vendredi 24 septembre 2021

NIGHTWING #84, de Tom Taylor et Robbi Rodriguez - FEAR STATE


Nightwing #84 (et 85 et 86) seront des épisodes attachés à Fear State, l'actuelle intrigue de Batman, qui s'étend donc comme un crossover avec d'autres séries. On peut s'étonner, légitimement que Nightwing participe à cette histoire puisque le héros ne réside plus à Gotham, mais Tom Taylor n'a visiblement pas eu le choix et compose cependant habilement avec cette contrainte. Bruno Redondo est absent (il s'acquitte de la couverture toutefois), laissant la place à Robbi Rodriguez au dessin.


Après avoir prononcé son discours sur le grand projet qu'il avait pour Blüdhaven, Dick Grayson patrouille sous le masque de Nightwing dans sa ville. C'est alors qu'il reçoit un message brouillé d'Oracle et décide de partir pour Gotham s'assurer que tout va bien.
 

Il ignore qu'il a été attiré là par l'Anti-Oracle et se rend donc dans Crime Alley comme on le lui demande. Bien entendu, c'est un piège : il est cerné par des Gardiens de la Paix du Magistrat. Mais Batman vient lui prêter main forte.


Se réfugiant dans un appartement, ils se font tirer dessus. Pour épargner les civils à l'intérieur, ils se descendent dans les égoûts de Gotham. Batman résume la situation à Nightwing qui refuse de rentrer à Blüdhaven et demande comment être utile à Gotham.


Nightwing gagne la Tour de l'Horloge où se trouve Barbara Gordon. Les communications brouillées par l'Anti-Oracle, ils doivent s'en remettre à de bons vieux talkie-walkie. Mais Barbara n'entend pas rester là les bras croisés...

De tous les titres liés à Batman, Nightwing est celui qui se détache désormais le plus puisque Dick Grayson n'opère plus à Gotham, il est retourné vivre à Blüdhaven et récemment, dans sa série, ayant hérité d'une fortune léguée par Alfred Pennyworth, il a entrepris d'aider cette cité à grande échelle. Ce choix attire sur lui les regards inamicaux de Blockbuster, qui tient la mairie (même s'il ignore que Melinda Zucco agit contre ses intérêts).

Bref, on est loin du Fear State qui se propage à Gotham et pousse Batman dans les cordes, avec toute sa bande (Ghost-Maker, Harley Quinn, Oracle, Spoiler, Orphan...). C'est pourquoi on pouvait penser/espérer que DC fiche la paix à Tom Taylor et n'implique pas Nightwing dans cette histoire. Mais évidemment, c'était peine perdue.

Pour composer avec ce crossover qu'il n'a sans doute pas voulu, Tom Taylor a dû trouver de quoi attirer à nouveau Nightwing à Gotham. Il le fait en jouant la carte des sentiments : parce que Batman a été son mentor (et que lui a été son premier Robin) et parce que Oracle est Barbara Gordon (son premier - et éternel ? - amour). C'est d'ailleurs en croyant recevoir un appel à l'aide de cette dernière qu'il se rue à Gotham pour s'assurer que rien de grave ne s'y passe. Evidemment, les choses vont vite se gâter...

Tom Taylor a du mérite et du talent, deux qualités indispensables pour se plier à l'exercice ingrat du tie-in, car à vrai dire l'essentiel, le fan le sait bien, se passe dans les pages de Batman (et d'ailleurs, ça m'étonnerait fort que Nightwing, au final, contribue beaucoup à la résolution de la crise). Je ne blame pas DC particulièrement, Marvel fait pareil même quand on nous promet, juré, craché, que non, seule la série principale sera impactée. En vérité, on peut même plutôt féliciter DC de ne pas imposer des events aussi réguliers que Marvel et d'imposer à ses auteurs de marcher au pas (depuis Death Metal en tout cas).

L'épisode se lit vite, il est plein de tonus et Taylor enchaîne les scènes à un rythme soutenu, sans laisser le temps à son héros et à ses lecteurs de souffler. Batman s'invite rapidement dans l'action et à cette occasion le scénariste excelle à mettre en scène la complicité des deux héros, habitué depuis longtemps à se battre ensemble mais aussi à se tenir tête (car Dick Grayson a aussi pris son indépendance avec son mentor depuis longtemps et ce dernier a fini par l'accepter, désormais ils se parlent d'égal à égal). On sent bien la volonté de Taylor de montrer que Nightwing n'est pas un adjoint ordinaire de Batman (et d'ailleurs sur Twitter, il s'amuse souvent à qualifier Batman de sidekick de Nightwing). La dernière page annonce le retour d'une héroïne dont on pensait qu'elle avait pris sa retraite (même si je pense que ce retour n'est que provisoire).

Bruno Redondo a préféré passer son tour pour ces trois épisodes, se contentant de signer les couvertures (mais c'est pour la bonne cause car à son retour, au #87, l'artiste prépare une superbe surprise avec son scénariste). DC a donc fait appel à Robbi Rodriguez pour le suppléeer et c'est un choix plein d'à-propos.

En effet, Rodriguez s'est fait remarquez ces dernières années chez Marvel pour avoir dessiné Spider-Gwen (une Gwen Stacy issue d'une dimension parallèle et pourvue de pouvoirs similaires à Spider-Man). Il était donc tout indiqué pour illustrer les aventures d'un héros acrobate comme Nightwing. Son style n'a cependant rien à voir avec celui de Redondo, avec un trait plus souple, plus exubérant et moins strictement réaliste. Il introduit un aspect un peu cartoon à la série, même si, étonnamment, son découpage reste sobre.

Les décors sont parfois un peu sommaires, car Rodriguez appuie les mouvements, les effets de vitesse, et donc zappe volontiers les arrière-plans. Mais je ne lui en veux pas trop car il n'est que de passage et que le résultat n'est pas désagréable, ça fait le job dirons-nous.

Je pense que la lecture de ces épisodes sera dispensable, mais soyons honnêtes, l'écriture de Taylor et l'énergie de Rodriguez font passer la pilule, pas de quoi se plaindre de cette figure imposée.  

Aucun commentaire: