mardi 2 mars 2021

INFINITE FRONTIER #0

 


Future State est (presque) fini. Place à Infinite Frontier : avec ce numéro 0, DC ouvre un nouvel acte dans l'ère Rebirth. Pour l'éditeur, c'est un vrai test car la crise sanitaire est passée par là, entraînant une vague de licenciements et obligeant à repenser sa gamme de titres. Cette espèce de rentrée des classes marque un régime sec avec beaucoup moins de séries dans les bacs (même si de nouveaux mensuels viendront complèter l'offre plus tard). Infinite Frontier #0, c'est donc une collection de teasers, mais aussi le premier chapitre d'un event qui va se déployer durant toute l'année.

Infinite Frontier framing story
(Joshua Williamson, James Tynion IV, Scott Snyder/John Timms)
 
Plutôt qu'une critique classique, c'est plutôt un passage en revue des divers segments de ce numéro que je vous propose. Car Infinite Frontier, c'est d'abord cela : des amuse-bouche de quelques pages, souvent frustrants, parfois accrocheurs, censés donner l'eau à la bouche. Si Scott Snyder est crédité pour le fil rouge avec Diana Prince, le véritable chef d'orchestre est bien Joshua Williamson, secondé par James Tynion IV. A l'issue de l'event Death Metal (écrit par Snyder), l'amazone meurt et elle accède au Mur-Source désormais détruit. Elle y trouve la Qintessence (les êtres les plus puissants du DCU - le Phantom Stranger, Ganthet, le Haut-Père de Néo-Génésis, le Spectre, Hera, Le sorcier Shazam) qui lui propose de grossir leurs rangs. Pour la convaincre, le Spectre l'accompagne dans une vue d'ensemble du DC-verse post-Death Metal. John Timms dessine.

Justice League (Brian Michael Bendis/David Marquez)

Premier arrêt : Justice League. La série va reprendre avec Brian Michael Bendis et David Marquez. Une des grosses surprises concerne l'intégration dans l'équipe de Black Adam et ce segment suggère que Teth-Adam est devenu un héros après avoir sauvé des innocents d'un super-méchants. Superman est étonné mais positif, Flash plus perplexe. C'est beau et plutôt intrigant.

Batman (James Tynion IV/Jorge Jimenez)

On a ensuite droit à un gros morceau de Batman. Normal, c'est la vedette de DC. James Tynion a achevé une saga (Joker War) qui a sensiblement modifié le statu quo de la série (Bruce Wayne a perdu une grosse partie de sa fortune, le maire de Gotham ne veut plus de justiciers masqués dans sa ville, Barbara Gordon est redevenue Oracle, etc). Ici, on a droit à un prélude au prochain arc (qui démarre dans Batman #106) avec l'Epouvantail mais aussi une nouvelle venue, Molly Miracle, et l'initiation du programme Magistrat (vu dans Future State) avec Simon Saint. C'est ambitieux, déchaîné, à l'image des dessins de Jorge Jimenez.

Superman (Philip Kennedy Johnson/Jamal Igle)

Bon, ensuite, on a des pages peu engageantes sur Wonder Woman (où Hippolyte intronise Nubia comme la nouvelle reine, par intérim, sur Temyscera), avant la série qui sera écrite par Becky Cloonan et Michael W. Conrad et dessinée par Travis Moore (ici remplacé par la médiocre Alitha Martinez). Puis l'insupportable Yara Flor figure à notre époque, quand elle décide de partir pour le Brésil où elle deviendra Wonder Girl, dans la série écrite et dessinée par Joelle Jones.

Je passe rapidement sur Green Lantern : Alan Scott par Tynion IV et Stephen Byrne, totalement dispensable (tout ça pour confirmer que le premier Green Lantern est de retour et annonce à ses enfants, Jade et Obsidian, qu'il est... Gay). Sans intérêt.

L'aperçu de Teen Titans Academy par Tim Sheridan et Rafael Sandoval fait deux pages et on ne peut rien en tirer. DC a décidé d'un titre improbable, qui fait penser à Avengers Academy, pour ne sacrifier aucun Titan (jeune ou ancien). Bof.

Non, ce qui est retient l'attention, c'est le segment sur Superman que Philip Kennedy Johnson va écrire et qui annonce un funeste destin pour Jon Kent. Jamal Igle dessine, c'est joli mais un peu fade.

Green Arrow & Black Canary (Joshua Williamson/Alex Maleev)

Les deux pages consacrées à Green Arrow & Black Canary, mais surtout au retour d'un héros mort durant Heroes in Crisis, sont frustrantes. Mais Joshua Williamson a le privilège d'être accompagné par Alex Maleev et je rêve de revoir une série avec Dinah Lance et Oliver Queen, surtout dessiné par cet artiste que j'adore.

Tous ces avant-goûts, c'est un peu comme une compilation de bandes-annonces au cinéma : souvent superficiels, pas forcément super-engageant. Je ne suis pas motivé pour suivre Green Lanterns (par Geoffrey Thorne et Dexter Soy), le retour de Stargirl (par Geoff Johns et Todd Nauck) me laisse indifférent.

Flash (Joshua Williamson/Howard Porter)

Si je mentionne Flash, ce n'est pas pour les dessins, immondes, de Howard Porter (infichu de représnter deux personnages qui se parlent en faisant se croiser leurs regards : c'en est presque comique tant c'est mauvais). En revanche, les destins de Barry Allen et Wally West sont complètement redéfinis dans ces quelques pages, et dans le cas de Barry, il accepte un rôle qui implique le retour de la Justice League Incarnate créée par Grant Morrison à l'issue de The Multiversity. Décidément, Joshua Williamson a du mal à quitter les speedsters...

L'épilogue, affreusement dessiné par John Romita Jr (qui touche vraiment le fond), ne vaut que pour la réapparition d'un méchant emblématqiue, mais franchement pas original. En revanche, Diana refuse d'intègrer la Quintessence et la suite de ses aventures se déroulera au... Valhalla !

Voilà un rapide tour du propriétaire. Si on regarde plus loin, Infinite Frontier connaîtra six autres numéros, écrits par Joshua Williamson et dessinés par Xermanico. Mais quid du contenu de cet event ?

Dans sa structure, il fait penser à Year of the Villain où des one-shots montraient comment lex Luthor offraient plus de puissance à divers méchants pour permettre à Perpetua, la mère du Multivers, d'en reprendre le contrôle. Visiblement, encore une fois, on va lire une histoire qui impactera progressivement les séries emblématiques de DC pour préparer le terrain à une future menace globale en relation avec le méchant qui réapparaît dans l'épilogue.

Concrètement, à partir de ce mois-ci, DC publie : Justice League (Bendis/Marquez) ; Wonder Woman (Cloonan + Conrad/ Travis Moore) ; Superman (Kennedy Johnson/ Scott Godlewski) ; Action Comics (Kennedy Johnson/Sampere) ; Catwoman (Ram V/Fernando Blanco) ; Batman (Tynion IV/Jimenez) ; Detective Comics (Mariko Tamaki/Dan Mora); Batman/Superman (Gene Luen Yang/Ivan Reis) ; Harley Quinn (Stephanie Phillips/Riley Rossmo) ; Suicide Squad (Robbie Thompson/Eduardo Pansica) ; Nightwing (Tom Taylor/Bruno Redondo) ; Green Lanterns (Geoffrey Thorne/Tom Raney) ; Teen Titans Academy (Sheridan/Sandoval) ; Flash (Jeremy Adams/Brandon Peterson) ; The Joker (Tynion IV/Guillem March).  

Mais DC a d'ores et déjà prévu de nouvelles séries, dont les titres et le contenu restent à confirmer. Une renaissance progressive donc. Mais pas de reboot. En revanche, c'en est fini des titres bimensuels, et ça, c'est appréciable. DC préfère miser sur une hausse des prix pour certaines séries en les agrémentant de back-up stories (Justice League Dark par Ram V et Xermanico par exemple).

L'autre élément, plus discutable, c'est l'acte de naissance de l'Omnivers. Entendez que désormais il n'y a pas qu'un seul Multivers mais plusieurs Multivers qui forment l'Omnivers. C'était visiblement pas assez compliqué et fourni. Surtout, ça ressemble à un bras d'honneur à The Multiversity de Grant Morrison, qui avait, notamment dans son Guidebook, procédé à une  recension notable des 52 terres parallèles du Multivers, une base suffisamment riche pour alimenter des tas de séries. Et un effort incroyable pour mettre de l'ordre dans ce foutoir après toutes les Crisis, les reboots

Je ne dirai pas que ce Infinite Frontier #0 est indispensable, mais c'est quand même utile pour la suite. On a échappé à un nouveau reboot, on va peut-être finir par revoir la Justice Society of America, l'offre (pour l'instant) est moins pléthorique (une cure bienvenue, dont devrait s'inspirer Marvel - on peut rêver). C'est plutôt engageant.

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