J'avais été, c'est le moins qu'on puisse dire, très partagé par la première saison de Love, concentré des choses que j'aimais le moins chez son producteur Judd Apatow. Mais, malgré tout, au milieu de toutes ces scories, il subsistait des éléments attachants, atypiques, qu'on devait à son acteur-scénarise Paul Rust et sa femme, co-productrice, Lesley Arfin. Sans oublier la composition sans concessions de Gillian Jacobs. Je me suis donc laissé entraîner par cette saison 2 (qui sera l'avant-dernière : le show a été renouvelé pour une troisième et ultime session), avec, quand même l'espoir, d'être davantage conquis. Verdict ?
Gus et Mickey (Paul Rust et Gillian Jacobs)
Mickey a avoué pourquoi, à cause de son alcoolisme et de sa toxicomanie, elle a besoin de prendre du recul et Gus l'accepte, prêt à la soutenir en cas de besoin. Elle le reconduit chez lui mais ils découvrent que le quartier est bouclé par la police à la recherche d'un malfrat en cavale. Tous les habitant sont assignés à résidence jusqu'à l'arrestation et Mickey doit donc passer la nuit chez Gus, malgré une tentative foireuse de fausser compagnie aux flics.
Mickey et Gus font l'école buisssonière
Respectant la promesse qu'il lui a faite de ne pas être toujours sur son dos, Gus convient avec Mickey de passer des soirées l'un sans l'autre. Il sort donc avec une bande de copains de son quartier mais s'ennuie, causant même un malentendu avec une fille dont il croyait qu'elle le draguait. De son côté, Mickey dîne avec plusieurs couples dont les conversations tournent exclusivement autour de leurs enfants. Elle ne peut s'empêcher de semer la zizanie puis, une fois tout le monde fâché contre elle, s'éclipse.
Randy, Bertie, Gus et Mickey (Brett Gelman, Claudia O'Doherty, Paul Rust et Gillian Jacobs)
Après avoir refusé l'invitation de la productrice de la série "Witchita" à coucher avec lui, Gus retrouve Mickey chez elle, après qu'elle ait sauvé l'emploi d'un collègue, l'informaticien Truman. Bertie et Randy sont également présents et consentent à consommer des champignons hallucinogènes que gardait Mickey. Mais lorsque Randy fait un bad trip et se met à courser un coyote puis à pénétrer par effraction dans une maison, la soirée vire au grand n'importe quoi. Tout le monde rentre - mais Bertie a le sommeil intranquille quand elle entend Randy déclarer en rêvant qu'il souhaiterait la tuer...
Mickey et Randy (Gillian Jacobs et Brett Gelman)
Après avoir pris une journée de repos où ils se sont confiés l'un à l'autre sur leurs peurs et leurs espoirs tout en savourant leur bonheur d'être ensemble et solidaires, Gus et Mickey doivent faire face à des situations professionnelles et personnelles délicates. Lui apprend que la série "Witchita" va être annulé et les parents d'Arya, dont il est le précepteur, ont des ambitions différentes pour elle (sa mère souhaite la faire tourner dans un film indépendant qui lui vaudrait peut-être un Oscar, son père préférerait qu'elle s'engage pour un blockbuster). Elle découvre que Randy a emprunté 850 $ à Bertie et lui reproche de l'escroquer au lieu de chercher un travail.
Marty Dobbs, le père de Mickey, Gus et Mickey (Daniel Stern, Paul Rust et Gillian Jacobs)
Deux autres épreuves attendent Mickey : la station-radio où elle travaille est rachetée par un grand groupe et elle doit convaincre les repreneurs de la conserver dans le personnel en faisant signer une jeune podcasteuse. Puis elle demande à Gus de l'accompagner pour la journée car son père, Marty, doit passer à Los Angeles la visiter. Ce dernier ne cesse de la rabaisser et Gus doit ménager ce dernier tout en soutenant Mickey, qui lui reprochera ensuite de ne pas avoir pris fait et cause exclusivement pour elle.
Gus et Mickey
La crise naissante du couple semble se résorber quand Gus invite Mickey, puis d'autres amis communs, à passer un week-end dans la luxueuse villa d'une relation pour leur projeter l'épisode de "Witchita" qu'il a écrit. Mais la soirée est un fiasco : Mickey est accaparée par un des membres des Alcooliques Anonymes qu'elle connaît, et les autres s'en vont progressivement avant la fin. Une dispute éclate entre Gus et Mickey qui vont lit à part cette nuit. Le lendemain matin, elle repart sans lui.
Gus en pleine crise
Gus part sur le tournage du blockbuster qu'a choisi de tourner en premier Arya, chaperonnée par son père, et où il reprend son rôle de professeur particulier. Mais le tournage se passe mal car le réalisateur n'apprécie pas Gus et l'assistant du cinéaste lui vole même une idée de long métrage qu'il a racontée à l'équipe. Pour ne rien arranger, les communications avec Mickey dégénèrent violemment car elle ne supporte ni qu'elle le laisse trop longtemps sans nouvelles, ni qu'il l'appelle trop souvent.
Mickey avouant son infidélité à Bertie
Apprenant que le chien de son ex est souffrant, à l'article de la mort, Mickey se rapproche de lui et finit par coucher avec lui. Cette infidélité se répète, Mickey ne répondant plus aux appels de Gus toujours coincé sur son tournage. Bertie devine ce qui se passe mais préfère ne pas s'en mêler, d'abord trop occupée à rompre avec Randy. Finalement Mickey lui avoue tout sans savoir quoi faire alors que le retour de Gus se rapproche.
Mickey et Gus : enfin heureux ?
Mickey choisit de rompre avec son ex mais celui-ci, d'abord furieux, veut la convaincre de rester avec lui. Elle, retrouve Gus et ensemble ils s'excusent de la dégradation de leur relation durant son absence et conviennent de se donner une nouvelle chance. Poursuivie par son ex, Mickey l'évite autant que possible mais son comportement intrigue Gus. Elle le rassure en lui demandant s'il accepterait de s'installer avec elle après avoir expliqué à son ex qu'elle ne reviendrait pas. Mais la jeune femme sait-elle vraiment ce qu'elle veut ? Ou a-t-elle agi sans mesurer les conséquences de sa requête ?
Comme je le disais en préambule, ma crainte principale était que cette saison 2 ne sombre dans les mêmes travers que la première, voire s'y enlise. Mais, il faut avouer, et cette une très bonne surprise, que le tir est formidablement corrigé : ces douze nouveaux épisodes de Love sont bien meilleurs.
Est-ce à dire que tout est désormais parfait ? Il ne faut pas exagérer, mais pour l'essentiel, ce qui me déplaisait le plus a été gommé ou modifié et aboutit à un show moins vulgaire et plus sensible, drôle parfois, mais surtout plus critique. La saison se déploie sans ménager les héros ni le spectateur, pris dans un grand "8" émotionnel, notamment dans le dernier tiers où la crise couve, explose, et se clôt sur une chute qui soulève bien des doutes sur l'avenir du couple.
On avait laissé Mickey en pleine confession impromptue sur le parking d'une supérette avec Gus à la fin de la saison 1 et on reprend exactement au même moment quand il doit réagir à la demande de la jeune femme qui souhaite s'accorder un an de break. Contre toute attente, Gus accepte ce pari fou, comme s'il savait, avec le téléspectateur, qu'il s'agit moins d'une séparation que d'une distance à respecter pour Mickey.
Cette dernière surprend également en s'engageant dans un programme de désintoxication qu'elle suit sérieusement, participant surtout à des réunions. Professionnellement, elle reprend aussi son job en main, s'appliquant à l'exercer avec méthode, sauvant même la mise à un collègue, et se battant pour conserver sa place quand la station-radio est rachetée avec la menace de renvois. On découvre une Mickey battante, disciplinée, raisonnable - même quand elle fait consommer à Gus, Bertie et Randy des champignons hallucinogènes dont elle était sur le point de se débarrasser : seule elle s'abstient afin de prévenir tout dérapage (bon, elle ne réussira qu'à moitié sur ce dernier point mais le bad trip de Randy offre un grand moment de délire).
Et Gus dans tout ça ? Comme toujours avec ce gentil garçon, tout est question d'apparence : s'il savoure son bonheur avec Mickey, plus paisible désormais, et ne panique pas quand la série télé "Witchita" est annulée, convaincue que Arya et ses parents le conserveront comme son professeur particulier, son comportement (trop) bienveillant va lui jouer des tours.
Le scénario tourmente sadiquement ce pauvre Gus en retournant ses bonnes intentions contre lui. Parce qu'il aime sincèrement Mickey, il cherche à la protéger en veillant à ce qu'elle ne succombe pas de nouveau à ses démons (la dépression, l'alcool, la drogue). Mais il y met un peu trop de zèle et se le voit reprocher par l'intéressée. Le téléspectateur trouve cela injuste et prend parti pour lui, considérant cela davantage comme de la maladresse que comme de l'insistance obsessionnelle.
Gillian Jacobs est odieuse à souhait arrivée à ce stade de l'histoire, et l'actrice a du mérite de ne jamais jouer son personnage en lui cherchant d'excuses. Elle est absolument infecte, injuste, menteuse, manipulatrice. Mais Paul Rust est également excellent en amoureux paumé, blackboulé, toujours sur le fil, se révoltant parfois pour aussitôt le regretter : son désarroi le rend incroyablement attachant mais sa naïveté et sa gentillesse nous donnent envie, à nous, témoins de la crise, qu'il ose remettre Mickey à sa place, qu'il découvre sa duplicité (quand elle finit par le tromper). Le dénouement de la saison est très ambigu à cet égard car le choix de la jeune femme apparaît pris par défaut, dans la précipitation, pour se débarrasser de son ex - dont la prédiction qu'elle va "détruire" Gus n'est pas impossible.
La série ponctue ces rebondissements de séquences où les auteurs brillent dans l'art de mettre leurs personnages et les téléspectateurs mal à l'aise : la visite du père de Mickey, le cauchemar du tournage de Gus, mais aussi la liaison surréaliste, limite inquiétante, entre Randy, ce gros nounours paresseux qui dit d'étranges choses en dormant, et Bertie, incapable de rompre malgré ce qu'elle assure et peut-être victime d'un escroc. Dans ces moments-là, Love nous éprouve, présentant le côté obscur de ses protagonistes, mettant en scène des situations borderline, aussi perturbants que lorsque le scénario capte génialement le bonheur fragile mais plus intense du coup de ses amants vedettes.
Grâce à (mais aussi à cause de) tout cela, la saison 3 ne devrait pas être de tout repos. Espérons juste qu'elle terminera la série dignement, en soignant encore plus ses qualités mûries qu'en renouant avec ses facilités passées.
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