SPECIAL CLIFTON rassemble en un seul volume les trois tomes de la série écrits et dessinés par Raymond Macherot, publié aux Editions du Lombard.
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LES ENQUÊTES DU COLONEL CLIFTON est le premier tome de la série, écrit et dessiné par Raymond Macherot, publié en 1959 par les Editions du Lombard.
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L'émir Abd-El-Falzar confie aux joailliers Smogg et Ramsbottom son plus gros diamant, le Kohr-I-Door. Mais des cambrioleurs s'emparent du coffre dans lequel la pierre a été déposée. N'étant pas assurés, les joailliers demandent au colonel Harold Wilberforce Clifton de les aider.
Il remonte facilement la piste des voleurs, grâce à sa chance et sa science, et les force à fuir. Mais comment ont-ils pu embarquer les coffres lors de leurs méfaits ? Une party donnée par Lady Coker va permettre à Clifton et à la police de résoudre cette énigme et d'appréhender les bandits...
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CLIFTON A NEW YORK est le deuxième tome de la série, écrit et dessiné par Raymond Macherot, publié en 1960 par les Editions du Lombard.
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Chassé du San Mirador, le général Poncho et ses deux hommes de main se réfugient à New York pour préparer un coup d'état. Pour financer cette opération, ils kidnappent le crooner-acteur Pincher Barnett, qu'ils ont repéré dans l'avion qui les a transportés.
L'agent de la vedette fait appel à Clifton pour retrouver son protégé. La bêtise des ravisseurs facilite la mission du colonel tout en l'entraînant dans une folle course-poursuite à travers New York...
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CLIFTON ET LES ESPIONS est le troisième tome de la série, écrit et dessiné par Raymond Macherot, publié en 1960 par les Editions du Lombard.
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Un ancien scout aux ordres de Clifton, Osbert Horsepower, est arrêté pour haute trahison après avoir été surpris en train de photographier des plans secrets du MI-5 (le service de contre-espionnage britannique).
Clifton entreprend d'innocenter son ami et ses investigations vont le conduire à affronter Otto Kartoffeln, son ennemi juré durant la seconde guerre mondiale, qui manipule les espions anglais grâce à un gaz qui les rend amnésiques...
En lisant récemment le supplément pour les abonnés du journal de "Spirou", un mini-récit signé David De Thuin intitulé Scopitone et la rhubarbe des neiges, influencé par Raymond Macherot, j'ai eu envie de redécouvrir les aventures de Clifton.
Dans mes jeunes années, j'aimai beaucoup ces bandes dessinées mettant en scène ce colonel anglais, scout devant l'éternel, même si j'ai surtout lu les albums réalisés par Turk et De Groot puis Bédu. C'est que Macherot n'avait pas consacré beaucoup de temps à ce héros, seulement trois histoires de trente pages, réunies dans cet album.
Quand il créé Clifton, Macherot est déjà un pilier du journal de "Tintin", où il a animé Chlorophylle et Sibylline, deux classiques de la bande dessinée animalière, son registre de prédilection. C'est donc un titre à part dans la bibliographie de ce maître, qui, par ailleurs, au milieu des années 60, rejoignit plusieurs de ses amis au journal de "Spirou", où il échoua à imposer Chaminou mais contribua au lancement de la très jolie série Isabelle avec Will au dessin (Franquin et Yvan Delporte en reprirent l'écriture ensuite).
Macherot est un personnage atypique : né en 1924, il est d'abord ouvrier, puis journaliste, et photographe. Il démarre sa carrière d'auteur de BD à 29 ans, en 53, sans pourtant s'inscrire dans la lignée d'Hergé, ce qui le distingue au sein de l'écurie du journal de "Tintin".
En ce qui concerne Clifton, il faut bien admettre que c'est une série qui a pris un coup de vieux et on peut s'étonner de sa longévité, au point que Zidrou et Turk viennent de publier son 22ème tome récemment.
Les intrigues ne sont guère élaborées : le héros est présenté comme un fin limier mais cette qualité n'est pas bien mise en valeur quand on considère la stupidité de ses adversaires dans les trois histoires de ce volume. Harold Wilberforce Clifton est une caricature de détective anglais : guindé, méticuleux, vieux garçon, son look est au diapason, avec comme seules excentricités son uniforme de scout quand il forme de jeunes garçons et sa moustache en bataille qui se lissera dès sa deuxième aventure. Par ailleurs, le vocabulaire ne recule pas devant des jeux de mots peu subtils (l'émir El-Falzar, le diamant Kohr-I-Door) et la caractérisation est expédiée.
Pourtant, si tout ça n'est guère fameux, on ne peut qu'être épaté par le sens du rythme de Macherot : ses séquences d'action sont d'une fluidité et d'un dynamisme imparables. Il adresse même un clin d'oeil appuyé certes mais remarquable à Tintin en Amérique dans l'épisode Clifton à New York, quand le colonel effectue quelque acrobatie sur la façade d'un hôtel. La brièveté des histoires ne laisse pas le temps au lecteur de s'ennuyer, et dans Clifton et les espions, on a même droit à un méchant plus relevé.
Graphiquement, le trait de Macherot, qui a pourtant démarré en ayant un dessin réaliste, est un modèle d'économie. Ses personnages sont expressifs, ses décors sont simples mais évocateurs, mais cette sobriété n'est pas aussi maniaque et rigide que la "ligne claire" de Hergé et ses disciples : en fait, le résultat fait penser au style des dessins animés de Hanna-Barbera quelques années plus tard.
Macherot est mort il y a huit ans mais son oeuvre n'a pas fini d'inspirer : David De Thuin, donc, est un de ses héritiers les plus doués, mais ses personnages emblématiques continuent d'être animés, comme Chlorophylle dans un nouvel et superbe album écrit par Cornette et illustré par l'immense René Haussman.
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