dimanche 6 septembre 2015

Critique 701 : SPIROU N° 4038 (2 Septembre 2015)


C'est L'Atelier Mastodonte qui a les honneurs de le "une" (avec une superbe couverture de Jérôme Jouvray) et quelques interventions frondeuses à l'intérieur de la revue. Le bandeau indique aussi la fin de la pré-publication du nouveau (et médiocre) tome de Louca.
 Très amusante, La semaine de Spirou par Guillaume Bianco,
et le strip de Animal Lecteur par Salma et Libon est juste parfait
(jeune, on adore parler de ce qu'on aime ;
adulte, on ne parle plus que de ce qu'on n'aime pas).

J'ai aimé :

- Dad. Après la double page émouvante de la semaine dernière, Nob continue dans un registre tendre avec cet épisode qui y fait directement écho. Une merveille (une de plus).

- Les Tuniques bleues : Les quatre évangélistes (6/7). Blutch et Chesterfield ont semé les sudistes de Pendleton et reviennent à sa base pour saboter ses canons et son stock de munitions. Mais Cancrelat n'est pas loin...
Le dénouement approche et le récit reste toujours aussi bien mené. C'est assez étonnant de constater à quel point Cauvin, quand il ne cherche pas à faire rire à bon compte mais juste à bien raconter son histoire, est juste. Et l'humilité du dessin de Lambil sert le propos, sans faire de bruit mais avec quand même un travail très bien mené.

- Passe-moi l'ciel. Le gag de Janry sur les petits (et jolis) et les gros (et moches) pandas est savoureux. Mais je le signale aussi car dans le n° de la semaine prochaine, la revue consacre un bel et large hommage au regretté Stuf (mort en Juillet dernier), avec ses dernières planches, et de nombreux témoignages.

- Boni : La fée des dents. Comme toujours, Ian Fortin est très en forme, et j'ai été d'autant plus amusé par l'argument des gags qu'il coïncide avec celui de l'excellent album Astrid Bromure : Comment dézinguer la petite souris de Fabrice Parme (Editions Rue de Sèvres), dont j'ai parlé récemment et que je vous recommande chaudement.

- Rob. Après plusieurs semaines sans intérêt, la série de James et Boris Mirroir se redresse avec ce gag où les choses évoluent sensiblement (Clutch est désormais en couple, sans y croire, et la situation repositionne le robot). C'est drôle, bien vu - et prometteur.

- Happy Birds. Hugo Piette, avec Lewis Trondheim, en plus de livrer trois strips succulents, propose dans le premier un découpage subtilement innovant dans ce cadre si contraignant. Ce titre s'est fait rapidement une bonne place, c'est agréable, original et bien mené.

- L'Atelier Mastodonte. Comme je l'avais teasé la semaine dernière, on peut lire les deux doubles strips de cette semaine comme une (légère) fronde contre la rédaction de Spirou, surtout le deuxième signé par Trondheim (le premier est l'oeuvre de Jouvray) : elle cible ouvertement la publication des pages (toujours aussi nulles, aussi bien scénaristiquement que visuellement) de Roger et ses humains par le "youtubeur" Cyprien (pas moins de 4 cette semaine). Mordant mais justifié. Et ce n'est pas fini (voir En direct de la rédak ci-dessous)...

- Game Over. Midam est toujours aussi bien dans son petit exercice muet et saignant.

En direct de la rédak donne donc la parole à plusieurs membres de l'Atelier Mastodonte de retour de vacances, et si le ton est majoritairement joyeux, l'avertissement de Nob et Trondheim à la fin est sans équivoque : gare à la porte ouverte aux nouveaux venus juste recrutés pour profiter de leur notoriété sur le net... Tout ça vous a (presque) un air de l'époque du Trombone Illustré où Franquin, Delporte et compagnie s'étaient rebellés contre la rédaction et son conservatisme... On va voir jusqu'où ça va. En attendant, la semaine prochaine, ce sera le retour de Seuls, l'épatante série de Vehlmann et Gazotti.
Les aventures d'un journal revient sur le 25ème anniversaire de la revue, en 1963, à l'occasion duquel, parmi d'autres surprises, Goscinny dévoila les ficelles que ses collègues scénaristes (et lui-même) utilisaient volontiers dans leurs BD.

Cette semaine marque aussi le retour (j'espère régulier) de La Galerie des Illustres où des artistes se fendent d'un dessin ou d'une planche inédite témoignant de leur passion pour la revue (et la bande dessinée en général) : c'est Jérôme Jouvray qui, en plus d'une interview, s'y colle en rendant un hommage délicieux à Spirou et Fantasio et Johan et Pirlouit.

J'aurai bien aimé vous dire à quoi ressemblait le supplément abonnés de ce n° (une plaque de porte de L'Atelier Mastodonte par Tebo)... Sauf que je ne l'ai pas reçu !

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