LA FIEVRE AU CORPS (en v.o. : Body Heat) est un film écrit et réalisé par Lawrence Kasdan, sorti en salles en 1981.
La photo est signée Richard H. Kline. La musique est composée par John Barry.
Dans les rôles principaux, on trouve : William Hurt (Ned Racine), Kathleen Turner (Maddy Walker), Richard Crenna (Edmund Walker), Ted Danson (Peter Lowenstein), Mickey Rourke (Teddy Lewis).
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Avocat sans talent, établi en Floride, Ned Racine collectionne les aventures sexuelles sans lendemain. Pourtant, son existence va basculer quand, un soir, où il se promène sur la plage, profitant d'un peu de fraîcheur après des journées caniculaires, il remarque une superbe femme.
Maddy Walker
(Kathleen Turneer)
Celle-ci s'appelle Maddy Walker et n'a pas froid aux yeux : elle ne repousse pas la drague que lui fait Ned et semble même l'encourager. Mais cette première rencontre n'aboutit à rien malgré tout, la jeune femme s'éclipsant dès que son soupirant a le dos tourné.
Maddy Walker et Ned Racine
(Kathleen Turner et William Hurt)
Ned la retrouve pourtant, par hasard, dans un bar, quelques jours plus tard, sans avoir réussi à l'oublier. Ils boivent un verre ensemble puis elle accepte qu'il la suive jusque chez elle, dans une villa luxueuse appartenant à son riche mari, souvent absent à cause de ses affaires, Edmund Walker. Ned et Maddy deviennent amants.
Ned Racine, Maddy et Edmund Walker
(William Hurt, Kathleen Turner et Richard Crenna)
Leur passion est dévorante, aucun des deux n'envisage alors de se passer de l'autre, et Ned finit par avancer l'idée de supprimer le mari de Maddy, comme une évidence. Ce projet permettra à la jeune femme d'hériter de la moitié de sa fortune (l'autre moitié revenant à sa belle-soeur).
Teddy Lewis et Ned Racine
(Mickey Rourke et William Hurt)
Ned échafaude un plan et a recours aux service de Teddy Lewis, à qui il a évité la prison, pour obtenir une bombe artisanale avec laquelle il compte provoquer un incendie criminel dans la remise à bateau d'Edmund Walker. Son cadavre y disparaîtra après son meurtre chez lui, une nuit où il croira surprendre un cambrioleur.
Ned Racine et Maddy Walker
L'entreprise réussit. Trop bien même ! Car Ned va alors découvrir, lors de l'ouverture du testament d'Edmund, que Maddy est l'unique héritière de sa fortune, après qu'elle ait réécrit les dernières volontés de son mari en dérobant des formulaires chez son amant. Un collègue et ami de ce dernier, Peter Lowenstein, est présent lors de cette révélation et devine que Ned et Maddy ont une liaison. Les choses se compliquent encore davantage quand un autre ami de Ned, inspecteur de police, enquête sur la mort d'Edmund, l'incendie de la remise, le passé de Maddy. L'avocat comprend qu'il a été manipulé par sa maîtresse, qui l'avait repéré des mois auparavant et choisi pour sa naïveté...
Dans le cadre d'un cycle de films baptisé "Le Printemps du Polar", Arte diffuse donc plusieurs films policiers ces temps-ci, et Dimanche soir j'ai pu revoir La Fièvre au corps, un film de 1981 écrit et réalisé par Lawrence Kasdan, découvert il y a un bail dans le ciné-club de mon lycée.
Kasdan signe là un bel hommage au film noir en en respectant tous les codes, surtout peut-être le premier d'entre eux : la figure emblématique de la femme fatale. Son long métrage a d'ailleurs révélé l'actrice Kathleen Turner en l'érigeant au rang de sex symbol : ce n'est pas usurpé, elle y est incendiaire.
L'intrigue est classique : on y suit un pauvre pigeon, qui pense plus avec son entrejambe qu'avec ses méninges et tombe dans les filets d'une superbe et machiavélique créature pour laquelle il accepte d'assassiner son riche mais vieux mari afin d'hériter de sa fortune. Evidemment, et ce n'est pas faire le coup de l'ouvreuse que de le dire, tout ça finira mal pour Ned Racine, piètre avocat, aveuglé par la passion, et jouet d'une manipulatrice exceptionnelle.
Cependant, deux éléments frappent encore aujourd'hui dans ce film à la trame convenue :
- d'abord, justement, le personnage de Maddy Walker possède une ambiguïté troublante. Si son ambition, depuis ses jeunes années, reste d' "être riche et de vivre dans un pays exotique" et qu'elle se donne (dans tous les sens du terme) tous les moyens pour l'accomplir, Kasdan l'écrit avec suffisamment de subtilité pour que le spectateur croit qu'elle a quand même des sentiments pour Ned Racine. Jusqu'à la fin, il est permis de penser qu'elle a aimé cet homme, peut-être à cause de l'ascendant qu'elle a sur lui, mais aussi de manière authentiquement sentimentale, regrettant qu'il ne lui fasse pas assez confiance et se jouant de lui à regret.
- Ensuite, l'intensité sexuelle du film amène à réfléchir sur l'audace qu'a conservée le film. Le cinéma américain est devenu tellement prude qu'il est étonnant de voir ce que Kasdan était autorisé à montrer en 1981 : la moiteur torride des amants, leur nudité même, seraient presque impensables aujourd'hui, et on ne peut que constater la régression en ce domaine, alors que le spectacle de la violence lui ne subit aucune censure comparable. Les Etats-Unis ont toujours eu un puritanisme certain, mais les étreintes de Body Heat (comme du remake du Facteur sonne toujours deux fois, réalisé à la même époque par Bob Rafelson, puis de Neuf semaines et demie d'Adrian Lyne) semblent appartenir à un passé révolu, une sorte de parenthèse depuis longtemps refermée. Etonnant.
La réalisation de Kasdan est sage mais sa sobriété sert très bien le scénario, avec une belle photo de Richard Kline (qui n'est pas encore aussi esthétisante que ce qu'on verra dans les films de Ridley Scott, Alan Parker et d'autres cinéastes venus de la pub, dont l'esthétisme dominera les années 80).
L'interprétation a donc été le tremplin de la riche carrière de Kathleen Turner, qui joue la garce très attirante avec finesse, son rôle étant nourri de références à celui de Lana Turner (dans la version du Facteur sonne toujours deux fois de Tay Garnett), avec ses robes blanches en contradiction avec la figure du péché qu'elle incarne.
A ses côtés, William Hurt est également parfait, dans un registre aussi nuancé : cet excellent comédien allait connaître quelques belles années avant que sa carrière ne décline comme celle du jeune Mickey Rourke, ici dans un rôle secondaire.
On remarquera aussi Richard Crenna (avant Rambo) et Ted Danson (bien avant Les experts), impeccables en cocu et en procureur libidineux.
Porté par une somptueuse partition de John Barry (où règne un saxo bien baveux, très 80's), La fièvre au corps porte beau ses 35 ans d'âge.
Kasdan signe là un bel hommage au film noir en en respectant tous les codes, surtout peut-être le premier d'entre eux : la figure emblématique de la femme fatale. Son long métrage a d'ailleurs révélé l'actrice Kathleen Turner en l'érigeant au rang de sex symbol : ce n'est pas usurpé, elle y est incendiaire.
L'intrigue est classique : on y suit un pauvre pigeon, qui pense plus avec son entrejambe qu'avec ses méninges et tombe dans les filets d'une superbe et machiavélique créature pour laquelle il accepte d'assassiner son riche mais vieux mari afin d'hériter de sa fortune. Evidemment, et ce n'est pas faire le coup de l'ouvreuse que de le dire, tout ça finira mal pour Ned Racine, piètre avocat, aveuglé par la passion, et jouet d'une manipulatrice exceptionnelle.
Cependant, deux éléments frappent encore aujourd'hui dans ce film à la trame convenue :
- d'abord, justement, le personnage de Maddy Walker possède une ambiguïté troublante. Si son ambition, depuis ses jeunes années, reste d' "être riche et de vivre dans un pays exotique" et qu'elle se donne (dans tous les sens du terme) tous les moyens pour l'accomplir, Kasdan l'écrit avec suffisamment de subtilité pour que le spectateur croit qu'elle a quand même des sentiments pour Ned Racine. Jusqu'à la fin, il est permis de penser qu'elle a aimé cet homme, peut-être à cause de l'ascendant qu'elle a sur lui, mais aussi de manière authentiquement sentimentale, regrettant qu'il ne lui fasse pas assez confiance et se jouant de lui à regret.
- Ensuite, l'intensité sexuelle du film amène à réfléchir sur l'audace qu'a conservée le film. Le cinéma américain est devenu tellement prude qu'il est étonnant de voir ce que Kasdan était autorisé à montrer en 1981 : la moiteur torride des amants, leur nudité même, seraient presque impensables aujourd'hui, et on ne peut que constater la régression en ce domaine, alors que le spectacle de la violence lui ne subit aucune censure comparable. Les Etats-Unis ont toujours eu un puritanisme certain, mais les étreintes de Body Heat (comme du remake du Facteur sonne toujours deux fois, réalisé à la même époque par Bob Rafelson, puis de Neuf semaines et demie d'Adrian Lyne) semblent appartenir à un passé révolu, une sorte de parenthèse depuis longtemps refermée. Etonnant.
La réalisation de Kasdan est sage mais sa sobriété sert très bien le scénario, avec une belle photo de Richard Kline (qui n'est pas encore aussi esthétisante que ce qu'on verra dans les films de Ridley Scott, Alan Parker et d'autres cinéastes venus de la pub, dont l'esthétisme dominera les années 80).
L'interprétation a donc été le tremplin de la riche carrière de Kathleen Turner, qui joue la garce très attirante avec finesse, son rôle étant nourri de références à celui de Lana Turner (dans la version du Facteur sonne toujours deux fois de Tay Garnett), avec ses robes blanches en contradiction avec la figure du péché qu'elle incarne.
A ses côtés, William Hurt est également parfait, dans un registre aussi nuancé : cet excellent comédien allait connaître quelques belles années avant que sa carrière ne décline comme celle du jeune Mickey Rourke, ici dans un rôle secondaire.
On remarquera aussi Richard Crenna (avant Rambo) et Ted Danson (bien avant Les experts), impeccables en cocu et en procureur libidineux.
Porté par une somptueuse partition de John Barry (où règne un saxo bien baveux, très 80's), La fièvre au corps porte beau ses 35 ans d'âge.
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