AVANT-PROPOS
Ici commence le nouvel event mutant : Hellfire Gala. Celui-ci va concerner douze séries dont la publication va s'étaler sur quatre semaines, durant tout le mois de Juin. Comme pour X of Swords l'an dernier, j'ai choisi d'en rédiger le résumé et la critique par lots, en regroupant les épisodes qui sortiront chaque semaine (avec peut-être une exception pour Planet-Size X-Men, dans 15 jours), et en suivant l'ordre de lecture évidemment. J'espère que cela vous donnera envie de découvrir cet event qui s'annonce une fois encore très atypique.
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On démarre donc avec Marauders #21, écrit par Gerry Duggan (le chef d'orchestre de l'event, sous la supervision de Jonathan Hickman) et dessiné par Matteo Lolli.
Sur l'île qu'elle a achetée à Namor, via Magneto, Emma Frost reçoit les invités du Gala du Club des Damnés, en compagnie de Kitty Pryde et Sebastian Shaw. Successivement, les Avengers, les Fantastic Four, le Dr. Strange et même des ambassadeurs de pays hostiles à Krakoa arrivent.
Après un petit concert télépathique de bienvenue, les invités conversent. La présence du Dr. Fatalis électrise l'ambiance. Un ambassadeur Shi'ar vient annoncer à Emma Frost que sa livraison est arrivée, mais elle n'a aucune idée de quoi il s'agit et délégue son frère Christian pour s'en occuper.
Tout semble bien se passer, même si Mr. Fantastic semble n'être venu que pour faire plaisir à son fils Franklin, couvé par Kitty Pryde. Et que Captain America dit à Cyclope qu'il espère qu'il sait ce qu'il fait après leur conversation quelques jours plus tôt...
La X-Force s'occupe de la sécurité du Gala. Kid Omega s'accroche brièvement avec Iron Man qui atterrit sur l'île au lieu d'arriver via un portail de Krakoa avec une fleur. Domino et Wolverine surveillent la livraison de diamants logiques par les Shi'ar dont Christian Frost accuse la réception.
Le Fauve observe les invités et vérifie qu'ils sont parasités à leur insu par des implants végétaux importés de Terra Verde, ce qui lui permettra ensuite de surveiller tout le monde. Mais Emma Frost surprend ce manège et rejoint Sage au PC de sécurité.
Tandis que Wolverine et Domino doivent règler une intrusion à l'extérieur, Emma ordonne à Sage de neutraliser les implants végétaux. Mais elle n'y arrive pas car ceux-ci ont été piratés...
Les Hellions n'ont pas été invités à la fête à cause de leur passé criminel. Seuls Psylocke, Havok et Mr. Sinistre se rendent au gala. Psylocke confie la surveillance du groupe à Greycrow, ébloui par la robe de sa partenaire, mais amer d'être ostracisé.
Finalement, après avoir descendu une bouteille d'alcool, Greycrow décide de désobeir à Psylocke et entraîne Nanny, Orphan-Maker, Empath, et Wild Child au gala. Leur arrivée ne passe pas inaperçu et le Pr. X confie à Havok le soin de veiller à ce que son équipe ne fasse pas de bêtise.
Mais évidemment tout va rapidement dégénérer et Magneto avec l'aide de Magik doit congédier les agitateurs. Seul Havok, au bras de Polaris, échappe à l'exclusion. De retour dans leurs quartiers, les Hellions voient surgir de l'ombre un clone à l'air menaçant de Mr. Sinistre...
Après X of Swords, dont le format et le développement étaient déjà spéciaux (quitte à déconcerter et décevoir les lecteurs - même si, pour ma part, j'ai apprécié), le Hellfire Gala s'annonce déjà comme un nouvel event mutant atypique. En effet, pas de grandes batailles à l'horizon mais une grande fête organisée par Emma Frost sur l'île qu'elle a acquise auprès de Namor, par l'entremise de Magneto (dans Giant-Size X-Men : Magneto), où sont conviés les plus grands héros mais aussi des représentants de plusieurs pays (pas tous amis avec la Nation X) et de l'univers (Shi'ars en tête). L'objectif de ce gala : nouer de nouvelles relations mais aussi présenter la nouvelle équipe des X-Men, élue par la communauté de Krakoa, et qui incarnera les champions de la "mutanité".
C'est Gerry Duggan (le scénariste de Marauders, mais aussi Cable et le futur auteur de la nouvelle série X-Men) qui est aux commandes de l'event, même si Jonathan Hickman le supervise. Marvel a abondamment communiqué et plusieurs séries ont fait mention de cette sauterie depuis plusieurs mois maintenant - on peut même dire que tout a commencé dans Giant-Size X-Men : Magneto et X-Men #16.
Plusieurs dessinateurs ont, pour l'occasion designé les costumes de gala des mutants, déployant une imagination débridée pour créer des looks qui évoquent ouvertement le MET gala, mélange de défilé de mode et d'oeuvre de charité où les stars du cinéma, de la chanson, des médias se présentent dans des tenues extravagantes, avec l'ambition affichée d'en mettre plein la vue mais aussi d'abolir les distinctions de races et de genres.
Tout cela n'a évidemment pas manqué de faire grincer quelques dents et de provoquer des ricanements ou de la consternation de la part de lecteurs (quand il ne s'agissait pas tout simplement de gens qui ne suivent pas/plus les séries X depuis que Hickman les a relancées), au prétexte que c'était grotesque, out of character, et j'en passe. A ces gardiens du temple qui prétendent savoir comment doivent être écrits les X-Men, je répondrai simplement qu'il leur suffit de passer leur chemin au lieu de se complaire dans les râleries. Il s'agit de toute façon des mêmes qui se plaignent que rien ne bouge dans les comics mainstream mais qui, dès que ça frémit, se plaignent encore plus bruyamment que ça change trop.
Le principe de Hellfire Gala repose sur le fait que l'action se déroule lors d'une unique soirée dont tous les aspects sont montrées dans douze épisodes sur onze séries et un numéro spécial. C'est une construction qui impose aux scénaristes une coordination parfaite car il ne s'agit pas de raconter autre chose que ce qui est prévu dans ce laps de temps. A en croire les trois premiers chapitres publiés cette semaine, le contrat est rempli, il n'y a pas d'écart, les épisodes se répondent, se complètent harmonieusement, ce qui n'exclut pas quelques moments savoureux ou surprenants et quelques intrigues secondaires.
Dans Marauders, Gerry Duggan se concentre sur l'accueil des invités. Emma Frost, Kitty Pryde et Sebastian Shaw reçoivent en première ligne. Tempo (future membre de l'équipe des Marauders) épingle une fleur de Krakoa pour permettre aux convives de passer les portails donnant accès à l'île de la Reine Blanche du Club des Damnés, comme c'est le cas des Avengers. D'autres arrivent par leurs propres moyens sur plance, comme les 4 Fantastiques, le Dr. Strange, le Dr. Fatalis (qui a accepté de faire le déplacement bon gré mal gré).
Le scénariste insiste sur les détails qui vont faire phosphorer les fans : que dit Reed Richards au Pr. X ? Que fait exactement là Fatalis ? Pourquoi avoir accepter que des ambassadeurs de pays hostiles aux mutants viennent ? Certaines réponses sont données ensuite, dans X-Force notamment, mais d'autres demeurent inconnues. C'est malin et accrocheur.
Malheureusement, Matteo Lolli dessine tout ça sans grand talent. Comme à son habitude, il rend une copie trop sage, avec des personnages manquant de consistance, de distinction. Dommage vraiment que Stefano Caselli n'ait pas pu signer cet épisode d'ouverture, auquel il aurait donné sans mal beaucoup plus de cachet.
Dans X-Force, très logiquement, Benjamin Percy détaille le dispositif de sécurité mise au point pour l'événement. Wolverine et compagnie sont réquisitionnés pour garantir que la soirée ne souffrira d'aucun accroc. On apprécie déjà de voir que le scénariste éclaire un point laissé en suspens par Duggan dans Marauders avec l'ambassadeur Shi'ar venu remettre un colis à Emma Frost (il s'agit de diamants logiques, qui permettent de stocker des informations en quantité quasi-infinie mais aussi d'alimenter des éléments technologiques mutants, comme l'enregistrement des copies mentales de chaque mutant afin que, lors de leur résurrection, grâce à Cérébro, Charles Xavier puisse doter à nouveau les revenants de leurs esprits).
Mais le véritable intérêt de l'épisode réside encore une fois dans les manigances du Fauve qui a imaginé une utilisation très discutable de la végétation spéciale de Terra Verde. Il s'en sert ici comme d'implants qui parasitent les invités à leur insu pour qu'ensuite il puisse les surveiller, une fois qu'ils seront rentrés chez eux. Tout le monde est ciblé, y compris les super-héros sur place, donc les Avengers, les FF. Une gigantesque opération d'espionnage qui vient alourdir le casier déjà bien rempli de Hank McCoy dont Percy a fait un des mutants les plus objectivement abjects.
Sauf que Emma Frost veille et remarque la manoeuvre puis ordonne à Sage de neutraliser ces implants. Pas si simple... Et c'est sans compter sur un autre souci : Deadpool veut taper l'incruste et Wolverine et Domino doivent l'en empêcher (si on a déjà droit à une belle petite bagarre, Wolverine #13 dans trois semaines devrait développer cette partie).
Joshua Cassara est fidèle au poste et illustre l'épisode brillamment. Il ne s'économise pas sur les décors (la salle de réception remplie d'invités) ni sur la figuration. Cela a un coût : l'artiste est moins inspiré pour les tenues de circonstance de la X-Force, qui ressemblent à des tuxedos moulants pas très beaux. Mais bon, Cassara fait vraiment bien sa part du boulot, surtout après Lolli, donc on lui pardonne.
Enfin, Hellions offre une rupture de ton bienvenue. Comme c'était déjà le cas lors de X of Swords, les vilains petits canards de la Nation X occupent une place à part dans le déroulement de l'histoire. Il était évident qu'ils n'allaient pas être invités, en dehors de Mr. Sinistre (qui siège au conseil de Krakoa et qui n'adore rien tant que de parader dans les soirées mondaines), Havok (qui est le frère de Cyclope) et Psylocke (à qui on doit bien quelques égards après que Betsy Braddock ait investi son corps pendant des années).
Zeb Wells s'amuse (et nous amuse) beaucoup avec cet épisode très drôle et cruel où, bien sûr, rien ne va se passer comme prévu. Le scénariste connait bien ses personnages, leur passé, et il exploite tout cela dans une collection de scènes qui renvoient aux relations des Hellions avec le reste des mutants : Wild Child jaloux de Daken au cou duquel se jette Aurora, Nanny qui pour se venger d'avoir été écartée de la fête suit Sinistre toute la soirée pour lui faire honte, Greycrow qui tente d'exprimer ses sentiments auprès de Psylocke (on le comprend, elle est vraiment sublime dans sa robe échancrée), Orphan-Maker qui veut à tout prix goûter aux cocktails et qui a la mauvaise idée de se fier aux conseils de Empath...
Mine de rien, on se prend d'affection pour ces personnages pourtant infréquentables, mise au ban d'une société qui prétend pourtant intégrer tous ses sujets mieux que lorsqu'ils essayaient de s'assimiler au reste de l'humanité.
En prime, Stephen Segovia, qui n'a pourtant rien d'un artiste de génie, se lâche avec succès, animant cette équipe d'électrons libres en soulignant à quel point leur présence dérange les hôtes du gala et qui se font renvoyer chez eux sans ménagement quand tout dérape franchement.
Ces trois premiers chapitres sont un régal, diversement illustrés, mais tous bien écrits. Une bonne entrée en matière, à la structure habile et fertile en péripéties. A suivre la semaine prochaine avec Excalibur #21 et X-Men #21...
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