Après avoir présenté la première rencontre entre Damian Wayne/Robin et Jonathan Kent/Superboy dans Superman #10-11, nous pouvons maintenant nous plonger dans la lecture du premier volume des Super Sons avec l'arc narratif When I grow up..., riche de cinq épisodes écrits par Peter J. Tomasi et dessinés par Jorge Jimenez (#1-4) et Allison Borges (#5).
Scolarisé à Hamilton, Jonathan Kent est victime avec quelques-uns de ses camarades de harcèlement et il doit se contenir pour ne pas utiliser ses pouvoirs contre ceux qui les agressent. Il ignore qu'un autre veille à ce que la situation ne dégénère pas : Damian Wayne, venu solliciter son renfort pour une enquête qu'il mène au sujet de vols commis chez LexCorp.
Alors qu'ils pénètrent par effraction chez Lex Luthor, les deux garçons se font surprendre par l'intéressé. Ils leur échappent de justesse non sans que Robin ait réussi à pirater les fichiers de vidéo-surveillance grâce auxquels Superboy repère quatre voleurs identiques commettre les vols susmentionnés.
Le garçon capable de quadrupler s'appelle Reggie Meyer et participe à une télé-réalité, "Les Super-Duffys", dans le studio de tournage de laquelle Superboy et Robin trouvent sa petite soeur, Sara. Celle-ci, comme son frère, a acquis des pouvoirs grâce au virus Amazo développé par Luthor mais son frère est devenu fou et a assassiné leurs parents. Prenant la fuite, ils sont attaqués par des robots pilotés par Reggie.
Bien que Sara contrôle les machines, elle n'est pas assez puissante pour les neutraliser et Kid Amazo, comme s'est rebaptisé Reggie, capture le trio à qui il expose son plan d'éliminer la Justice League, grâce à une armure conçue avec la technologie de Luthor et qui amplifie ses pouvoirs. Mais son projet est contrarié par l'irruption de Lex et l'intervention de Sara qui profite de la surprise de son frère pour le désarmer. Robin et Superboy se carapatent avant de devoir rendre des comptes à Luthor.
Mais Alfred Pennyworth et Lois Lane les attendent de pied ferme à leur retour chez les Kent. Ils sont tous deux punis et reprochent à l'autre d'être ainsi sanctionné. Jonathan décide d'aller corriger Damian mais leurs pères les séparent et les convainquent de persévérer dans leur collaboration, comme eux par le passé, car ils se complètent finalement bien.
Peter J. Tomasi, en ayant mis en scène la rencontre entre ses deux jeunes héros, peut parfaitement exploiter la série qui narre leurs aventures communes : c'est un gage inestimable de cohérence pour passer des deux épisodes de Superman aux cinq premiers de Super Sons.
Et leur lecture prolonge le plaisir pris auparavant tout en proposant une histoire autonome, immédiatement compréhensible, et riche en péripéties. Bien qu'il soit toujours délicat d'animer des personnages enfants, ici, le scénariste trouve le bon ton immédiatement, bien entraîné par son run sur Batman and Robin durant l'ère des "New 52".
Assister aux chamailleries entre Jonathan Kent et Damian Wayne est aussi divertissant que de les suivre dans une mission qui n'a rien d'évident. Il ne s'agit en effet pas de bâtir une intrigue format de poche pour les deux super fistons ou de verser dans un récit jeunesse avec des mini-Batman et Superman. La caractérisation est soignée comme en témoignent l'attitude dirigiste et agressive de Robin et celle plus sage mais surtout plus posée de Superboy. La complémentarité joue à fond entre celui qui fonce dans le tas tout en profitant de chaque opportunité - qu'il se vante d'avoir anticipé ensuite - et l'autre qui reste sur ses gardes et dont la prudence est éclairée - tout en narguant malicieusement son compère sur son impulsivité et sa petite taille.
Drôle et mouvementée, la bande dessinée ne le serait pas tant si elle ne disposait pas avec Jorge Jimenez d'un dessinateur impeccable. Si animer des enfants réclame une écriture au cordeau pour ne pas sombrer dans la mièvrerie, les représenter est tout aussi ardu. Jimenez fait parfois penser à Humberto Ramos, mais avec un trait qui en aurait gardé la puissante expressivité sans aller aussi loin dans la caricature. Les proportions sont plus réalistes et l'énergie passe davantage dans le découpage où le rythme taille les cadres sous une évidente influence des mangas d'action.
Il y a malgré tout un souci constant de rester lisible pour à la fois préserver la compréhension de l'histoire et le flux de la lecture où on passe d'un décor à un autre à toute vitesse, avec des rebondissements classiques mais tourbillonnants, jusqu'au final explosif.
Le dernier épisode, qui forme une sorte d'épilogue à ce premier arc, est dessiné par Allison Borges, dont le style est dans la continuité de celui de Jimenez, sans égaler son intensité ni la maturité. On comprend néanmoins ce fill-in car le titulaire se donne beaucoup et a dû avoir besoin de souffler après avoir abattu 80 pages trépidantes (sans compter quelques planches additionnelles sur Superman).
Vous voulez lire quelque chose de frais, de marrant, d'haletant et qui ne soit pas abêtissant ? Jetez-vous sur ces épatants Super Sons, qui tireront leur révérence en v.o. en Mai prochain (bien que Tomasi ait promis ne pas en avoir fini avec eux...).
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