vendredi 6 mai 2016

Critique 882 : LES INDESTRUCTIBLES, de Brad Bird


LES INDESTRUCTIBLES (en v.o. : The Incredibles) est un film d'animation réalisé et écrit par Brad Bird.
La musique est composée par Michael Giacchino.
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Les voix françaises des personnages sont :
 Mr Indestructible / Bob Parr : Marc Alfos 
 Elastigirl / Helen Parr : Déborah Perret
 Violet Parr : Laure Pester
 Flêche / Dash Parr : Simon Konkissa
 Edna Mode : Amanda Lear
 Mirage : Juliette Degenne
 Syndrome / Buddy Pine : Bruno Salomone
Frozone / Lucius Best : Thierry Desroses
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Buddy Pine est le plus grand fan du super-héros Mr Indestructible qui est, lui, singulièrement agacé par cet adolescent. N'ayant pu arrêter le super-vilain Folamour, le justicier est aussi bientôt poursuivi en justice par un civil qu'il a empêché de se suicider et par les autorités à cause des dégâts matériels occasionnés par ses combats. Le gouvernement décide alors de légiférer contre les hommes et femmes masqués qui quittent la scène.  
Bob et Helen Parr

15 années passent. Mr Indestructible a repris son identité de Robert Parr et mène une existence rangée, dans un pavillon de banlieue, avec sa femme, Helen,  l'ex-Elastigirl, et leurs trois enfants : l’aînée Violet, capable de devenir invisible et de créer un champ de force ; Dash dit "Flèche" qui peut se déplacer à grande vitesse ; et Jack-Jack, encore bébé. Bob travaille dans une société d'assurances dont il finit par être licencié après s'être mis en colère contre son chef, mais il le cache à son épouse. 
De gauche à droite :
Jack-Jack, Helen, Violet, "Flèche" et Bob Parr.

C'est alors qu'il reçoit un message de Mirage, une jeune femme qui désire recruter Mr Indestructible pour une mission secrète contre une forte somme d'argent. Bob accepte et raconte à Helen qu'il doit s'absenter, à plusieurs reprises, pour les assurances. Mais sa femme commence à se douter qu'il ment et pense qu'il a une maîtresse.
Mirage et Mr Indestructible

Bob est tout de même curieux de savoir qui est le patron de Mirage et quand il découvre qu'il s'agit de Buddy Pine, devenu un richissime inventeur et super-vilain sous le pseudonyme de Syndrome, il est capturé.
Syndrome

De son côté, Helen apprend la vérité sur les voyages de son mari grâce à Edna Mode, qui confectionne des costumes pour les super-héros et qui y a intégré une balise miniature permettant de localiser Bob. 
Edna Mode et Helen Parr

Elastigirl reprend du service et part à la recherche de Mr Indestructible, suivie par Violet et Flèche jusqu'à l'île où Syndrome a son Q.G.
Les Indestructibles !

Là, la famille découvre que Buddy Pine compte envoyer un robot de combat en ville et le désactiver afin que la population le prenne pour un héros...

Ne cherchez pas/plus : le meilleur film de super-héros est et reste Les Indestructibles, comme on a pu le vérifier hier soir lors de sa rediffusion sur M6. Cocktail idéalement dosé d'action, d'humour, avec des personnages fortement caractérisés et attachants, et une intrigue palpitante et pétillante, il réussit à combiner tous les éléments à la perfection, comme aucun long métrage "live" n'y est parvenu.
Le casting vocal original
(notez que Brad Bird, le réalisateur, double Edna Mode en v.o. !)

En 2004, pour la première fois pourtant, c'était la première fois que le studio Pixar choisissait des êtres humains comme personnages principaux. L'autre pari  était de confier l'écriture et la réalisation à Brad Bird dont le précédent film d'animation, Le géant de fer, malgré de très bonnes critiques, n'avait pas rencontré un grand succès public.

La première réussite du film est de ne pas avoir cherché à s'inscrire dans l'hyper-réalisme, donc à délaisser les techniques mises en oeuvre sur des productions comme Final Fantasy et Le Pôle Express. En lieu et place, Brad Bird a préféré, avec intelligence, un graphisme "cartoon" plus traditionnel mais bénéficiant des finitions des images de synthèse.

Les personnages profitent de designs et de traits épurés mais très expressifs, et l'animation est aussi impressionnante de vivacité et de précision. Le rendu des textures est particulièrement remarquable, même pour un film qui a déjà douze ans d'âge. Les décors sont aussi élaborés avec une finesse dans la définition qui laisse pantois, qu'il s'agisse des séquences urbaines ou dans la jungle de l'île où opère Syndrome.

Le récit est mené tambour battant, comme souvent chez Pixar, les rebondissements s'enchaînent à toute allure, l'intrigue est admirablement ficelée. L'introduction est particulièrement jouissive avec la présentation de l'âge d'or des super-héros et leur retraite, traitées à la manière d'archives d'actualités (on reconnaîtra d'ailleurs la voix de Patrick Poivre d'Arvor dans les commentaires de ce prologue).  On peut juste regretter de ne pas savoir comment les justiciers ont acquis leurs pouvoirs, mais c'est un tout petit bémol.

La description de la vie de la famille Parr, l'amitié de Bob avec Lucius Best (alias Frozone), les relations entre la personnalité des enfants et leurs pouvoirs (Violet capable de devenir invisible est d'une timidité maladive, "Flèche" qui court à grande vitesse est farceur et insolent), sont fabuleusement inspirées.

Brad Bird manie les références avec un authentique génie, adressant des clins d'oeil qui raviront les fans de comics : les Indestructibles font penser aux Quatre Fantastiques, mais avec des aptitudes différentes (la rapidité de Flèche évoque Flash ou Quicksilver, l'invisibilité et le champ de force de Violet renvoient à Sue Richards, Elastigirl reproduit de manière féminine Red Richards ou Ralph Dibny et Plastic Man, Frozone rappelle Iceberg, Mr Indestructible Hercule, Syndrome le Dr Fatalis...).

A la caricature de l'embourgeoisement et de l'ennui d'une vie rangée succède une relecture brillante des codes du film d'espionnage (éloquente dans la partie où Mr Indestructible est sur l'île de Syndrome), la parodie de la mode (avec le personnage de Edna), et une version des blockbusters à grand spectacle (avec le dernier acte mettant en scène le robot géant). 

C'est sans doute parce qu'il ne se cantonne pas au registre super-héroïque que le film est si réjouissant : il ironise sur les icônes populaires sans jamais sombrer dans le sarcasme, il mixe James Bond et les BD de Marvel et DC Comics, abonde en "morceaux de bravoure" (la scène des portes avec Elastigirl, la course poursuite de Flèche dans la jungle), sans jamais lever le pied mais sans non plus expédier aucun de ses blocs narratifs. Le script se permet même quelques réflexions sur l'identité (son affirmation, sa protection, mais aussi la tolérance de celle des autres - pertinent quand on est doté de pouvoirs qui vous mettent forcément à l'écart du commun des mortels) la véritable cruauté des méchants (qui ne soucie pas de l'âge de leurs victimes). 

Il existe un expression anglaise pour définir ce genre d'oeuvre : "instant classic", classique immédiat. Un titre que mérite ces "Incroyables" distrayant et intelligent, produit par un des cinéastes américains les plus accomplis (comme l'ont prouvé ses films suivants, de Ratatouille à A la poursuite de demain et passant par Mission : impossible - Protocole fantôme).

1 commentaire:

Zaïtchick a dit…

Une critique pertinente à laquelle je souscris sans réserve.