vendredi 18 juin 2021

CATWOMAN #32, de Ram V et Evan Cagle


Un épisode de Catwoman sans Catwoman (ou presque) ? Ram V ose mais pour mieux portraiturer son héroïne dans un numéro toujours aussi maîtrisé. Mais ce n'est pas la seule nouveauté pour la série puisqu'elle accueille exceptionnellement un nouvel artiste avec Evan Cagle. Le résultat est à la hauteur et promet beaucoup pour la suite.


Le Père Vallée détient Leo Carreras, le lieutenant de Catwoman. Il l'interroge brutalement pour qu'il lui révèle tout ce qu'il sait d'elle. Et il évoque alors leur première rencontre au sein du gang de Frank Baz avec lequel ils tentèrent de cambrioler Diego Messina, un mafieux.


Pendant ce temps, le GCPD effectue une descente dans Alleytown et les gamins recueillis par Catwoman sont appréhendés par le détective ripou Kollak. Mais Shoes lui rit au nez en lui assurant que Catwoman gardera toujours un temps d'avance sur lui et la police.


Le détective Hadley, lui, questionne Maggie Kyle, la soeur de Selina, pour savoir où elle est. Mais i devrait se méfier car Maggie sait mieux que quiconque que, quand on est dans l'entourage proche de Catwoman, on peut le payer cher.


Finalement, comme il le lui a promis, le Père Vallée, au terme du récit de Leo Carreras, le relâche dans une ruelle d'Alleytown. Mais il le poignarde et le laisse se vider de son sang pour vérifier si Catwoman viendra le sauver à temps comme il le prétend...

Où est passée Catwoman ? C'est la question qui taraude tout le monde dans cet épisode choral. Ram V utilise l'absence de son héroïne pour mieux l'évoquer, la démasquer à travers trois personnages proches d'elle. Ainsi, à la faveur de flashbacks, on voit quand même la féline fatale sans qu'elle n'apparaisse dans les scènes au temps présent : un bel exercice de style.

Pour Leo Carreras, la situation est critique et douloureuse car il est prisonnier du Père Vallée, cet assassin engagé par le Pingouin mais qui mène une croisade personnelle en s'arrogeant le droit d'éliminer Catwoman quand bon lui semblera et de la manière qui lui conviendra. Ce méchant mystique et dérangé arrache des aveux à son otage en le torturant et Leo remonte à une période où Selina Kyle faisait partie du gang de Frank Baz, sur le point de s'attaquer à un dangereux mafieux.

Pour Shoes, une des gamines qui errait dans Alleytown avant que Catwoman ne la prenne sous son aîle, c'est au flic ripou Kollak qu'elle s'adresse. On comprend que le GCPD a commencé à appliquer les méthodes du programme Magistrat de Simon Saint en collaborant avec une force para-militaire qui traque les masques. Tous les moyens sont bons pour cela mais la la jeune fille ne se démonte pas, convaincue que Catwoman a toujours un coup d'avance.

Enfin, pour Maggie Kyle, savoir qui est vraiment Catwoman n'est pas sans risque et elle parle d'expérience en se remémorant la fois où Black Mask a tué son mari, ce qui la traumatisé profondément et durablement. La leçon à en tirer : quand on devient trop proche de sa soeur, on doit être prêt à en payer le prix fort.

Ram V est actuellement, sans aucun doute, l'auteur le plus excitant de chez DC. Ce n'est pas étonnant que Marvel ait voulu l'attirer dans ses filets en obtenant qu'il co-écrive le prochain volume de la série Venom avec Al Ewing. Et son succès ne s'arrête pas là puisque, actuellement, son nouveau creator-owned, The many death of Laila Starr, cartonne. Ram V, nouveau Midas des comics ?

C'est vrai que sa manière de raconter une histoire est toujours très efficace, et il sait varier ses effets, cherchant toujours un traitement singulier et accessible à la fois. On jurerait ainsi qu'ici il a voulu s'adapter à l'absence de son dessinateur habituel, Fernando Blanco, pour expérimenter avec un épisode qui revient sur les exploits passés de Catwoman. Des exploits qui mettent en lumière les talents de stratège de Selina Kyle mais aussi une froide détermination pour vaincre ses adversaires;

Après avoir perdu Frank Baz, elle le vengera d'une façon diabolique. Idem avec Black Mask (ce passage renvoie directement au run de Ed Brubaker pour un enchaînement d'épisodes particulièrement durs, qui changeront la féline et sa soeur). Quant à la séquence avec la jeune Shoes, elle ajoute au folklore de l'enfance de Selina et comment elle impressionna son mentor, Mama Fortuna. Ces segments décrivent une femme que rien n'arrête et qui, lorsqu'on s'en prend à ses proches, ne fait pas de quartier.

Dans ces conditions, il est évident que la suite s'annonce épique car Kollak va certainement prendre cher pour avoir menacé les Strays d'Alleytown, Hadley va aussi sûrement se mordre les doigts d'avoir cuisiné Maggie Kyle, et le Père Vallée a ouvertement déclaré la guerre à sa cible.

Visuellement, Evan Cagle est une belle surprise. Son style diffère nettement de celui de Blanco, ce qui est toujours mieux que d'avoir affaire à un copiste. Il joue moins sur le clair-obscur, son trait est plus fin, mais il ne manque pas d'audace dans son découpage et ses compositions fournies. J'ai particulièrement aimé le flashback avec Selina jeune élève de Mama Fortuna, d'une belle intensité.

Mais ça ne veut pas dire que les autres parties sont en deçà. Le flashback relaté par Leo nous gratifie de doubles pages sublimes et s'achève sur une scène à l'esthétisme magnifique, grâce aux couleurs de Jordie Bellaire

En revanche, en marchant dans les pas de Cameron Stewart pour le souvenir attaché au combat entre Catwoman et Black Mask, Cagle vise un peu trop haut. Ram V assume le run de Brubaker comme sa référence, mais son artiste intérimaire n'a pas encore assez de volume pour égaler un dessinateur aussi doué que Stewart (quel gâchis que ce dernier se soit compromis tout seul dans une pathétique affaire de harcélement sexuel, le condamnant au silence pour un moment).

On pouvait redouter une baisse de régime avec l'absence de Fernando Blanco mais Ram V tient bon la barre et Evan Cagle suprend positivement. C'est vraiment une bonne période pour être fan de Catwoman

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