Mort Blanche tissent un réseau complexe mais qui est clairement expliqué. Cela rend encore plus drôle et pathétique la situation de Coccinelle qui croit vraiment que sa malchance le poursuit. Alors qu'en vérité cette poisse terrible est ce qui le sauve jusqu'au terminus. En fait, le principe est simple : quand il souhaite échapper aux ennuis, ils lui tombent dessus comme une pluie de grêlons, mais quand il les affronte sa scoumoune s'abat sur ses adversaires ou les éléments qui pourraient lui causer du tort (à lui ou à ses amis).
David Leitch a débuté à Hollywood il y a plus de vingt ans en étant la doublure cascade (sur Fight Club, de David Fincher) de Brad Pitt : cela lui donne deux atouts - le premier est qu'il sait parfaitement mettre en scène un fim d'action aussi survolté mais sans se prendre au sérieux, en n'ayant pas peur d'exagérer (à l'image du déraillement final, complétement fou). Le second, c'est d'être familier avec un énorme star qui lui fait confiance.
Brad Pitt est un excellent acteur de comédie pour qui a vu Burn after reading des frères Coen (2008) où il campait un abruti ahurissant. Mais peu de cinéastes ont décelé ce potentiel chez lui. Ici, il est irrésistible en tueur guignard mais coriace, doté d'un look improbable avec ses lunettes de vue et son bob ringard, qui rechigne à faire du mal depuis qu'il a fait une retraite spirituelle.
Il est impeccablement entouré, même si ses partenaires sont inégaux. Parmi les meilleurs, on trouve le tandem formé par Brian Tyree Henry et Aaron Taylor-Johnson, deux assassins qui ne cessent de se chamailler en évoquant un programme pour enfants. Michael Shannon arrive tard dans l'histoire mais s'impose sans problème en parrain implacable. Et Hiroyuki Sanada est toujours aussi charismatique.
Par contre Joey King est une starlette interchangeable. Et Zazie Beetz n'a guère le temps d'exister dans la scène où elle apparaît. Sandra Bullock intervient à la toute fin et elle a le visage tellement figé (par la chirurgie plastique) qu'on a l'impression de voir une doublure avec un masque. Channing Tatum a un caméo qui fait croire qu'il a un rôle plus développé mais il n'en est rien.
Bullet Train aurait gagné à être délesté de quelques wagons, mais son swing, son humour et son impayable héros rattrapent ces quelques kilos en trop.
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