samedi 21 mars 2020

GUARDIANS OF THE GALAXY #3, de Al Ewing, Nina Vakueva, Chris Sprouse, Belén Ortega et Juann Cabal


Après un premier arc expédié en deux épisodes grisants, Al Ewing doit rebondir sur la mort de Peter Quill/Star-Lord (même si on sait que cette disparition ne saurait être que provisoire). Un défi qu'il relève néanmoins avec plus de roublardise qu'une réelle capacité à générer l'émotion. Ce troisième numéro de Guardians of the Galaxy pâtit en outre de son dispositif graphique, avec quatre dessinateurs très inégaux.


Moondragon, Hercule et Rocket Raccoon sont de retour sur le Halfworld après leur bataille contre les néo-dieux de l'Olympe, au cours de laquelle Star-Lord a trouvé la mort. Ils doivent désormais annoncer la nouvelle à Groot, Drax et surtout Gamora, sa compagne.


Celle-ci le prend évidemment très mal et frappe durement Rocket. Hercule les sépare. Mais la fille de Thanos refuse de revoir son ancien partenaire, rejetant la faute sur lui. Rocket, dévasté, s'éclipse avec Hercule.


Drax s'isole pour méditer et il est rejoint par sa fille, Moondragon, même si la présence de celle-ci est juste tolérée par Gamora. Ils échangent sur le sens de la vie, la mort qu'ils ont tous deux expérimentés, et la manière de composer avec leur existence altérée.


Gamora est dans la chambre qu'elle partageait avec Peter Quill/Star-Lord. Bien que n'étant pas croyante, elle s'interroge sur la fatalité qui semble les poursuivre. Mais quand Drax, Groot et Moondragon l'appellent pour une mission, elle répond présente.


Ailleurs, Black Jack O'Hara s'en remet à Mr. Gwanbarque pour lui trouver des ennemis à tuer, tout en refusant de croiser Rocket qui l'a battu par le passé. Coup du sort : il reçoit alors un appel et reçoit la mission de trouver et tuer Rocket.

On se rend compte, par ricochet, d'une série à l'autre à quel point Jonathan Hickman, depuis House of X-Powers of X a ringardisé des concepts, des astuces sur-exploités par ses collègues pour dynamiser leurs histoires. L'idée de tuer un personnage emblématique pour choquer le lectorat est au coeur de la révolution initiée par Hickman, qui a décidé de torpiller cette ruse en permettant aux mutants de ressusciter facilement.

Il s'avère que, ironiquement, Al Ewing a décidé d'éliminer Peter Quill/Star-Lord dans le précédent épisode de ses Guardians of the Galaxy. Comme l'a expliqué Hickman récemment en interview, ce n'est plus possible car le les lecteurs ne croient plus aux morts permanentes, ce n'est plus un ressort intelligent à utiliser pour pimenter des intrigues, cela joue contre les séries.

Par ailleurs, avec l'adaptation des comics au cinéma, on sait bien que le sort des personnages est intimement lié à leur destin sur grand écran. Avec un troisième film des Gardiens de la Galaxie en chantier, dont fera partie Quill/Star-Lord (et la participation des héros dans le quatrième Thor), il est évident que la manoeuvre de Ewing est devenue encore plus maladroite et artificielle : le personnage ne risque pas de disparaître.

Pourtant Ewing a défendu ce coup de poker en décrivant son Peter Quill, davantage comme un vétéran des guerres galactiques que comme un leader facétieux. Pourquoi pas. Mais cela ne saurait rattraper une erreur tactique dans la construction de son histoire.

Alors il restait au scénariste à écrire un épisode qui génère une vraie émotion. Mais il en est incapable. Ce constat d'échec est flagrant dès la première scène où Rocket et Hercule annoncent la triste nouvelle à Gamora. Ewing fait parler la fille de Thanos, mais aussi le dieu de l'Olympe, Rocket et Drax comme Groot autrefois (avec une phrase unique "je suis...Gamora/Rocket/Hercule/Drax") - Groot lui s'exprimant par des phrases complètes. Ce procédé trahit Ewing car elle désoriente plus qu'elle ne rend le dialogue poignant. On se demande bien ce qu'il comptait susciter ainsi, mais ça ne fonctionne pas.

En vérité, tout tombe à plat dans cet épisode, dont chaque segment est dessiné par un artiste différent. C'est Nina Vakueva qui ouvre le bal et son style est maladroit, échouant totalement à traduire les sentiments des personnages.

Quand Chris Sprouse prend le relais pour les pages mettant en scène Drax et Moondragon, le niveau n'a aucun mal à se redresser. Mais qu'il est frustrant de profiter si peu de cet excellent artiste, si mal utilisé par Marvel. Les interrogations de Drax et Moondragon sont parasitées par des flashs sur le passé du destructeur quand il était encore humain et saxophoniste ou les considérations de Heather Douglas sur son double parfait. Mais c'est très beau à regarder néanmoins.

Belén Ortega livre des planches honnêtes sur Gamora, même si là aussi c'est assez verbeux et creux (la fille de Thanos est en proie à des questionnements sur la fatalité et la représentation des croyances). C'est frustrant parce qu'on sent que Ewing pourrait dire des choses intéressantes mais il ne parvient pas à les formuler de manière claire et surtout on ne ressent jamais le chagrin de ses personnages.

Juann Cabal (qui a certainement eu besoin de souffler après ses deux premiers épisodes impressionnants) se contente d'illustrer les deux dernières pages, annonçant les prochains adversaires des Gardiens. Trop peu pour émettre un jugement qualitatif.

En soi, l'idée de découper l'épisode n'était pas idiote, elle permettait de marquer un temps après deux numéros très mouvementés. Mais hélas ! le résultat est complètement raté. En attendant le retour de Star-Lord, il faut surtout souhaiter que Al Ewing et Juann Cabal renouent avec ce qu'ils font le mieux, un comic-book d'action. C'est le véritable ADN de Guardians of the Galaxy, quels que soient leurs auteurs.

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