BLOTCH : OEUVRES COMPLETES rassemble en un seul volume l'Intégrale de la série écrite et dessinée par Blutch, publié par Fluide Glacial.
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BLOTCH : LE ROI DE PARIS est le premier tome de la série, écrit et dessiné par Blutch, publié en 1999 par Fluide Glacial.
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(Extrait de la première histoire de
Blotch : Le roi de Paris.
Textes et dessins de Blutch.)
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BLOTCH : FACE A SON DESTIN est le second tome de la série, écrit et dessiné par Blutch, publié en 2000 par Fluide Glacial.
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(Extrait de la première histoire de
Blotch face à son destin.
Textes et dessins de Blutch.)
1936-37. Paris. Blotch est caricaturiste pour le journal "Fluide Glacial". Artiste talentueux à l'humour volontiers vulgaire, c'est surtout un odieux personnage. Imbu de lui-même, il est vrai mufle, raciste et méprisant avec ses collègues (Gouttelette, dessinateur "caustique" ; Larssinet, dessinateur "à l'ancienne").
Il a un grand rival, qui travaille pour le nouranl concurrent "Le Rire Populaire, Jean Bonnot (de son vrai nom Frantz DeWiller, avec lequel il a étudié à l'Académie des Beaux-Arts).
Blotch déteste les peintres cubistes, les comédiens, le cinéma, les enfants, les jazzmen.
En revanche, c'est un redoutable courtisan qui fayote avec son rédacteur en chef (Delapiche) et se courbe devant le président fondateur de "Fluide Glacial" (M. Marcel), un grand bourgeois dont il envie le train de vie.
Son caractère libidineux ne connaît pas de limites, comme lorsqu'il reluque la fille de sa concierge (une insolente gamine de dix ans) ou sa compagne Georgette (qu'il trompe avec une certaine Yvonne) et d'autres filles légères. Il drague sans se gêner la secrétaire de Delapiche et n'hésite pas à usurper l'identité de Jean Bonnot pour séduire la comédienne Nora Foster.
Mais lorsqu'un vieil ami, devenu portraitiste canin à succès (Maxime Lomblond), le persuade qu'il peut (re)prendre la peinture, l'orgueil de Blotch risque de le perdre... Et pour retrouver sa place au journal, il devra accepter des concessions. Mais en tirera-t-il la leçon ? Rien n'est moins sûr !
Dans l'abondante bibliographie de Blutch alias Christian Hincker, Blotch occupe une place à part : ce titre n'a connu qu'une brève existence dans les pages du journal "Fluide Glacial" et deux albums (réunis en une Intégrale), mais sa lecture est à la fois troublante et jubilatoire.
En choisissant de nommer son (anti) héros pratiquement comme lui, l'auteur invite le lecteur à penser qu'il s'agit d'une sorte d'autoportrait bien singulier : comme Blutch, Blotch est un artiste indéniablement doué. Par contre, c'est un personnage absolument imbuvable, détestable, irrécupérable, qui fait rire par l'énormité de ses défauts, quitte à déranger souvent.
La démarche précède ce que Michel Hazanavicius a fait avec OSS 117 incarné par Jean Dujardin, et adapté par Jean-François Halin : il s'agit d'animer un individu dont le comportement est délibérément choquantes aujourd'hui mais reflétaient certainement des opinions courantes à l'époque de ses aventures. En 1936-37, un parvenu comme Blotch s'accommodait mal du Front Populaire, considérait les noirs comme des sauvages et considérait les femmes sans estime.
Blutch choisit de ne rien sauver chez son personnage : il n'a aucun respect pour ses amis : ainsi juge-t-il avec dédain Roland Perrin (devenu un "minable" décorateur de théâtre), néglige-t-il Georgette (même si, là, il le paiera cher), flatte (tout en étant dégoûté) le journaliste scientifique et homosexuel Léandru, etc. C'est cruel, féroce, mais très drôle.
Ce bonhomme, vaniteux et insupportable, qui se targue d'être tour à tour un dieu, la fierté de la France, le meilleur de sa profession, le génie de son temps, avec le plus grand sérieux, sera pourtant régulièrement humilié par son concurrent honni (Jean Bonnot), Georgette elle-même, et le sort vengera le débutant Goussein et le trompettiste (noir américain) Arthur Briggs et Nini la gitane (sa première muse, quand croyant pouvoir s'imposer comme peintre, il claque la porte de "Fluide Glacial". Le lecteur se délecte alors d'assister à la déchéance de ce sombre crétin qui devra se résoudre à vendre un dessin au "Rire Populaire" (dont le directeur finira par l'ignorer pour ne pas fâcher Jean Bonnot, sa vedette) et ramper pour convaincre Delapiche de le réengager (moyennant un salaire à la baisse).
Le dessin de Blutch, en noir et blanc, est merveilleux, le trait à la fois délié, vif et précis, croquant des personnages grotesques avec une évidente jubilation mais surtout un formidable brio. Le format court des histoires (5 pages, 18 récits complets sur deux tomes) impose un découpage rigoureux, mais qui souligne les gags, les expressions, la gestuelle avec une redoutable précision.
Pour les images illustrées par Jean Bonnot, Blutch a laissé la place à Jean-Michel Thiriet et pour celle du débutant Goussein, c'est Daniel Goossens qui s'y colle : des guests de luxe. On y croise aussi Hergé, quelques seconds rôles rappelleront aux plus bédéphiles des artistes célèbres du 9ème Art contemporain...
Amateur d'humour mordant, ne manquez pas de découvrir cette pépite.
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