Et plutôt deux Captain America qu'un seul puisque Steve Rogers est secondé par Sam Wilson. Le premier grimpe à bord de la fusée armée de Zola tandis que le second s'envole au sommet de l'engin.
Zola assaille les deux Captains avec son arsenal mais les héros résistent vaillamment et réussissent à contrer le plan du génie nazi.
Ne reste plus qu'à envoyer la fusée s'écraser ailleurs pour éviter le cataclysme programmé...
Entendons-nous bien : ce gros épisode (de plus d'une trentaine de pages) n'est pas désagréable à lire, et ça fait tout simplement plaisir de revoir Captain America dans ses propres aventures, détachées de celles des Avengers. Qui plus est si on n'a pas apprécié les runs de Ta-Nehisi Coates, et avant de Nick Spencer ou Rick Remender.
Car, je vous le dis tel que je le pense, depuis Ed Brubaker, j'ai lâché Captain America sans réussir à m'intéresser à ce que ses successeurs proposaient. Je pourrais dire que Remender est celui qui m'a le moins déçu, surtout quand il fait de Sam Wilson le titulaire de la série, dans un registre 100% action. Hélas ! ça n'a pas duré longtemps puisque ces épisodes se déroulaient juste avant l'event Secret Wars de Hickman, après lequel Remender est parti de chez Marvel. Nick Spencer lui a succédé, en conservant Sam Wilson dans le rôle mais avec des intrigues beaucoup plus politiques, avant d'inventer "Captain Hydra" (qui allait mener à l'event Secret Empire).
Quant à Coates, j'ai trouvé les quelques épisodes que j'ai lus de lui totalement soporifiques. J'omets volontairement la très courte période où, avant Coates, Waid et Samnee ont animé Captain America, car le scénariste avait accepté de les écrire par amitié pour son dessinateur qui, lui, avait consenti à les dessiner pour honorer la fin de son contrat d'exclusivité chez Marvel.
Le run de Ta-Nehesi Coates s'est achevé en Juillet 2021. Et depuis plus rien (si ce n'est la mini The United States of Captain America en 5 épisodes, de Christopher Cantwell, qui, déjà, réunissait Steve Rogers et Sam Wilson, mais je ne l'ai pas lue. Bref, ça faisait quand même une paie que le Captain n'était plus dans les stands des comics shops.
Marvel a décidé de faire les choses en grand et d'en donner pour tout le monde, les fans de Steve Rogers, ceux de Sam Wilson, avec des auteurs et des artistes jamais vus sur ces personnages. Et pour lancer la machine, un épisode 0, écrit à six mains. La question qui se pose au bout du bout, c'est : était-ce bien nécessaire ?
En effet, on a du mal à croire que ce qu'on nous raconte là est indispensable. En vérité, ça ne l'est pas, et donc si vous préférez zapper ce numéro, vous ne raterez rien. Mais plus encore, on a du mal à croire qu'ils s'y soient mis à trois pour pondre un épisode dont le propos tient sur un post-it. De quoi s'inquiéter pour la suite ? Non.
Si je ne connais pas le travail de Tochi Onyebuchi, qui écrira dès le mois prochain Captain America : Symbol of Truth (starring Sam Wilson), en revanche j'ai toujours apprécié ce qu'a produit le tandem Jackson Lanzing-Collin Kelly (en particulier leurs épisodes de Green Arrow, hélas ! jamais traduits par Urban Comics - Pourquoi ?). Ces deux-là écriront à partir de Juin Captain America : Sentinel of Liberty (starring Steve Rogers).
Mais revenons à ce #0. L'intrigue est épaisse comme une feuille de cigarette avec Arnim Zola qui menace une énième fois de raser l'Amérique, les deux Captain America qui l'en empêchent, et s'accordent à la fin pour se partager le même pseudo. Et c'est tout ! On ne s'ennuie pas car c'est bourré d'action, très spectaculaire, rythmé, avec l'aspect buddy comic qui marche à fond, mais rien de plus. C'est un peu décevant, mais bon, voilà, c'est compensé par le plaisir de revoir Rogers et Wilson et la certitude que cette fois ça ne se limitera pas à une autre mini-série.
Les dessins sont assurés par Mattia de Iulis, qui a aupravant travaillé sur Jessica Jones (avec Kelly Thompson, qu'il va suivre sur un creator-owned chez Substack) notamment. Son style photoréaliste s'appuie sur un usage forcené de l'infographie, ce qui donne une mélange inégal. En effet, on a l'impression de lire quelque chose qui ressemble beaucoup à du Alex Ross (qui signe la couverture), mais sans la technique et le sens narratif de ce dernier.
Car de Iulis est un storyteller victime de sa technique. Ses cases sont souvent mal composées, et ses enchaînements de plans sont abrupts. Curieusement, il y a parfois un manque de lisibilité au profit d'une image qui veut épater la galerie. Ainsi vous apprécierez chaque goutte de sueur versée par Steve Rogers sous la pression mais ses gestes manquent d'ampleur, de dynamisme.
Pour Sam Wilson, c'est un peu plus réussi car, forcément, ses trajectoires en vol permettent à de Iulis de dessiner des vues plus énergiques. Toutefois, ce n'est qu'à moitié concluant car il se sort trop facilement des difficultés qu'il rencontre (comme lorsqu'il échappe miraculeusement à des centaines de drones en les esquivant).
Je dis ça, mais c'est aussi parce que je ne suis pas le bon client pour ce style graphique, que je trouve trop désincarné. L'hyper-réalisme m'ennuie car j'ai l'impression de lire davantage un roman-photo qu'une vraie BD. Mais sans doute y a-t-il de vrais fans que cela ne dérangera pas.
Symbol of Truth bénéficera du talent de R.B. Silva (Powers of X), bien que je doute qu'il tienne longtemps la cadence mensuelle (mais je peux me tromper). Sentinel of Liberty sera dessiné par Carmen Carnero (Captain Marvel), ce sera (à ma connaissance) la première artiste féminine à dessiner Captain America dans sa série et si j'en juge par les previews qui ont circulé, c'est prometteur.
A suivre donc, même si je suis quasi-sûr de ne suivre que Sentinel of Liberty (tout en essayant quand même au moins le premier épisode de Symbol of Truth).
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