vendredi 4 juin 2021

FIRE POWER #12, de Robert Kirkman et Chris Samnee


C'est en quelque sorte la fin de la "saison" 1 de Fire Power que vient établir ce douzième épisode. Pour la peine, Robert Kirkman et Chris Samnee ont mis les petits plants dans les grands avec un numéro de près de 40 pages. Mais voilà, le résultat n'est clairement pas à la hauteur, les auteurs déçoivent. Un vria gâchis.


Chou Feng a iimploré Maître Shaw au pied de sa statue puis, invoqué le dragon du Temple du Poing Enflammé sans que les deux ne se montrent. Partis à sa poursuite, Owen Johnson et Wei Lun convainquent leur adversaire de se rendre. 


Une fois dehors, Chou Feng est remis aux hommes de Chen Zul tandis que les élèves du Temple acclament Wei Lun de retour à leur tête. Le Clan de la Terre Ecorchée a gagné la bataille contre son rival et Owen obtient que les hostilités cessent définitivement entre les deux parties.


Puis Owen s'éloigne en direction de l'arbre où lui et Ling Zan se retrouvaient autrefois. La jeune femme explique pourquoi elle a fait croire à sa mort et s'excuse auprès de Owen pour lui avoir menti. Elle ne veut pas le retenir, comprenant qu'il a refait sa vie, avec femme et enfants.


De retour à la base du Clan de la Terre Ecorchée, Kellie explique qu'elle a été attaquée avec ses enfants par le Présage du Serpent, qui s'en était pris à Owen dans l'avion qui les a menés ici. Incréduble, Chen Zul ignore tout de cette menace mais Wei Lun se tient prêt à l'affronter quand elle resurgira.


Les Johnson rentrent en Amérique. Reggie, le collègue de Kellie, a veillé comme promis sur les parents de Owen et couvert l'absence du couple et de ses enfants. Owen et Kellie s'isolent, encore bouleversés par les récents événements. Owen garantit à sa femme que les ennuis sont derrière eux.

Ce sera une critique en forme de bilan et certainement d'adieu à la série, car je ne suis pas du tout certain de poursuivre l'aventure. En effet, j'attendais beaucoup du dénouement de cet arc, qui est aussi celui de la première "saison" de Fire Power, mais hélas ! le miracle n'a pas eu lieu, ça a été une déception, dans la continuité des précédents numéros.

Lorsque j'ai appris le retour aux affaires de Chris Samnee en compagnie de Robert Kirkman, j'ai choisi de donner sa chance au produit. En effet, je n'ai jamais été très attiré par les comics de Kirkman (à l'exception d'Oblivion Song, sur lequel je vais peut-être me pencher maintenant) : The Walking Dead, Invincible (la BD pas plus que la série animée récemment produite et diffusée par Amazone Prime), ne m'ont jamais motivé et plus d'une fois je me suis interrogé sur leur énorme succès vu le peu d'originalité de leurs postulats.

Mais, bon, je n'avais rien contre Kirkman malgré tout. J'ai été étonné que Samnee fasse équipe avec lui car, comme beaucoup, je pensais (espérais ?) qu'il signe chez DC pour y dessiner du Batman (après qu'il l'ait choisi comme sujet de ses Inktober pendant trois années successsives) ou autre chose, ou alors qu'il se lance seul, scénario et dessin, dans un creator-owned (ce qui a fini par se concrétiser avec Jonna and The Unpossible Monsters). J'étais malgré tout et surtout content qu'il réalise une série mensuelle après la frustration de son run sur Captain America avec Mark Waid.

Tout a bien commencé avec le Prologue de Fire Power, dans un format inattendu, mais où Samnee trouva ses marques avec son aisance habituelle. Le récit imaginé par Kirkman ne brillait pas son originalité, empruntant sans vergogne à Kung Fu et Iron Fist, mais c'était très plaisant, très efficace, et magnifiquement mis en images. J'étais en confiance.

Le premier arc de Fire Power (#1-6) m'a convaincu : Kirkman avait visiblement conscience d'avoir avec Samnee un partenaire hors normes, sur lequel il pouvait se reposer volontiers, qui transcenderait son script. Il y avait des épisodes extraordinaires, comme le deuxième avec l'affrontement d'Owen contre les ninjas dans sa maison, dans une séquence muette grisante. Un morceau de bravoure. Par ailleurs, le scénario jouait une partition atypique puisque Owen avait tourné le dos à sa vie dans le Temple, et donc à une vie de héros classique, de combattant, au pouvoir dont il avait hérité. Ce n'était pas banal.

Le deuxième arc (#7-12) m'a fait déchanter, car il s'est avéré beaucoup plus (trop) prévisible. Entre le retour de Wei Lun, son changement de camp, la conversion à sa cause trop rapide de Owen, la présence des enfants Johnson plus agaçante qu'utile, la relégation progressive de Kellie au second plan, et enfin la trop longue bataille entre le Clan de la Terre Ecorchée et le Temple du Poing Enflammé (trois épisodes manquant cruellement d'intensité, où Owen n'a pas servi à grand-chose, un refus obstiné et incompréhensible de la part de Kirkman de nous donner ce qu'il teasait depuis le début - Maître Shaw, le dragon), Ling Zan bien vivante, Chou Feng complètement fanatisé et chargé comme une mule par le scénario... Non, ça ne pouvait pas fonctionner.

C'est sans doute la leçon à retenir de Fire Power : entre ce qu'on pouvait en attendre parce que Kirkman nous donnait l'eau à la bouche et des coups de théâtre "hérnaurmes" qui ruinaient les éléments les plus tragiques de l'histoire de Owen Johnson, ça ne pouvait pas marcher. Je crois que le moment où j'ai vraiment décroché sans véritable espoir de rétablissement s'est situé lors du n°10 quand tour à tour Ling Zan est revenue d'entre les morts et que Wei Lun a révélé à Owen que Chou Feng avait non seulement tué la jeune femme (mais pas vraiment en fait donc) mais aussi les parents biologiques du jeune homme. J'ai souhaité que ce dernier point soit un mensonge de plus du vieux maître pour motiver son ancien élève avant la grande bataille, mais rien n'est venu dans cette direction. Quant au fait que Ling Zan n'a jamais été morte, j'ai également trouvé cela déplorable, non pas parce que j'avais quelque chose contre elle, mais parce qu'il me semblait que sa disparition était la tragédie fondamentale pour Owen, celle qui l'avait conduit à quitter le Temple, à tourner le dos à cette partie de sa vie. Ling Zan était la Gwen Stacy d'Owen Johnson : en choisissant de tromper le héros et le lecteur sur ce point, Kirkman m'a perdu.

Pour ce qui est de ce douzième épisode, avec une pagination plus importante, on était aussi en droit, me semble-t-il, d'attendre davantage sur le plan narratif. Or, le résultat est misérable : pas de grand moment, d'instant de vérité. Chou Feng se rend en comprenant que toute sa foi est bâtie sur des mensonges (Maître Shaw, le dragon - même si la bestiole n'est peut-être pas une chimère complète comme un plan le suggère). L'explication entre quatre yeux de Owen et Ling Zan se distingue surtout pas un manque flagrant d'émotion alors qu'il y avait matière à une scène mélodramatique intense. Quant au retour de la menace du Présage du Serpent (the Serpent's Omen), j'ai trouvé que ça tombait comme un cheveu dans la soupe et uniquement pour annoncer la future menace qui sollicitera Owen (qui affirme, sans y croire, à Kellie que les ennuis sont derrière eux).

Bien entendu, il est facile de refaire le film mais imaginez le même épisode avec ne serait-ce que l'apparition du dragon. Bon sang, ça aurait eu de la gueule ! Mais trois épisodes qu'on nous garantissait épiques juste pour assister à la défaite piteuse de Chou Feng, affligé comme nous que non, la statue de Maître Shaw resterait inanimée et qu'aucun dragon ne surgirait du Temple... Non, vraiment, même avec toute l'indulgence du monde, je n'arrive pas à l'accepter. Ce n'est même pas frustrer le lecteur, c'est vraiment se foutre de lui. 

Et Chris Samnee dans tout ça ? Je vais être totalement franc : pour moi, il gâche son talent dans cette affaire. Et ça va durer encore un moment puisque, comme il le répéte une fois encore dans la postface dialoguée, lui et Kirkman ont un paquet d'épisodes déjà finis. Fire Power est loin d'être fini.

Je suis écoeuré parce que la perspective de ne plus lire du Samnee pendant longtemps me renvoie en 2019, quand j'attendais de savoir ce que serait son prochain projet. C'est un dessinateur que j'adore, ceux qui lisent mes critiques le savent, mais pas au point de suivre une série aussi décevante que Fire Power. C'est la vie des comics et de leurs fans : parfois on voit un artiste qu'on aime sans modération s'engager sur une série dont soit le scénariste soit le sujet ne vous plaisent pas. On vient souvent à une BD pour ses dessins mais on y reste pour son histoire. Quand l'histoire ne vous plait pas, même le meilleur des dessinateur ne peut la sauver ni suffire à vous garder parmi ses lecteurs. C'est une des expériences les plus désagréables que je connaisse comme lecteur, et il a fallu qu'elle concerne Samnee. Il me reste Jonna and the Unpossible Monsters, qui est sympa mais un peu tendre à mon goût et dont le prochain épisode (le n°4) conclura le premier arc, le moment pour décider là aussi s'il faut persévérer ou lâcher.

J'aurai aimé aimer Fire Power, surtout après son très bon Prologue. Mais un an après sa parution, le verdict est sans appel. C'était ma dernière critique pour ce titre. 

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