La préface de ce sixième tome de la série est écrite par Tony Harris, le dessinateur et co-créateur de Starman, qui indique que s'y trouvent les derniers épisodes qu'il a mis en images (même s'il continuera ensuite à produire des couvertures pour le titre). C'est aussi un tournant pour le scénariste James Robinson qui prépare pour Jack Knight un nouvel acte dans ses aventures qui se prolongera dans les deux recueils suivants.
- Annual #2 (dessiné par Mitch Byrd et, pour les flash-backs, Stefano Gaudiano, Gene Ha et Steve Yeowell.) - Sa relation en couple avec Sadie Falk oblige Jack Knight à réfléchir au risque que fait courir sur elle son activité de héros. Il en discute avec elle en relatant trois histoires où divers protecteurs d'Opal City ont dû sacrifier leur amour pour leur devoir :
- Brian Savage alias Scalphunter fut le shérif de la ville dans les années 1900 et vécut une romance avec la riche Margaret DeVere au détriment d'Annie. Mais mal en l'aise dans la haute société, et menacé par un bandit qu'il finira par exécuter, il préféra se retirer et retourner auprès de sa première maîtresse ;
- Ted Knight, son propre père, vécut une passion éphémère avec sa partenaire au sein de la Justice Society of America, Dinah Lance alias Black Canary. Mais ils se séparèrent lorsqu'un détective maître-chanteur menaça de tout révéler et pour épargner leur conjoint respectif ;
- David Knight, le frère aîné de Jack, rompit avec sa fiancée Anne la veille de sa mort pour ne pas négliger l'héritage de Starman.
Aujourd'hui, Sadie avoue à Jack que son frère était Will Patton, le prédécesseur de David en tant que Starman, et lui demande de partir à sa recherche dans l'espace.
- Crossover Starman (#39-40. Dessinés par Tony Harris) / The Power of Shazam (#35-36. Ecrits par Jerry Ordway, dessinés par Peter Krause.) - 1942. Starman et Bulletman sont envoyés par le président Roosevelt pour une mission secrète en Alaska, supervisée par Jack Weston alias Minute-Man.
Pendant ce temps, à New York, des nazis équipés de jets dorsaux coulent le bateau "le Normandie" et l'attaque est filmée par un caméraman. Sur son film on peut voir que c'est Bulletman qui mène cette agression !
De nos jours, ce document refait surface dans les médias et Jim Barr (Bulletman) est sommé de s'expliquer. Il s'évade de la prison, dans laquelle l'a enfermé le commandant Steel, avec l'aide de sa fille Deanna et part se réfugier à Opal City chez Ted Knight. Shazam est chargé d'aller l'y chercher et, pour le distraire, Jack doit lui faire face.
Cependant, Jim Barr et Ted Knight retournent à Fawcett City où Mary Marvel prouve l'innocence de l'ex-Bulletman. Une conférence de presse en plein air est organisée au cours de laquelle Shazam et Starman appréhendent un groupuscule nazi qui avait piéger Barr et voulait le tuer.
- Villain's redemption (#41. Dessiné par Gary Erskine.) - Jack parle à son père de son projet de voyage dans l'espace pour retrouver le frère de Sadie dans l'espoir qu'il lui trouve un vaisseau. Cependant, Matt O'Dare et the Shade éliminent tous ceux qui pourraient entacher la carrière du policier autrefois corrompu. Matt parle avec Carl Earl, the Shade tue le caïd Milo Draper. Hope, la soeur de Matt, lui pardonne ses méthodes puis the Shade est disposé à lui parler de Brian Savage/Scalphunter dont il croit que l'aîné des O'Dare est la réincarnation.
- Knight's past (#43. Dessiné par Tony Harris.) - Jack ouvre enfin sa nouvelle boutique et la fait visiter à Ted - celui-ci a contacté Jay Garrick qui a appelé Flash pour trouver une fusée à Jack. Ce dernier rencontre alors la Justice League of America mais l'équipe ne peut lui prêter un vaisseau sans savoir s'il sera récupérable. The Shade intervient alors et présente à Jack l'appareil ayant appartenu à Brian Savage. Durant son absence, la boutique est confiée à Sadie.
- Destiny (#45. Dessiné par Tony Harris.) - Jack confie à Jake "Bobo" Benetti le soin de veiller, avec les O'Dare et the Shade, sur Opal City. Ted équipe le vaisseau de Brian Savage d'une boîte-mère prêtée par Orion pour pister la signature énergétique de Will Patton. Mikaal Tomas (le Starman alien bleu) avoue à son amant qu'il accompagne Jack qui demande à Sadie de l'épouser à son retour. Puis c'est l'heure du départ pour Starman.
On le devine avec le résumé des huit épisodes de ce recueil, ce sixième tome marque une transition dans la série. Comme le dit Ted Knight dans le dernier chapitre, Starman rejoint les étoiles auxquels, finalement, il appartient, comme son nom l'indique.
James Robinson écrit tout cela avec un mélange de légèreté et de mélancolie comme on peut en ressentir à la veille d'un grand voyage qui vous éloigne des être aimés et qui vous entraîne dans une quête grisante mais improbable. Mais ce qui se joue ici, c'est surtout la fin d'une époque et le début d'une autre pour Jack Knight : devenu un héros digne de ce nom, assumant son rôle de protecteur d'Opal City, ayant prouvé sa valeur, s'étant attaché des alliés, il n'a plus rien à prouver sur ce plan-là. Il s'envole donc pour l'espace par amour après que Sadie lui ait avoué s'appeler en vérité Jayne Patton et que son frère était Will Patton, le Starman actif entre la retraite de Ted Knight et le bref service de David Knight. Présumé mort, elle a pourtant la conviction qu'il est encore là, quelque part, ailleurs mais loin.
Jack doit donc se débrouiller avec ça : il est d'abord stupéfait de découvrir que Sadie lui a menti et s'/l'interroge pour savoir si elle l'a séduit uniquement pour avoir son aide. Puis, une fois qu'il a la conviction que leur amour est sincère et partagé, il prépare son départ et son voyage. Il essuie plusieurs échecs avant de pouvoir partir - la Justice League refuse de lui prêter un vaisseau spatial, mais finalement the Shade va le dépanner.
Avant cela, on a droit à un crossover entre les séries Starman et The Power of Shazam. Honnêtement, on s'en serait passé, mais il semble que DC ait voulu à l'époque exploiter le succès du titre de James Robinson pour aider celui de Jerry Ordway, qui s'employait à restaurer le lustre de Shazam (dont l'éditeur ne savait trop quoi faire). L'intrigue est bien ficelée et a le mérite de ne pas s'étendre (quatre épisodes), mais la mayonnaise ne prend jamais vraiment, comme si le choc culturel était trop fort. En effet, quoi de plus incongru que d'opposer puis réunir Jack Knight, alors l'archétype du héros moderne (tout en honorant le passé des super-héros), et Shazam, le "big red cheese", créée à la même époque que Superman (dont il fut un sérieux rival commercial à l'origine, quand Fawcett en détenait les droits) et parangon du surhomme magique en collants et encapé ? Par ailleurs, si Tony Harris affiche la grande forme graphiquement, le duo Peter Krause-Dick Giordano supporte mal la comparaison avec un dessin peu dynamique, déjà vieillot.
L'Annual #2 de Starman qui ouvre le recueil est une merveille en revanche : Robinson a recours à un procédé qu'il affectionne en mettant en parallèle présent et passé, le second éclairant le premier, pour philosopher sur le sacrifice des héros amoureux. Ce dilemme moral touche de plein fouet Jack Knight et entretient ses doutes à la lumière des mésaventures traversées par Brian Savage/Scalphunter, Ted Knight et Black Canary, et David Knight. De façon subtile et touchante, le lecteur comprend avec ces trois exemples le tourment de l'actuel Starman. Les segments se déroulant dans le passé profitent de très bons artistes comme Stefano Gaudiano (qui sera plus tard, longtemps, l'encreur de Michael Lark sur Gotham Central puis Daredevil), Gene Ha (le co-créateur avec Alan Moore de Top Ten - le flash-back le plus réussi du lot - et Steve Yeowell - qui succédera éphémèrement à Harris comme dessinateur de la série).
Les épisodes 41, 43 et 45 sont autant d'étapes avant le grand saut. Le tandem Matt O'Dare et the Shade est le plus dispensable, cette idée de faire du policier la réincarnation de Scalphunter convaincant difficilement. Tony Harris livre ses deux dernières contributions ensuite avec une inspiration visuelle inégale : il est clair qu'il fatigue, ses décors sont moins fouillés (hormis pour l'intérieur de la boutique de Jack et le design du vaisseau de Brian Savage), son découpage moins inventif, mais quand il s'en donne la peine (comme lors du décollage de la fusée), il sait encore nous en mettre plein la vue. Quant à Robinson, il reste fidèle à sa pudeur exemplaire pour la scène des adieux (ou plutôt des au revoir).
Inégal dans le fond comme sur la forme, To Reach the Stars n'est cependant pas sacrifiable pour apprécier la suite des aventures de Starman, qui vont prendre un tour beaucoup plus cosmique tout en restant profondément humain. La suite dans A Starry Knight...
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