VALERIAN : OTAGES DE L'ULTRALUM est le seizième tome de la série (et le septième du CYCLE SPATIAL), écrit par Pierre Christin et dessiné par Jean-Claude Mézières, publié en 1996 par Dargaud.
Cette histoire se poursuit et s'achève dans le tome 17 (L'Orphelin des Astres).
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4 individus, le quatuor Mortis, kidnappent le califon d'Iksaladam et Laureline alors qu'elle faisait du tourisme avec Valérian, devenu riche grâce au transmuteur grognon de Bluxte (un animal capable de répliquer des objets de valeur).
Le calife offre une fortune à qui retrouvera son fils et Valérian accepte la mission pour récupérer Laureline. Mais le détective de l'établissement où s'est produit l'enlèvement est aussi sur le coup, profitant des tuyaux des Shingouz.
Les ravisseurs s'enfuient avec le vaisseau d'une autre touriste qui peut les pister grâce au lien psychique qu'elle a avec son appareil et accepte d'aider Valérian, à contrecoeur car elle estime que les terriens n'aiment personne.
Direction : Point Central où Valérian retouve Jal, l'ex-amant de son alliée, Kistna (leur aventure est narrée dans le tome 13, Sur les frontières, appartenant au Cycle Temporel).
Grâce à son tchoung-traceur qu'elle a sur elle en permanence, Laureline déjoue la surveillance des kidnappeurs pour contacter Valérian. Elle découvre, en l'attendant, que ce sont des ouvriers du calife qui sont à l'origine de l'enlèvement de son fils pour protester contre leurs scandaleuses conditions de travail...
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VALERIAN : L'ORPHELIN DES ASTRES est le dix-septième tome de la série (et huitième - et dernier - du CYCLE SPATIAL), écrit par Pierre Christin et Jean-Claude Mézières, publié en 1998 par Dargaud.
Cette histoire est la suite et la fin de celle commencée dans le tome 16 (Otages de l'Ultralum).
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Le califon d'Iksaladam a été "adopté" par Valérian et Laureline, ce qui leur vaut d'être traqués par des mercenaires, dont le quatuor Mortis. Pour compliquer encore plus leur situation, le couple a égaré leur astronef.
Ils sèment une première fois leurs poursuivants grâce à un livreur, Glü, qui les entraîne dans la région de Shimbalil où ils rencontrent un riche producteur de cinéma, Ty Koün IV, contre lequel, à l'issue d'une joute, Valérian gagne un vaisseau.
Valérian et Laureline gagnent ensuite l'université de Shimbalil où ils comptent sur le professeur Scharz-Metterklume pour rééduquer le califon, avant de renoncer à cause des méthodes de l'enseignant, et de reprendre leur cavale.
Afin de gagner de l'argent, Laureline accepte de jouer dans une production de Ty Koün IV, ce qui permettra d'inscrire dans un établissement privé le califon où il sera scolarisé et à l'abri.
Valérian retrouve son astronef et entraîne le quatuor Mortis dans une nouvelle course-poursuite spatio-temporelle sans que les tueurs sachent que le califon est hors de portée désormais.
Avec ces deux nouveaux épisodes se termine le Cycle Spatial, et Pierre Christin conclut en beauté par une histoire en deux parties, pleine de péripéties, de rythme et d'humour.
Le scénariste ne se contente pas de produire un récit divertissant, même si l'aventure est contée avec légèreté. Au début du tome 16, on voit Valérian et Laureline en simples touristes, visitant des endroits exotiques, résidant dans des hôtels de luxe. Christin montre la jeune femme appréciant ces moments de détente tandis que son partenaire s'ennuie visiblement, en mal d'action. Il déclare, désabusé : "c'est ça voyager... Se souvenir des choses qu'on a vues avant...". Cela souligne la vitalité de Laureline alors que Valérian ne s'habitue pas à ne plus être un agent du SST, sans mission à remplir. Sa mauvaise humeur lui inspire même des commentaires acides à l'adresse des autres touristes.
Mais cela ne dure pas et l'auteur précipite ses deux héros dans un tourbillon d'action mené sur une allure folle, avec un calife aussi riche qu'impitoyable - une caricature bien sentie des exploitants pétroliers - , des détectives qu'une énorme récompense motive, des mercenaires qui changeront d'employeurs sans scrupules (d'abord agissant pour les ouvriers, puis leur patron), avec le retour d'un schniarfeur (ce gnome aussi grossier que dangereux, vu dans Les armes vivantes, tome 14), quelques apparitions des Shingouz (ces impayables négociants, qu'on voit dans plusieurs épisodes du Cycle Temporel), une extra-terrestre majestueuse et son ancien amant, Jal, un ancien collègue de Valérian (leur liaison a lieu dans Sur les frontières, le tome 13, appartenant lui aussi au Cycle Temporel - mais on peut comprendre l'histoire sans ça)...
Otages de l'Ultralum se distingue par son format plus long qu'à l'accoutumée (une soixantaine de pages) et cela impacte un peu la lecture : Christin en profite pour montrer en détail plusieurs quartiers de Point Central (lorsque le tchoung-traceur de Laureline part à la recherche de Valérian), des pages honnêtement dispensables au récit mais en même temps agréables pour découvrir le coeur de l'empire galactique.
Le scénario aborde les conditions de travail dangereuses d'individus surexploités et confirme la critique récurrente du libéralisme économique dans la série, le tour de force étant que cette dénonciation soit parfaitement intégrée à la narration.
L'Orphelin des Astres poursuit et termine cette saga, toujours pied au plancher. Il faut remarquer le jeu de mots du titre de ce tome 17 car Christin a toujours porté un soin particulier aux noms des albums de la série : ce garçon, par ailleurs souvent insupportable mais malgré tout attachant, n'est plus seulement la pupille de Valérian et Laureline qui ne l'ont pas rendu au calife mais un créateur de désastres dans les astres.
Le risque de toute histoire développée sur deux volumes consécutifs est que la seconde partie soit moins efficace que la première, mais ce n'est pas le cas ici : avec sa succession infernale d'étapes, de péripéties, de gags, de personnages hauts en couleurs, L'orphelin des astres est peut-être même supérieur à Otages de l'Ultralum.
Christin ne fait pas l'économie de quelques piques bien senties contre le système, éducatif en l'occurrence, en pointant les méthodes radicales du Pr Scharz-Metterklume puis l'intégration coûteuse à l'école privée de Mistress Karlä-Varlä.
Visuellement, ces deux tomes sont une nouvelle démonstration de Jean-Claude Mézières qui livre des planches découpées avec une énergie au diapason du récit : c'est un résumé de la manière de travailler du dessinateur avec son scénariste, avec lequel il discute abondamment du contenu des histoires avant leur réalisation puis débute leur illustration sans même disposer d'un script fini, qui évolue en cours de route, selon les idées des deux partenaires. Cette spontanéité transpire dans de nombreux épisodes, tous cycles confondus, de la série, et particulièrement ici.
Par ailleurs, les pages décrivant le dédale de Point Central offre à Mézières l'occasion de briller encore une fois : ses architectures sont fascinantes, toujours aussi modernes trente ans après l'entame du titre, les extra-terrestres disposent de physionomies inégalables dans leur variété et leur expressivité, et les efforts de l'artiste à cet égard sont doublement payants car le lecteur est constamment surpris mais continue de pouvoir s'identifier facilement à Valérian et Laureline, qui sont les seuls terriens dans ces environnements.
Quelle prodigieuse imagination ! Quel plaisir ! Et quel meilleure réussite que celle de raconter, en mots et en images, aussi bien les exploits d'agents spatio-temporels au point que leur série n'a jamais été démodée, dépassée !
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