Avec ce sixième épisode, Dark Knights of Steel arrive à mi-parcours de l'histoire alternative racontée par Tom Taylor. Le scénariste est toujours très inspiré (plus que sur Nightwing) et réserve encore bien des surprises au lecteur. Au dessin, Yasmine Putri produit encore une prestation de haut niveau avec le colriste Arif Prianto. C'est un sans-faute.
Dénoncé par John Constantine, Timothy Drake est expulsé du royaume de Pierce. De retour à la Maison des El, il rapporte que Zala Jor-El est accusée du meurtre du roi et de son fils.
Cependant, désespéré, Constantine invoque le démon Etrigan puis s'adresse à son hôte dans l'espoir qu'il ressucite le roi King. Impossible, mais le fils peut être sauvé, en échange d'un lourd tribut.
C'est un plaisir chaque mois renouvelé de se plonger dans le monde de Dark Knights of Steel, cette relecture chevaleresque et fantastique du DCU. Il faut dire que Tom Taylor a construit une histoire captivante et très divertissante.
On est positivement surpris par l'inspiration de l'auteur, qui se montre ici plus régulier que sur Nightwing. Ce n'est pas étonnant dans la mesure où il ne dépend de personne, n'a à composer avec rien d'autre. Mais surtout, on sent Taylor plus à son aise avec ce récit choral que lorsqu'il anime un héros solo (quoique bien entouré) et avec la possibilité de surprendre le lecteur à tout moment.
Dans ce sixième numéro sur les douze que comprendra la mini-série, logiquement on assiste à un basculement, c'est en quelque sorte la fin du premier acte et il faut donc pour Taylor embarquer le lecteur vers la suite et fin en lui promettant que ce sera aussi spectaculaire et inventif. La guerre entre le royaume de Pierce, les amazones et la maison El est donc sur le point d'éclater.
Habilement, Taylor brouille les pistes et nous fait douter de ce à quoi on a assisté depuis six mois. Et si Zala Jor-El n'avait pas tué Jefferson King et son fils ? C'est ce que pense Lois Lane et comme elle incarne la voix de la raison, la plus modérée en tout cas de cette saga, son interrogation nous trouble. Mais n'est-ce pas déjà trop tard ?
Par ailleurs, Taylor aime les twists and turns, ces retournements de situation et ces choses inattendues. Il en use avec parcimonie mais toujours de façon très efficace, comme quand il nous révèle qui est, dans ce contexte, l'hôte du démon Etrigan (mais je ne vous spoilerai pas). C'est en tout cas étonnant et très malin. Il en profite dans cette séquence pour évoquer les Titans, et donc nous devrions bientôt faire connaissance avec les versions médiévales de Nightwing et quelques autres, ce qui est alléchant.
Taylor joue aussi avec ce qui est hors-champ puisqu'on ne voit pas dans cet épisode ce qu'il advenu du Batman, et qu'on ne revoit pas Poison Ivy, encore moins où est l'Homme Vert. En les dissimulant ainsi, le scénariste ménage ses effets et suggère bien sûr que leurs retours, certainement progressifs, vont avoir un impact déterminant sur la suite de l'intrigue. Bien joué.
Yasmine Putri s'est révélée comme une artiste exceptionnelle depuis le début de cette aventure et ce nouveau chapitre ne décevra pas ceux qui ont découvert le travail de cette cover artist depuis six mois. Ce qu'elle produit est simplement superbe.
La maturité dont elle fait preuve dans la narration graphique indique qu'on a affaire soit à une dessinatrice qui s'est sacrément préparée, soit à une surdouée qui cachait bien son jeu derrière des couvertures déjà très abouties mais dont on ne soupçonnait pas le potentiel pour des pages intérieures.
Il y a dans ses compositions une expérience assez hallucinate, elle trouve toujours le bon angle de vue, la bonne disposition pour ses personnages, la bonne valeur de plan. L'histoire est illustrée avec un dosage parfait des effets. L'expressivité des personnages est un autre de ses atouts. Sans oublier le brio avec lequel elle gère les décors (ah, cette dernière page, avec le vaisseau qui emporte les amazones !). La manifestation et la représentation des éléments fantastiques sont également remarquables, soutenues par la colorisation impeccable d'Arif Prianto.
J'adore cette mini-série, qui a un vrai souffle épique, trouve toujours le moyen de nous cueillir plusieurs fois à chaque numéro, et conserve ntact un potentiel formidable pour la suite. Si vous le suivez pas mensuellement pour mieux la savourer en recueils, en vo ou en vf, notez bien quand ce sera disponible car c'est une grande réussite dont on voit mal comment elle pourrait décevoir dans ses six prochains épisodes.
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