S'en prenant, via des intermédiaires, à plusieurs super-héros, Supergirl et Robin partent à la recherche des guerriers ayant vaincu Nheza. Mais ils sont attendus par ce dernier.
Menacé par Felix Faust, Billy Batson (Shazam) reçoit l'aide de Superman et Batman. Mais le sorcier leur tend un piège...
C'est avec une intense jubilation que j'ai lu ce deuxième épisode de World's Finest, une série qui résume un état d'esprit trop rare dans les comics actuels, quelque chose de l'ordre de plaisir pur et du partage, une sorte de feel-good comic.
Il n'est pas étonnant que Mark Waid ait situé son histoire dans le passé (sans préciser exactement l'époque, mais en tenant malgré tout à préciser ce point) : c'est une manière simple et efficace de se démarquer de la production actuelle et de fuir une forme de dramaturgie contemporaine. Comme un retour aux sources, un âge de l'innocence.
Il se dégage en effet de World's Finest un parfum légèrement rétro, vintage comme on dit, mais sans que cela soit trop prononcé. Ce n'est pas un exercice de style passéiste ni nostalgique, mais plutôt une note d'intention de la part du scénariste pour avertir le lecteur qu'il se fiche d'être moderne et préfère être divertissant, intemporel.
Après le cliffhanger dramatique du précédent épisode, Waid ne perd pas de temps et expédie l'opération de Superman par le Chef de la Doom Patrol, une séquence spectaculaire qui met en valeur les méthodes hors du commun de cette équipe de freaks, en relation avec la nature extraordinaire de leur patient. La consigne est de ne pas perdre de temps, ni pour sauver le man of steel, ni pour faire avancer l'intrigue.
On apprend donc ensuite que la Doom Patrol a récemment récupéré une épée légendaire ayant appartenu à un cruel seigneur chinois revenu d'entre les morts et ayant acquis à la fois un pouvoir et une fortune immense avant d'être contenu par un groupe de guerriers. Mais ce Nezha s'est écahppé et s''attaque, avec la complicité de super-vilains, à des justiciers comme il l'a fait avec Superman.
Waid a une nouvelle fois recours à des invités, ce qui va sûrement devenir un gimmick de la série : cette fois c'est au tour de Supergirl d'apporter du renfort à Superman et Batman. Le scénariste, avec un art de la suggestion consommée, nous régale en montrant que la relation entre Supergirl et Robin est glaciale. Il ne nous l'explique pas autrement qu'en faisant allusion à une aventure partagée entre les deux personnages : c'est très drôle tout en invitant le lecteur à imaginer ce qui s'est vraiment passé. En tout cas, les voilà partis à la recherche des guerriers qui neutralisèrent ent incarcérèrent Nezha.
En passant, on voit aussi que Flash, Wonder Woman sont assaillis, et on nous dit que Green Lantern a également des problèmes. Mais un autre membre de la Jusrice League est dans une mauvaise passe : Billy Batson essuie les attaques de Felix Faust qui l'a réduit au silence, l'empêchant ainsi de se transformer en Shazam. Le piège tendu aux trois héros aboutit une fois encore à un cliffhanger plus que parfait (c'est-à-dire qui donne hâte de lire le prochain n°).
On ne s'ennuie donc pas une seconde et tout est bien dosé dans cet épisode, dense sans être indigeste, rythmé sans être précipité. Waid réussit à exprimer un nombre importan d'informations sans perdre le lecteur, et ménage temps calmes et mouvementés avec une maîtrise insolente. C'est l'oeuvre d'un auteur expérimenté qui sait raconter une histoire, simplement, mais avec brio. C'est aussi la différence entre les rockstars des comics actuels qu'on porte peut-être parfois trop vite aux nues et quelqu'un qui n'a plus rien à prouver et qui du coup ne prend pas la pose pour montrer à quel point il est fort.
C'est le même sentiment qu'on ressent en s'extasiant devant les planches de Dan Mora. Il est de ces artistes qui dessinent en donnant l'impression que tout est facile - mieux : que tout ça est follement amusant. Et ce plaisir pris par Mora est contagieux.
Alors que cette semaine on a assisté à un débat présidentiel et que des commentateurs ont reproché au candidat sortant d'être arrogant parce qu'il était simplement compétent (plus que sa concurrente), on pourrait alors pareillement dire que Mora est à la limite de la suffisance. Sauf que c'est tout bonnement un artiste doué, exceptionnellement inspiré et heureux de faire son job. Une sorte de privilège de surdoué, peut-être agaçant je vous l'accorde quand on dessine soi-même en ramant souvent, mais qu'on serait bien ingrat de pointer.
Il y a dans ce dessin une formidable énergie, galvanisante. C'est celle qu'on trouve chez les grands comme Immonen ou Samnee par exemple, des artistes qui ont travaillé pour atteindre le niveau qu'ils ont aujourd'hui et qui l'utilisent non pas pour briller mais pour améliorer l'histoire sur laquelle ils oeuvrent. Mora trouve toujours la bonne façon de raconter une scène par l'image, sa complicité avec Waid est totale, sa maîtrise des personnages, la composition de ses plans, l'expressivité, tout y est. Et la colorisation de Tamra Bonvillain est au diapason, avec un sens de la nuance très appréciable, et un respect absolu du trait.
Par ailleurs, j'ai été soulagé d'apprendre que Mora réalisera tout le premier arc (qui comptera 5 n°) - et j'espère qu'il ne s'arrêtera pas là !
Non, honnêtement, ne pas aimer Batman-Superman : World's Finest me semble aberrant. C'est un grand cru, chaque planche est un kif, l'histoire est jouissive. What else ?
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