Les épisodes 11 et 12 de Batwoman sont parus en Janvier et Février dernier, ce qui va me permettre, dès demain, d'atteindre le n°13 sorti ce mois-ci et de donc être synchrone avec la publication de la série, pour laquelle, malgré le plaisir que j'ai à la lire, j'ai commis l'erreur de laisser passer trop de temps après son premier arc narratif. Le diptyque auquel je consacre cette entrée aujourd'hui est une transition qui mène à la prochaine étape, dans laquelle Marguerite Bennett boucle l'intrigue sur "l'année perdue" de Kate Kane sur l'île de Coryana avant de rebondir directement sur la suite de sa mission contre l'organisation "Many Arms of Death".
Pendant qu'elle affrontait l'Epouvantail dans le désert du Sahara, où elle a croisé son père, Jacob Kane et sa Colonie, Batwoman a laissé seule son assistante, Julia Pennyworth, qui a été enlevée au Caire, en Egypte. Mais ses ravisseurs ont laissé un indice déterminant - un fragment de porcelaine - qui évoque à la justicière un ennemi de Batman.
Grâce à cela, elle peut mener des recherches à Alexandrie. Mais la concentration lui fait défaut car ce morceau de porcelaine lui fait aussi penser à sa soeur jumelle Beth, devenue Alice, son ennemie. Se pourrait-il que les deux affaires soient liées ?
Batwoman délivre Julia du Professeur Pyg qui détient plusieurs otages dont il comptait faire ses sbires. Mais il réussit à s'évader, non sans avoir livré quelques révélations troublantes à son adversaire au sujet de sa soeur. C'est désormais assez pour Batwoman qui décide de creuser cette piste tout en étant résolue à faire preuve de plus de rigueur - à la manière d'un détective comme Batman et plus seulement d'un soldat comme elle y a été formé...
Pour ses investigations concernant Alice, Batwoman se rend en jet à Bruxelles. En route, elle se remémore la fin de l'année qu'elle passa sur l'île de Coryana aux côtés de Safiyha Sohail au sujet de laquelle elle nourrit des soupçons sur sa disparition - serait-ce elle, la "Mother of War", leader des "Many Arms of Death" ?
Sur l'île une étrange épidémie touchait et éliminait tous les renards. Tout portait à croire à un empoisonnement et le cartel de pirates guidé par Safiyha était à cran : qui pouvait vouloir ruiner leur refuge ainsi ? Les soupçons se portèrent sur Maksim qui fut jugé expéditivement et condamné à mort, tué sous les yeux de Kate Kane qu'il avait accusé précédemment d'avoir semé le trouble dans leur communauté depuis son arrivée.
Mais Kate comprit qu'elle était responsable de la maladie des renards qu'elle avait infectés accidentellement en leur transmettant une bactérie provenant du corail qu'elle avait heurté avant d'être repêchée. Safiyha avait donc sacrifié Maksim en connaissance de cause et se préparait à démanteler son propre gang.
Refusant d'être sa complice, Kate prit la fuite mais Safiyha lança à sa poursuite Tahani pour l'empêcher, à tout prix, de quitter Coryana. Kate parvient à ses fins malgré tout... Aujourd'hui, elle a la conviction que Safiyha est à la tête des "Many Arms of Death" depuis laquelle elle prépare des actes terroristes d'ampleur - et prête, pour écarter Batwoman, à s'en prendre à sa soeur Beth/Alice...
C'est une mécanique décidément bien huilée qu'a développée Marguerite Bennett depuis le début de la série (même si elle a d'abord été aidée par James Tynion IV, dans un rôle de mentor/superviseur) car pile un an après son lancement, on arrive aux révélations expliquant comment et (surtout) pourquoi Kate Kane a quitté l'île de Coryana et son amante Safiyha Sohail. Un an dans le passé pour mieux éclairer l'année présente et sa collection de péripéties avec la mission donnée par Batman à Batwoman de démanteler l'organisation "Many Arms of Death".
On mesure donc avec quelle rigueur et quelle application la scénariste a à la fois respecté son plan tout en semant les indices. Le lecteur a avancé à la même vitesse que Batwoman dans cette enquête, partageant son trouble, ses doutes, ses incertitudes, mais aussi sa détermination, sa pugnacité, et sa croyance dans l'identité du coupable - même si, sur ce dernier point, on le verra dans le numéro suivant, l'auteur nous a réservés une surprise...
Ces deux épisodes soulignent aussi l'importance des femmes qui ont entouré/entourent Kate/Batwoman : dans un premier temps, elle doit retrouver Julia Pennyworth, qui l'assiste dans ses missions, alors qu'elle a été enlevée par le Pr. Pyg. Celui-ci est un des méchants les plus grotesques, inquiétants et contestés de la galerie d'ennemis de Batman : affublé d'un masque porcin, il pratique des expériences sur ses victimes pour en faire ses laquais. Visuellement, il semble sorti d'un cartoon mais psychologiquement il émane de lui quelque chose de profondément malsain qui contredit son aspect ridicule. C'est en fait comparable au clown Pennywise du roman ça de Stephen King.
Passé ce chapitre, vite expédié bien que livrant des informations qui désarçonnent Batwoman (et qui voit le méchant lui échapper), Bennett revient au coeur de sa saga, la mythologie établie dans son run, la fameuse "année perdue" de Kate Kane passée sur l'île de Coryana et sa romance avec la pirate Safiyha Sohail. Comme le promet la couverture, on va enfin savoir comment elles se sont achevées.
La narration se fait encore plus nerveuse, tendue, intense, atteignant un vrai pic avec l'exécution de Maksim, la découverte de la véritable raison de la mort des renards, de la duplicité de Safiyha, la rivalité explosive entre Kate et Tahani. De nombreuses pièces du puzzle s'assemblent alors et le lecteur partage avec Batwoman une conviction terrible sur les projets de son ex-amante, liés à l'organisation des "Many Arms of Death". De l'art d'utiliser un flash-back avec à-propos et efficacité, juste avant d'entamer la "saison 2" de la série.
Pour ces deux épisodes, Scott Godlewski remplace Fernando Blanco (qui reviendra au #13). Ce dessinateur, révélé par la série Copperhead (écrite par Jay Faerber chez Image, avant qu'elle ne soit interrompue puis relancée avec un autre graphiste récemment), a rejoint DC Comics où il cherche encore sa place (on l'a vu participer au Superman de Peter J. Tomasi en fill-in de Patrick Gleason).
Animer une héroïne, au caractère bien trempée et dans le feu de l'action, ne le dépayse guère puisque c'était déjà le cas de la shérif Bronson de Copperhead. On remarquera cependant qu'il a modifié un peu son style : Godlewski faisait penser à un Scott Murphy plus calme, avec un trait moins saturé de hachures, mais avec des éléments communs (une tendance à privilégier les formes anguleuses, y compris anatomiquement, et un soin apporté aux détails des décors).
Peut-être plus pressé par le temps, il rend une copie moins peaufinée mais néanmoins excellente. Son dessin a gagné en nervosité ce qu'il a perdu en précision, mais c'est un mal pour un bien car la narration est très dynamique. Godlewski multiplie les angles de vue, varie son découpage, et la colorisation de John Rauch donne beaucoup de force aux scènes (en particulier nocturnes).
La suite, très vite, promis, avec des twists percutants, le retour de Fernando Blanco, et Marguerite Bennett toujours aussi captivante !
La suite, très vite, promis, avec des twists percutants, le retour de Fernando Blanco, et Marguerite Bennett toujours aussi captivante !
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