VALERIAN : LES SPECTRES D'INVERLOCH est le onzième tome de la série (et le sixième chapitre du CYCLE TEMPOREL), écrit par Pierre Christin et dessiné par Jean-Claude Mézières (avec la participation d'Enki Bilal pour la page 29), publié en 1984 par Dargaud.
Cette histoire se poursuit et se termine dans le tome 12 (Les Foudres d'Hypsis).
*
*
VALERIAN : LES FOUDRES D'HYPSIS est le douzième tome de la série (et le septième chapitre du CYCLE TEMPOREL), écrit par Pierre Christin et dessiné par Jean-Claude Mézières, publié en 1985 par Dargaud.
Cet album conclut l'histoire débuté dans le tome 11 (Les Spectres d'Inverloch).
*
Valérian rejoint le château d'Inverloch en Ecosse au XXème siècle où l'attendent Laureline et ses hôtes, lady Charlotte MacCullough et lord Basil Seal, deux agents de Galaxity, ainsi que M. Albert et les trois Shingouz. L'agent du SST a capturé un Glapum'tien, extra-terrestre aux extraordinaires facultés en vue de la mission à effectuer à cette époque.
Il s'agit de comprendre pourquoi plusieurs hauts officiers de la sécurité américaine et russe ont disparu ou se sont suicidés après avoir détruit des installations militaires importantes. Pour les aider, le groupe a rendez-vous avec le spectre d'Inverloch, qui n'est autre que le chef du SST de Galaxity au XXIVème siècle !
Le continuum espace-temps est sévèrement déréglé et il faut le rétablir sinon la Terre du futur est menacée de disparition. Ces événements ont de toute évidence un lien avec le cataclysme nucléaire qui a été à l'origine de l'Âge Noir à partir de 1986 (ces faits ont été évoqués dans le tome 1, La Cité des eaux mouvantes).
Direction, donc : le cercle polaire où doit avoir lieu ce désastre. M. Albert délimite la zone de recherches tandis que le chef du SST accuse la planète d'Hypsis d'être responsable des accès de folie ayant frappé les gradés américains et russes pour précipiter la catastrophe. Grâce à Ralph, le Glapum'tien, ils localisent et traquent dans l'espace-temps le voilier du hollandais volant, un vaisseau-leurre envoyé sur Terre par l'ennemi.
Lorsque, enfin, ils gagnent Hypsis, ils font connaissance avec leurs adversaires, reproduction de la sainte trinité - le Père, le Fils et le Saint-Esprit - avec laquelle les Shingouz vont négocier la survie de la Terre, considérée comme un danger pour l'univers...
Trois ans séparent la parution du tome 10 du tome 11, ce qui représente un délai conséquent pour une série qui, jusque là, enchaînait les albums à un rythme très soutenu. Mais c'est une nouvelle fois avec une aventure en deux parties que Christin et Mézières signeront leur retour après Métro Châtelet, Direction Cassiopée et Brooklyn Station, Terminus Cosmos.
Toutefois, il faut bien l'avouer, ce diptyque est moins bon, moins trépidant que le précédent. C'est encore d'un excellent niveau, et d'ailleurs, Mézières sera récompensé par le grand prix du festival d'Angoulême en 1984. Mais le déroulement de l'intrigue, son casting foisonnant, ses péripéties inégales et son curieux dénouement m'ont toujours posé problème.
D'entrée de jeu, l'histoire se joue sur un faux rythme, avec une exposition très longue, qui occupe la quasi-totalité du tome 11 - soit jusqu'à la réunion complète du groupe formé par Valérian, Laureline, lady Charlotte, lord Basil, M. Albert, les Shingouz, le Glapumt'ien et le chef du SST. Je pense que cela aurait pu être raconté de manière plus vigoureuse et surtout moins théâtral : la révélation de l'identité du spectre d'Inverloch est une fausse piste un peu grossière. En outre, une fois, les éléments de la pièce posés, l'évocation de faits déjà opérée dans le tome 1 de la série (La Cité des eaux mouvantes) devient redondante : on se doutait depuis un moment que la liaison serait faîte entre l'aventure originelle de Valérian et Laureline et la confrontation avec les responsables du cataclysme de la Terre en 1986.
C'est un peu dommage, mais, heureusement, l'épisode suivant, Les Foudres d'Hypsis, est bien meilleur et renoue avec, certes, une trame plus classique (une course-poursuite à travers l'espace-temps), mais plus efficace aussi. Lorsque, enfin, on découvre à quoi ressemble l'adversaire des héros, ses motivations pour causer la catastrophe sur Terre, et la sanction infligée à Galaxity (qui aura des répercussions sur toute la suite de la série, altérant profondément le rôle de Valérian et Laureline, animant le Cycle Spatial), c'est autant la conclusion de cette aventure que la fin d'un acte.
Néanmoins, l'incarnation choisie par Christin et Mézières pour les méchants de l'histoire m'a toujours déçu : se moquer de la sainte trinité ne me pose aucun problème, je trouve la référence lourdingue, et sa représentation manque elle aussi de la finesse à laquelle les auteurs nous ont habitués. On a droit à une sorte de Jésus hippie singulièrement banal, et que Dieu le Père a les traits d'Orson Welles dans son film La Soif du Mal (1958), soit la figure d'un flic ripou, plus colérique qu'usé cependant. Le scénariste, qui a toujours su dresser habilement des critiques sur notre époque dans le contexte fantastique de la série, aboutit avec son dessinateur à un trio de vilains dont les motivations et les physiques pâtissent d'un manque flagrant d'inspiration...
Il est à la fois aisé et cruel de rendre seul responsable d'un échec le scénariste, mais pourtant Mézières me paraît moins à blâmer dans cette entreprise que Christin car l'artiste produit encore de fabuleuses planches.
Dans Les Spectres d'inverloch, il alterne des scènes sur la planète où Valérian capture, à force de patience, le Glapumt'ien et des scènes dans le château et ses environs qui sont formidables, avec toujours ce soin apporté aux décors, et une colorisation d'Evelyne Tran-Lé très nuancée. La galerie de personnages est aussi impeccablement campée, chacun ayant un langage corporel, des mimiques, très étudiés.
Dans Les Foudres d'Hypsis, la longue course-poursuite de l'astronef et du voilier donne au lecteur l'occasion d'assister à une séquence prenante de bout en bout, d'autant plus palpitante qu'il en ignore l'issue. Lorsque Hypsis se révèle enfin, c'est encore une fois un cadre fascinant que Mézières invente. Son découpage est simple mais imparable, le rythme est soutenu et souligne en fait le déséquilibre d'une histoire qui a mis longtemps à vraiment démarrer puis qui s'emballe avant de se clore en demi-teinte.
Il me semble évident qu'un seul album (peut-être plus conséquent qu'à l'ordinaire, comme certains plus tardifs, autour de soixante pages) aurait suffi à raconter ce récit. Dans la chronologie du Cycle Temporel, il est indéniable que c'est une étape importante, mais pour la qualité d'ensemble de la série, c'est, à mon sens, un faux pas. Heureusement, les auteurs sauront se rattraper...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire