Avec ce 42éme épisode de Catwoman se clôt le premier arc de la série depuis que Tini Howard en a repris la direction. Mais c'est une conclusion à l'image de ce qui a précédé : décevante, sans souffle, sans tension. Nico Leon, après un départ prometteur, a livré sans ciller des planches paresseuses, noyées dans des effets numériques déplaisants.
Entrés par effraction dans sa chambre d'hôtel, les agents d'Eiko Hasigawa préviennent Catwoman que les familles du crime hésitent à la faire tuer par Black Mask. Elle doit convaincre un caïd de l'épargner.
Mais Catwoman n'a plus de temps pour négocier. Elle cible donc directement Roman Sionis/Black Mask, chez qui elle s'introduit pour lui dérober ce à quoi il tient le plus.
Alors que Black Mask tente de forcer la décision auprès des parrains de la pègre de le laisser éliminer Catwoman, elle le contacte en possession du masque qu'il a fait tailler dans le cercueil de son père.
Sionis se rend sur les docks pour récupérer son bien mais il se fait pièger par Catwoman, soutenue par les agents d'Eiko Hasigawa...
Je vais donc rédiger ma dernière critique sur la série Catwoman puisque je cesse de suivre ce titre après ce numéro. J'espérai beaucoup (trop ?) de sa reprise par Tini Howard, déçu aussi que Ram V l'ait quitté aussi rapidement. Mais le compte n'y est tout simplement pas.
Si comparaison n'est pas raison, il faut quand même reconnaître à Ram V qu'il proposait quelque chose qui me convenait davantage. Tini Howard n'a pas tellement bouleversé la donne, s'inscrivant dans les pas de son prédécesseur, mais sur des bases moins lisibles, moins claires dans les intentions. C'est là où le bât blesse : qu'a voulu raconter la scénariste ?
Ram V partait sur un postulat séduisant et simple, avec des références appuyées au run de Ed Brubaker, plaçant Catwoman dans son élément (de retour dans le quartier de Alleytown dont elle voulait reprendre le contrôle pour sauver des jeunes désoeuvrés de la délinquance de caïds locaux). Il lui opposait un méchant retors ( le Père Vallée), des rivaus charismatiques (le Pingouin, le Sphinx). Il aura fallu que Fear State vienne parasiter tout ça pour Ram V se désinvestisse de la série et la quitte.
Tini Howard, elle, est partie sur un statu quo aussi prometteur : Batman quittait Gotham (dans sa propre série, reprise par Joshua Williamson) et laissait donc les hauts quartiers sans surveillance. Mais à partir de là, il a bien fallu constater le gouffre qui existait entre la note d'intention de la scénariste et la réalité de son script : elle promettait le retour d'une Catwoman monte-en-l'air, plus ambiguë dans son positionnement moral, aux prises avec le gratin de la pègre. Le compte n'y est pas.
D'abord parce que le gratin de la pègre en question est incarné par des personnages qui manquent cruellement de charisme. Après le Pingoin, le Sphinx, c'est difficile et ce ne sont pas Eiko Hasigawa, Finbar Sullivan, Don Tomasso, Drago Ibanescu qui risquent de les faire oublier. Ensuite, pour ce qui est de Catwoman, on ne l'a pas vue renouer avec la cambriole (alors qu'on aurait pu penser que l'histoire la verrait être traquée par la pègre après qu'elle l'ait soulagée de quelque magot). Enfin, il y a le cas Valmont.
La couverture de ce n°42 suggère une relation fièvreuse entre le féline fatale et ce tueur, mais il n'en esr rien. Howard a échoué totalement à faire de cette création originale un acteur intéressant, dont le rôle ait un poids sur l'intrigue. On ignore tout de ses motivations, il manque d'épaisseur, a un look sans personnalité (avec qui plus est un masque dont on se demande comment il lui permet de voir !). C'est dommage parce que, là encore, il y avait de quoi créer un anti-héros trouble et troublant, mais c'est raté.
Tout cela aboutit à un sentiment de désintérêt, on a un mal fou à accrocher à ce qu'on nous raconte, au point que la manière dont Catwoman réussit à écarter Black Mask de l'équation (pourtant un de ses ennemis les plus emblématiques) tombe complètement à plat. Idem pour Eiko Hasigawa, une autre figure pleine de potentiel mais trop vaporeuse. Ou le fils Tomasso, Dario, un faire-valoir passable. Quatre épisodes pour ça, c'est maigre, trop maigre.
Graphiquement, la série telle que reprise par Howard offrait à Nico Leon, transfuge de Marvel où il ne s'est jamais imposé au-delà du statut de remplaçant, l'occasion de briller. Le premier épisode et le suivant furent séduisants, imposant un style élégant, malgré un risque évident de surchauffe.
Puis patatras ! Les deux épisodes suivants ont révélé un tout autre visage de l'artiste, noyant ses dessins (ou ce qu'il en restait, c'est-à-dire les personnages) dans des décors numérisés à outrance quand il ne s'agissait pas simplement de photos retouchées. Soudain, on se retrouvait dans des planches dignes d'un Salvador Larroca (dit la photocopieuse), sans charme, sans personnalité. Entretemps, comme pour ne rien arranger, Jordie Bellaire (rescapée du run de Ram V et Fernando Blanco) a été voir ailleurs, remplacée par Veronica Landini (qui n'a pas démérité cependant).
J'observe ici qu'il est parfois difficile pour les auteurs Marvel de se fondre dans le moule DC (Bendis s'y est perdu), et Tini Howard m'a plus ravi avec Excalibur qu'avec Catwoman. J'arrête donc les frais, un peu à regret (car on ne sait jamais si ça aurait pu s'arranger), mais insister n'est pas forcèment gagner au final. Peut-être qu'un jour, à nouveau, quelqu'un saura se saisir de Selina Kyle avec adresse : c'est un personnage qui a toujours brillé par intermittence dans son propre titre.
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