Uncanny X-Men #132 : And Hellfire is their name !
(Avril 1980)
Uncanny X-Men : Wolverine - alone !
(Mai 1980)
Uncanny X-Men #134 : Too late, the heroes !
(Juin 1980)
Cyclope décide, sans demander son avis au professeur Xavier, de l'emmener avec les X-Men au Nouveau-Mexique où réside Warren Worthington III alias Angel. Là-bas, il se confie à son ami sur la situation critique que traversent l'équipe mais aussi Jean Grey. Celle-ci les interrompt et, seul avec Scott Summers, établit un lien psionique entre eux qui leur permettra de rester en contact en permanence.
Cette prévention ne suffira pourtant pas à éviter la catastrophe qui attend les mutants de retour à New York où ils ont obtenu, grâce à l'entregent de Warren Worthington III, d'être invités à une soirée du Club des Damnés. Les membres du cercle intérieur de cette loge les y attendent : Sebastian Shaw, Harry Leland, Donald Pierce et Jason Wyngarde qui possède désormais Jean Grey grâce à ses illusions.
Tornade, Colossus, Diablo et Cyclope tombent rapidement sous les coups de leurs adversaires. Seul Wolverine leur échappe, mais il est considéré comme mort, noyé dans les égouts. C'est pourtant une erreur car le mutant griffu resurgit et sonne l'heure de la revanche. Jean se délivre de l'emprise du Cerveau avant que la puissance corruptrice du Phénix noir se déchaîne contre les X-Men...
Ces trois épisodes forment une sorte d'Acte II sur les trois que compte la saga du Phénix Noir : Chris Claremont et John Byrne montent en régime et livrent des séquences extraordinaires, d'une intensité narrative et graphique jusqu'alors inédites dans la série.
Il est d'abord intéressant de noter que Cyclope prend les choses en main et c'est une initiative heureuse des auteurs car le personnage subissait trop la direction autoritaire du Pr. X. Or, Scott Summers n'est pas l'élève décevant que le mentor des X-Men lui reproche : on a pu constater précédemment ses qualités de stratège, de meneur et de combattant (notamment dans la bataille contre Proteus). Son plan sera-t-il parfait pour autant ? Non, mais il fournira le prétexte à un enchaînement de péripéties qui, de toute façon, était inévitable. Le lecteur s'en doute : le mal est fait, cela finira mal.
Mais le brio de la conduite du récit de Claremont et Byrne tient à cet art consommé de faire souffler le chaud et le froid. Lorsque tout semble désespéré, l'espoir renaît... Pour mieux préparer une nouvelle épreuve. Sadique, certes, mais n'est-ce pas le ressort des comics super-héroïques que de jouer avec les nerfs de ses personnages et du lecteur, de sans cesse les tourmenter ? En la matière, cet arc de la série est un sommet du genre.
L'affrontement attendu entre les X-Men et le Club des Damnés tient toutes ses promesses, même si, en définitive, il se déroule en deux manches rapides. Le coeur de l'intrigue reste la corruption de Jean Grey, c'est le vrai fil rouge et on assiste là à son basculement du "côté obscur de la force" en même temps que nous est révélée le véritable visage de Jason Wyngarde : il s'agit du Cerveau, en fait un des ennemis de la première génération des mutants. On apprend aussi comment ses illusions ont si bien fonctionné sur un esprit aussi puissant que celui de Jean Grey (un gadget confectionné par Emma Frost pour pénétrer plus efficacement les pensées refoulées de sa victime).
Si justement Emma Frost a (trop) vite disparu de la partie (à la fin du #131), ses acolytes du Club offrent un panel choisi de canailles impressionnantes : leurs pouvoirs sont originaux et redoutables - spécialement Sebastian Shaw, un des méchants les plus coriaces qui soit (il tire sa force des coups qu'on lui donne, ce qui le rend presque impossible à vaincre).
La grande scène de cet Acte II reste bien entendu celle où le lecteur voit Wolverine émerger des égouts après avoir craint sa mort : John Byrne en tire une image iconique qui marquera au fer rouge tous les fans - et sera reproduite, en un élégant et jubilatoire clin d'oeil par John Cassaday dans le run de Astonishing X-Men écrit par Joss Whedon 34 ans plus tard, mais cette fois avec Kitty Pryde sur le pied de guerre. En voyant le griffu annoncer que c'est à son tour de jouer, le lecteur frissonne en sachant qu'il ne fera pas de quartier, mais c'est un délicieux frisson car il nous assure que les méchants vont souffrir et par la main du plus sauvage des X-Men.
Entretemps, Cyclope frôlera lui aussi la mort, d'une manière plus stylisée mais aussi glaçante. A cet instant, la déchéance de Phénix semble irréversible. Claremont et Byrne lui accordent un bref sursis, qui devient un geste symbolique car alors les deux auteurs songent à terminer la saga sur une fin sinon plus positive, en tout cas plus ouverte qu'elle ne le sera. Mais j'y reviendrai plus tard...
La chute de ces trois chapitres est terrible, spectaculaire - mais prévisible : il suffit d'observer la façon dont Jean Grey châtie Jason Wyngarde, c'est bien pire qu'un coup de griffes de Wolverine ! Byrne, là encore, ne déçoit pas en injectant toute la puissance formelle requise pour ce cliffhanger : je suis toujours stupéfait par son habileté à produire ce type d'image en la faisant si bien correspondre au script. On a là la démonstration de la fluidité entre le texte (auquel il participe activement) et le dessin comme seuls les grands duos de la BD en sont capables. L'encrage de Terry Austin souligne les effets à la perfection et la colorisation, qui a pourtant majoritairement mal vieilli, de Glynis Wein contribue aussi beaucoup à l'impact de ces plans.
"Too late, the heroes !" prévient le 134ème épisode : effectivement, les X-Men ne sont pas au bout de leur peine - et le lecteur n'en sortira pas indemne non plus...
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