samedi 24 avril 2021

CATWOMAN #30, de Ram V et Fernando Blanco


C'est une routine, certes, mais de celles dont on n'est pas prêt de se lasser. Car une fois de plus, une fois encore, Ram V et Fernando Blanco nous régalent avec ce nouveau chapitre de Catwoman. Le duo peut même se permettre une auto-citation sans avoir l'air de bégayer. L'histoire est captivante, elle est magnifiquement mise en images. Que demander de plus ?


Le Sphinx reçoit des soins après sa blessure par balles par le Père Vallée. En échange, Catwoman exige qu'il lui dise tout ce qu'il sait sur son agresseur. Edward Nygma lui révèle avoir consommé une nouvelle drogue, composée à partir de l'ADN de Poison Ivy, dont il a retrouvée la trace.


Il est évident pour Catwoman que les laboratins qui ont utilisé Poison Ivy vont s'en débarrasser maintenant. Elle doit donc la sauver et empêcher que cette drogue ne circule dans Alleytown. Pour cela, aidée de sa troupe de gamins, elle prend en filature des camions en route pour un incinérateur.


Mais quand elle y arrive, ses espions n'ont rien vu de suspect. C'est alors qu'un inconnu aborde Catwoman en lui donnant l'identité d'un homme qui a récupéré Poison Ivy : il s'agit d'un riche et excentrique collectionneur qui donne une soirée pour présenter ses dernières acquisitions.


Selina, sous le pseudonyme de Mme Lefélin, se fait inviter à cette réception donnée par Siddhart Roy, à laquelle est convié la gratin de Gotham... Cependant, le Pingouin réclame des comptes au Père Vallée qui entend mener sa mission comme bon lui semble...

Il est difficile de commenter une série quand elle aligne avec une telle régularité les épisodes de cette qualité. Comment ne pas se répéter et ne pas sombrer dans une litanie de compliments, mérités mais redondants ?

Mais on ne va pas non plus se plaindre d'écrire sur une série excellente. Catwoman occupe une place un peu à part dans les Bat-titles, dans la mesure où James Tynion IV a détaché Selina Kyle de Batman car il ne désirait pas l'intégrer dans ses intrigues (alors que tout le run de Tom King consistait à établir le couple). Ram V en profite pleinement, non pas en niant ce que King a écrit, mais en s'efforçant de faire de Catwoman comme un personnage à part entière, dont l'existence ne dépend pas de Batman.

Du coup, on a droit à quelques allusions discrètes sur la situation du couple, comme quand Léo, le fidèle lieutenant de Selina, suggère qu'elle fasse appelle à Batman pour l'aider dans l'affaire qui lie le Sphinx à Poison Ivy. Mais Selina refuse en rappelant que Batman et elle font une pause, mais surtout qu'elle n'a pas besoin de lui, tout simplement.

L'autre caractéristique de Catwoman, c'est son ambiguïté morale. S'il ne fait pas de doutes qu'elle agit pour le bien de son quartier, Alleytown, elle le fait à sa manière, bien personnelle, selon des méthodes qui ne seraient certainement pas toutes approuvées par Batman. Et Ram V, là aussi, respecte cette composante essentielle de l'héroïne, en sachant en faire une justicière mais avec des manières conservées de son passé de voleuse.

Le scénariste et son dessinateur s'autorisent même une auto-citation dans cet épisode puisqu'on assiste à une scène de filature qui renvoie à celle du n° 27 de Novembre dernier. Toutefois, il ne s'agit pas de répéter pour le plaisir ou par paresse, puisque la séquence n'a pas la même justification ni le même terme. En revanche, elle met en valeur le talent d'acrobate et de combattante de Catwoman pour notre plus grand plaisir.

Cette fois, le Père Vallée ne fait qu'une brève apparition, mais elle est spectaculaire. Entre l'assassin mystique et le Pingouin, il semblerait même que le contrat soit rompu. C'est en tout cas un fascinant vilain, imprévisible et déterminé, et quand il va enfin affronter directement Catwoman, ce sera assurément un grand moment (prévu pour le #33 en Juillet prochain).

Ram V dirige l'intrigue dans une direction captivante, avec ce collectionneur excentrique, qui récupère Poison Ivy. On appréciera aussi l'alias sous lequel Selina se fait inviter chez ce dernier (madame Lefélin).

Visuellement, Fernando Blanco fait très fort. Outre la scène centrale de filature, où il impressionne par la fluidité et l'intensité de son découpage, il expérimente avec une double page durant laquelle le Sphinx résume comment il a consommé la drogue extrait de Poison Ivy et la façon dont il est remonté jusqu'au site où elle était fabriqué. Les cases forment un point d'interrogation, le symbole d'Edward Nygma, mais aussi la marque du mystère qui entoure cette affaire pour Catwoman. 

Avec son encrage un peu charbonneux, Blanco s'approprie merveilleusement l'atmosphère nocturne et urbaine de la série, que vient magnifier Jordie Bellaire et ses couleurs. C'est un régal pour les yeux, vraiment du bon et beau travail. Assurément une des plus belles séries mainstream régulières actuelles.

Oui, que demander de plus ? Que ça continue, pardi !

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