Nous voilà au quart de cette maxi-série et Old Man Hawkeye #3 offre encore sa dose de grand spectacle dans ce futur post-apocalyptique où les héros ont été défaits par les méchants. Il n'est plus temps de considérer ce spin-off de Old Man Logan comme un ersatz, mais bien comme une des meilleures productions actuelles de Marvel (dont les annonces pour son énième statu quo, "Fresh Start", ne me convainquent pas du tout).
Hawkeye entre dans le Murderworld d'Arcade où, après avoir assisté au tabassage d'un comédien en habit de Captain America, est reconnu par une vieille aveugle, Mme Web qui l'invite dans sa tente pour lui dire la bonne aventure. Elle lui recommande d'abandonner ses projets de vengeance qui, outre qu'ils ne lui rendront pas ses amis morts, risquent surtout de lui coûter la vie.
Cependant, Bullseye autopsie the Orb (qui ne semble pourtant pas encore mort...) afin de savoir où s'est déplacé Clint Barton. Il est interrompu par Crâne Rouge, furieux qu'il n'ait pas répondu à ses derniers appels, mais le marshall s'est fixé une mission prioritaire et répond à son supérieur qu'il dispose de bien d'autres tueurs pour s'occuper des basses oeuvres.
Tonya, l'ex-femme de Clint, reçoit la visite tardive de la barmaid où l'archer a agressé the Orb. Poursuivie par ses ennemis, elle veut récupérer sa moto et décamper le plus loin possible. Mais dehors, les Venoms entendent tout de l'échange entre les deux femmes et apprennent où l'archer s'est rendu.
Retour au Murderworld d'Arcade : Clint entre sous un chapiteau et dans la loge d"Erik Josten, son ancien partenaire au sein des premiers Thunderbolts, qui se donne en spectacle dans des combats. Il a pour survivre trahi les héros qui l'ont toujours considéré comme un vilain et les vilains qui l'ont toujours considéré comme un félon.
Les deux anciens acolytes s'affrontent dans un combat spectaculaire au terme duquel Hawkeye tue Atlas et repart. Plus tard, le marshall Bullseye arrive sur place et identifie la victime : il sait maintenant que Barton va traquer tous les anciens Thunderbolts encore en vie.
Jusqu'à présent, Ethan Sacks s'est, mais c'est déjà beaucoup et surtout essentiel, "contenté" de poser son décor - l'Amérique après la chute des super-héros suite à une attaque orchestrée de super-vilains - et de déterminer les enjeux de son récit - la vengeance de Hawkeye avant qu'il ne perde la vue. Le lecteur évoluait avec le héros dans un cadre mixant éléments tirés du western et de Mad Max, tout en découvrant que Clint Barton laissait derrière lui pas mal de monde déterminés à lui faire la peau - le marshall Bullseye, Venom qui a pris les cadavres de l'Homme Multiple pour hôtes.
Il restait à savoir de qui allait précisément se venger Hawkeye, en gardant donc en tête ce compte à rebours concernant sa cécité et le nombre de ceux résolus à l'exterminer, sans se soucier de sa mission. Avec ce nouveau chapitre, le scénariste éclaircit de manière décisive notre lanterne.
Désormais, en effet, tout fait sens : pourquoi Bullseye est-il si ravi d'en découdre avec Barton ? Parce que, lorsqu'il fut membre des Dark Avengers, c'est lui qui hérita du pseudonyme et du costume de Hawkeye dans l'équipe dirigée par Norman Osborn/Iron Patriot. Tuer Barton, c'est tuer celui dont il avait usurpé l'identité un temps, se mesurer à l'original en quelque sorte.
Quant aux cibles de Barton, ce sont les premiers Thunderbolts, dont il fut le chef dans la série de 1997, écrite par Kurt Busiek et dessinée par Mark Bagley. Petite piqûre de rappel : après la disparition des Vengeurs et des Quatre Fantastiques lors du crossover Onslaught (en 1996), une nouvelle équipe de super-héros, les Thunderbolts, apparaît pour combler le vide laissé. Mais à l'issue du premier épisode, ces nouveaux héros se révèlent être d'anciens super-vilains, les Maîtres du mal, revenus sous de nouvelles identités. Certains, pourtant, prendront goût à être des justiciers oeuvrant pour le Bien. Le groupe est constitué de Helmut Zemo, fils du Baron Zemo devient Citizen V ; Le Scarabée devient Mach-1 ; Screaming Mimi devient Songbird ; Fixer devient Techno ; Goliath devient Atlas ; et Moonstone devient Météorite.
Sacks inscrit donc son récit dans une continuité même si la saga est censée se dérouler dans un futur alternatif. Les retrouvailles de Hawkeye avec Atlas donnent lieu à une discussion sans ambages et aussitôt après à un affrontement grandiose. On en a pour son argent, plus encore que lors de la descente de l'archer dans le bar où il a débusqué the Orb le mois dernier.
C'est que Marco Checchetto accomplit là ce qui pourrait bien être sa meilleure prestation de sa carrière. Je l'ai déjà dit et je me répète donc, mais cet univers de rouille et d'os, de sang et de poussière, lui va comme un gant, il s'y éclate manifestement, mais surtout produit des pages sensationnelles. Bien entendu, quand il s'agit de mettre en scène une baston aussi épique que celle de cet épisode, c'est déjà impressionnant, et le luxe de détails qu'il dispense vaut celui qu'on trouvait sous le crayon débridé de Hitch à l'époque de Ultimates - pas moins !
Mais quand il s'agit de poser des situations moins mouvementées, sa créativité n'est pas au repos, avec toujours le souci de rendre la scène intense, de souligner chaque effet pour le rendre mémorable. L'autopsie de the Orb, le dialogue de Tonya et la barmaid avec les Venoms dehors, ou surtout la séance avec Mme Web dont les visions sont illustrées par la fumée de sa tasse sont extraordinaires.
La colorisation d'Andres Mossa est aussi essentielle au plaisir qu'on éprouve à cette lecture : la palette qu'il a choisie se limite souvent à peu de couleurs, mais instaure tout de suite un climat, une ambiance, une texture frappantes, comme pourrait le faire une bande-son dans un film.
Dans la production sinistre de Marvel ces temps-ci, Old Man Hawkeye n'a aucun mal à se distinguer : c'est d'abord par son excellence que cette maxi-série séduit, l'exigence de son équipe artistique, et sa puissante simplicité (on n'a aucun mal à rentrer dans chaque nouvel épisode car on n'a rien oublié du précédent) ensuite qu'Ethan Sacks et Marco Checchetto gagnent la partie. Ils cherchent à raconter avec soin une bonne histoire : simple, évident, mais pas pour tout le monde dans la "maison des idées" apparemment.
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