mardi 9 août 2016

Critique 974 : GANGSTER SQUAD, de Ruben Fleischer


GANGSTER SQUAD est un film réalisé par Ruben Fleischer, sorti en salles en 2013.
Le scénario est écrit par Will Beall, d'après le livre de Paul Lieberman. La photographie est signée Dion Beebe. La musique est composée par Steve Jablonsky.
Dans les rôles principaux, on trouve : Josh Brolin (John O'Mara), Ryan Gosling (Jerry Wooters), Emma Stone (Grace Faraday), Sean Penn (Mickey Cohen), Nick Nolte (Bill Parker), Mireille Enos (Connie O'Mara), Anthony Mackie (Coleman Harris), Giovanni Ribisi (Conwell Keeler), Rober Patrick (Max Kennard), Michael Peña (Navidad Ramirez).
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 Sergent John O'Mara
(Josh Brolin)

Los Angeles (Californie), 1949. Le mafieux Mickey Cohen tient la ville en corrompant la police et en orchestrant divers trafics, défiant la pègre basée à Chicago dont il juge les méthodes et le fonctionnement dépassés.
Le chef de la police Bill Parker
(Nick Nolte)

Pourtant un flic, ancien soldat durant la guerre du Pacifique, John O'Mara, n'accepte pas cette situation et rue dans les brancards. La sanction est immédiate : sa hiérarchie le rappelle à l'ordre. Mais le chef de la police, Bill Parker, lui confie alors une mission : harceler Mickey Cohen en bousillant son business pour le pousser à la faute et l'arrêter dans les règles.
 John et Connie O'Mara
(Josh Brolin et Mireille Enos)

O'Mara recrute, avec les conseils de son épouse Connie, plusieurs officiers de police qui n'ont rien à perdre et partagent ses convictions, prêts à travailler sans couverture. 
La "Gangster Squad" au complet (de gauche à droite) :
John O'Mara, Max Kennard, Coleman Harris, Navidad Ramirez, 
Jerry Wooters et Conwell Keeler
(Josh Brolin, Robert Patrick, Anthony Mackie, Michael Peña
Ryan Gosling et Giovanni Ribisi)

Son meilleur ami, un flic désabusé, Jerry Wooters, qui a une liaison avec la petite amie de Cohen, Grace Faraday, hésite à prendre parti, convaincu que la ville est perdue.
Grace Faraday et Jerry Wooters
(Emma Stone et Ryan Gosling)

Il se joindra finalement à la cause après la mort d'un de ses proches dans la guerre ouverte entre cette brigade spéciale et les hommes de main du malfrat.  
Malgré les doutes passagers de certains membres de l'équipe pour qui agir de la sorte n'est pas évident même pour neutraliser un gangster, John O'Mara tient bon face à Mickey Cohen jusqu'à leur affrontement final. Qui en sortira vainqueur ?
Mickey Cohen et John O'Mara
(Sean Penn et Josh Brolin)

Le film s'inspire de faits réels transcrits dans le livre du même nom de Paul Lieberman dont l'adaptation a été signée par Will Beall. A partir de cela, la production a sollicité successivement Ben Affleck (qui avait signé deux excellents polars comme réalisateur : Gone, baby gone et The Town) puis Darren Arronovsky (auteur côté après Requiem for a dream et Black Swan) avec l'ambition de rendre un hommage aux séries noires des années 50.

Ce fut donc une surprise de voir le projet confié à Ruben Fleischer, spécialisé dans la comédie (Bienvenue à Zombieland), mais il pouvait s'appuyer sur un chef opérateur solide comme Dion Beebe (Collateral de Michael Mann, Chicago de Rob Marshall). A eux deux, ils ont su donner à Gangster Squad un style musclé, à l'ambiance rétro et majoritairement nocturne, même si le cinéaste a parfois inutilement abusé de quelques effets (les ralentis pour les fusillades).

Pourtant, il se dégage du résultat une impression de cinéma direct renforcée par une narration simple, linéaire. C'est une limite car jamais le film ne décolle vraiment, et n'égale ses références (Les Incorruptibles de Brian De Palma), mais c'est aussi son principal atout, une certaine humilité envers le genre. Les personnages sont ainsi basiquement caractérisés, correspondant aux clichés qu'on attend : le flic pugnace et rugueux (Josh Brolin, excellent dans une composition minimaliste qui rappelle Charles Bronson), son meilleur ami désinvolte et charmeur (Ryan Gosling, parfait dans ce registre cool), les membres de l'escouade bien typés (le vieux cowboy Richard Patrick, le rookie latino Michael Peña, le black teigneux Anthony Mackie, le technicien ingénieux Giovanni Ribisi : tous impeccables), la femme fatale (Emma Stone, renversante de glamour avec sa jupe fendue rouge et sa frange rousse, fumant sensuellement ses cigarettes), le méchant absolu (Sean Penn qui en fait des caisses, doté d'une invraisemblable prothèse nasale : le seul bémol du casting car son jeu est trop caricatural)...

L'intrigue repose sur un harcèlement et culmine logiquement dans une fusillade d'anthologie, rien de surprenant donc, mais c'est divertissant, mené sur un rythme soutenu, on ne s'ennuie pas. J'aurai aimé que le scénario prenne un peu de temps pour creuser les dilemmes de certains personnages tiraillés entre l'envie de stopper leur ennemi et les méthodes employés pour ça. Cela se résume ici aux brefs échanges entre O'Mara et Wooters, et un peu avec Keeler : pour l'un, la fin justifie les moyens, le boulot de flic est une extension de son devoir de soldat ; pour l'autre, il s'agit de protéger la femme qu'il aime et aussi de "protéger et servir" comme l'indique la devise de la police.

Esquivant ces interrogations, le polar bascule in fine dans le western le plus classique, mais Gangster Squad a le bon sens de ne pas vouloir être plus qu'il n'est : une série B efficace. A condition de l'estimer à sa juste mesure, on l'appréciera lucidement.  

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