vendredi 18 juin 2021

HELLFIRE GALA, CHAPITRES VII - VIII : X-CORP #2 (Tini Howard / Alberto Foche) - NEW MUTANTS #19 (Vita Ayala / Alex Lins)


Cette troisième semaine de parution du Hellfire Gala se poursuit avec X-Corp #2, écrit par Tini Howard et dessiné par Alberto Foche.


Pour Monet St. Croix et Warren Worthington III, le gala est l'occasion pour rencontrer des candidats désireux d'intégrer le conseil d'administration de l'entreprise X-Corp. Trinary a sélectionné Solar, Thundebird, et une humaine, Sara St. John.


De son côté, l'Homme Multiple s'affaire dans les cuisines mais aussi pour la sécurité à l'intérieur de la salle de réception. Jamie Madrox est vexé que ni Monet ni Warren ne lui ait proposé un siège au board de l'entreprise alors qu'ils discutent avec des crapules comme Séléné ou le Cerveau.


Toutefois, il sauve la soirée en repérant les agissements louches des jumeaux Fenris qui tentent de tuer Trinary et de négocier avec Sara St-John. Le Cerveau, quant à lui, rend un fier service à Angel qui lui vaut une place comme responsable marketing.


On enchaîne avec New Mutants #19, écrit par Vita Ayala et dessiné par Alex Lins.


Les jeunes mutants profitent du gala pour prendre du bon temps mais aussi renouer des liens récemment distandus. Ainsi Mirage s'excuse auprès de Félina pour ne pas avoir à ses côtés alors qu'elle attend toujours une décision des Cinq pour retrouver son fils, Tier.


Karma fait une entrée remarquée qui lui vaut d'être lourdement draguée par un artiste humain, dont elle se débarrasse vite. Warlock écoute Warpath et se rapproche de Cypher et son épouse Bei pour qu'il se sente moins seul.


Cependant, Laura Kinney s'inquiète de ne pas voir Gabby, sa soeur, à la fête. Elle rentre sur Krakoa et trouve chez elle une lettre de Scout au même moment où Anole, Rain Boy, No-Girl et Cosmar découvrent le corps de la jeune fille dans un bousquet...

Difficile de passer après Planet-Size X-Men, mais on peut dire que ces épisodes de X-Corp et New Mutants s'en tirent avec les honneurs, parce qu'ils chassent sur d'autres terres.

X-Corp est une nouvelle série récente puisqu'elle ne compte que deux numéros. Tini Howard a longtemps couvé ce projet, maintes fois annoncé et reporté, qui a l'ambition d'explorer le capitalisme mutant. J'ai lu le premier épisode qui ne m'a guère convaincu car trop fouillis. En soi, le titre semble se positionner comme celui qui met en scène le milieu des affaires chez les mutants alors que Marauders occupait déjà ce terrain via la Hellfire trading company (bien que Gerry Duggan ait largement négligé cette partie).

Howard a fait de Monet St. Croix et Angel ses deux héros et c'est plutôt judicieux : la première se distingue par un caractère bien trempé, ce qui est utile dans le business, et le second est l'héritier d'une fortune colossale désormais entièrement dévouée à la cause mutante. Par ailleurs, il y a une dynamique accrocheuse entre eux deux, même si Howard a tendace à hystériser trop Monet, qui passe trop fréquemment de la femme déterminée et cassante à la furie (en changeant son apparence, en mode Penance - ce qui offre un parallèle troublant avec le cas de Angel qui maîtrise tant bien que mal son autre alter ego, Archangel, né des expérimentations d'Apocalypse dans la série X-Factor des années 80).

Pour les épauler, Howard récupère la création de Tom Taylor, Trinary, qui parle aux machines, apparue dans X-Men : Red, puis l'Homme-Multiple. Jamie Madrox est écrit n'importe comment, en tout cas à des lieues de la finesse avec laquelle le traitait Peter David dans X-Factor (d'ailleurs où est passée Layla Miller, son épouse, à laquelle il est fait brièvement mention ?).

Tout ça donne donc un tableau très inégal. Mais l'épisode qui nous occupe aujourd'hui n'est pas mauvais. Il consiste en une série d'entretiens où Angel et Monet rencontrent des mutants (et une humaine) susceptibles d'intègrer le conseil d'adminstration de leur entreprise. Comme c'est souvent le cas ailleurs (voir SWORD), il s'agit de crapules avérés qui cherchent ou non à se racheter une conduite, comme Séléné ou le Cerveau - le rôle de ce dernier est excellemment bien exploité. Howard se risque à l'humour en convoquant Solar, dont la suffisance est un ressort comique imparable, mais qui ne fait hélas ! qu'une apparition (on verra dans New Mutants #19 que Vita Ayala emploie le personnage avec beaucoup plus d'efficacité sans pour autant le montrer).

Mais comme souvent aussi Howard semble piloter sans qu'on sache où elle veut en venir, comme en témoigne ce subplot avec les jumeaux Fenris, des mutants de la famille Von Strucker, donc des nazis, qui, jaloux, veulent saboter les efforts de la X-Corp et ses dirigeants. Le déroulement de ces scènes est maladroit et s'achève pauvrement, échouant coimplètement à créer un suspense.

Le tout est mis en images par Alberto Foche, que je ne connais pas, et qui livre une prestation moyenne. Quand il anime des plans fournis, il s'en sort bien, mais dès qu'il doit serrer la focale, ses visages ont des expressions trop exagérées, qui contribuent à cette impression d'hystérie chez les personnages (Monet en particulier). Un peu comme Matteo Lolli, Foche semble encore un peu tendre pour imposer un style marquant. Heureusement, la série profite des couvertures de David Aja, absolument magnifiques, et on rêve alors de ce que l'espagnol ferait s'il dessinait aussi les pages intérieures.

La barre se redresse nettement avec l'épisode de New Mutants. Pourtant j'y allais, non pas à reculons, mais avec appréhension puisque Rod Reis est absent (il reviendra bientôt). Il est suppléé par Alex Lins, un autre artiste que je découvre.

Contre toute attente, il se débrouille bien. Le fait qu'il n'ait pas du tout le même style que Reis joue à son avantage car la comparaison n'a pas lieu d'être. Il y a quelques maladresses, c'est un peu inabouti, mais franchement sympa. Il sait représenter ces jeunes mutants, n'a pas peur du cadre spectaculaire dans lequel l'histoire a lieu, et son découpage traduit avec fluidité le script, comme toujours bien dense de Vita Ayala.

Je le répète, mais cette scénariste fait des merveilles depuis son arrivée sur la série, qu'elle a su faire sienne, à laquelle elle a donné une direction, des intrigues et sous-intrigues très riches, en respectant la caractérisation des personnages et l'environnement si particulier de la Nation X.

Contrairement à Howard dans Excalibur, elle sait parfaitement profiter de l'occasion du gala pour y faire évoluer ses protagonistes tout en continuant à développer ce qu'elle a entrepris auparavant. C'est une question de dosage, et c'est équilibré magistralement.

Ayala articule son récit autour du thème de la réconcilation : Mirage et Félina, Warlock et Cypher. Cela produit deux séquences impeccables, où les Nouveaux Mutants se confient, se rabibochent, mais sans que tout soit oublié ni réglé. Dans des positions un peu en retrait, Magik, Warpath et Karma (qui a droit à une entrée en scène divine) permettent aux situations de se dénouer, simplement, malicieusement.

Puis, à la fin de l'épisode, Ayala nous cueille complètement : Laura Kinney, fraîchement élue au sein des X-Men, s'inquiète de ne pas trouver sa soeur Gabby à la soirée et après avoir demandé à ses mis d'ouvrir l'oeil et de la prévenir s'ils la repéraient, elle se résoud à rentrer sur l'île de Krakoa. Les dernières pages sont poignantes et laissent craindre le pire pour Scout. 

Décidément, ce gala réserve bien des surprises et confirme sa singularité. La semaine prochaine, la fête se poursuit dans l'espace avec S.W.O.R.D. #6, puis on redescendra sur Terre avec Way of X #3 et Wolverine #13.  

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