Et c'est parti pour une double ration de The Blue Flame, avec les épisodes 7 et 8, et juste avant la sortie du 9 Mercredi prochain. La série de Christopher Cantwell et Adam Gorham devient de plus en plus intense et imprévisible, nous entraînant dans des péripéties qui vont du tréfonds de l'âme aux limites du cosmos. Tout cela avec une parfaite cohérence !
Blue Flame demande à Yarix, dont le peuple a été effacé par les Arbitres, comment il a survécu. Vivant en ermite, dégoûté par les siens, Yarix fut épargné pour devenir procureur du Tribunal du Consensus.
Dee et Reed partant voir Mateo au centre de rétention, la police vient arrêter Sam car il a tabassé l'homme qui s'en était pris à lui à la thérapie de groupe et qui a dénoncé son beau-frère pour se venger.
Au centre de rétention, Mateo menace de s'évader car il veut être présent à tout prix pour l'accouchement de Dee. Mais Reed promet de lui trouver un bon avocat qui régulisera sa situation.
Blue Flame pense que les Arbitres l'ont désigné comme avocat en ayant condamné à l'avance la Terre. Il part donc chercher une force supérieure aux Arbitres pour les contraindre à changer leur jugement...
Et on enchaîne sans temps mort avec le huitième chapitre de la mini-série, comme je vous l'avais annoncé précédemment.
Sur Terre, Dee fait un malaise alors qu'elle est au téléphone avec Reed. Hospitalisée, les médecins lui ordonnent de garder le lit jusqu'au terme de sa grossesse et Reed jure d'y veiller.
Reed part à la recherche de Sam, libéré sous caution en attendant sa comparution devant un juge. Elle le trouve dans un refuge pour sdf et l'informe de la situation de sa soeur.
Cependant, Blue Flame atteint l'Horizon Universel et pénètre dans un espace inconnu où il espère trouver de quoi contraindre les Arbitres. Yarix le rejoint...
On commence par remarquer dans ces deux épisodes une accélération des événements. Il ne s'agit pas de dire que Christopher Cantwell cherche à rattraper un quelconque temps perdu et se précipite avant de conclure son histoire, mais plutôt de signaler qu'il veut faire franchir un nouveau palier à ces intrigues.
Il y a comme une quête de dépassement, de transcendance dans ces deux numéros. C'est particulièrement flagrant à travers le cheminement parallèle de Sam Brausam et Blue Flame qui se trouvent dans une impasse et espèrent s'en sortir en changeant de méthode.
En ce qui concerne Sam, ses actes le rattrapent : il avait deviné précédemment qui avait dénoncé Mateo aux services de l'immigration et s'en est pris à l'homme qui l'avait agressé verbalement lors de la thérapie de groupe (où Mateo l'avait accompagné). Malheureusement, cette réaction stupide se retourne contre lui puisque la police vient l'arrêter après que son signalement ait été donné par sa victime. La cosnternation de sa soeur et de Reed Gordon va aboutir à son passage par la case prison d'où Dee le sortira en payant une caution avant de le flanquer à la porte.
Encore une fois, Cantwell place le lecteur dans une position inconfortable puisqu'on éprouve de la solidarité pour Sam tout en reconnaissant qu'il a réagi bêtement et mérite au fond le peu de compassion de sa soeur, qu'il n'a cessé de tourmenter depuis qu'elle est revenue dans sa vie (depuis la fusillade donc). Sam n'est pas à proprement parler un type recommandable ni sympathique, on peut même affirmer qu'il se comporte plus souvent comme un abruti, un mec odieux, une tête à claques. En revanche, Dee gagne notre coeur parce qu'elle traverse des épreuves en devant en plus gérer ce frangin intenanble.
Mais surtout, Cantwell ne punit pas sottement Sam en l'accablant. Comme je le disais plus haut, il y a une sorte de transcendance dans ce chemin de croix, sans quoi il serait irrécupérable et cesserait de nous intéresser. Au trente-sixième dessous, lâché par tous, livré à lui-même, obligé de considérer ses actions, Sam atterrit dans un refuge pour sans-abri et, enfin ! demande de l'aide. Pas seulement pour avoir un toit sous lequel dormir, un repas, mais bien parce qu'il a touché le fond. Il est arrivé au terminus.
Et il rebondit de manière altruiste, généreuse, en allant voir l'employeur de Dee, incapable de travailler à cause de sa grossesse avancée désormais, pour la remplacer et gratuitement par-dessus le marché. Le patron hésite à recruter Sam, craignant que l'ex-Blue Flame n'attire l'attention dans son commerce. Mais il lui donne sa chance. Ce n'est peut-être pas gagné (si on considère l'attitude de Sam avec Reed, quand celle-ci le trouve au refuge et qu'il continue à évoquer le Tribunal du Consensus) mais le lecteur se remet à croire en lui, ce qui n'est pas un petit exploit après tout ça.
De son côté, Blue Flame est aussi bien miné. Il apprend comment Yarix est devenu procureur pour le Tribunal, mais surtout il doute de plus en plus à la fois de son efficacité en tant qu'avocat et de l'équité du procès. L'histoire de Yarix lui fait penser que les Arbitres vont de toute façon condamner la Terre comme ils l'ont fait avec le monde de son adversaire et, vu les moyens employés pour supprimer toute une race, il en fait des cauchemars. On le comprend car les planches d'Adam Gorham rprésentent un cauchemar absolu avec des pluies acides dissolvant les humains, le tout soutenu par les couleurs effrayantes de Kurt Michael Russell (ce coloriste est vraiment génial).
A partir de là, on se demande aussi où va aller la série, cette partie-là de l'histoire. Et Cantwell étonne encore en nous embarquant pour un voyage par delà les limites connus de l'univers. La référence à 2001 : l'odyssée de l'espace et son dernier acte est assumée, les dessins de Gorham et les couleurs de Russell renforcent encore plus ce sentiment. Les planches sont à cet égard fantastiques, traduisant à la perfection ce périple et cette sensation grisante et inquiétante à la fois de franchir l'ultime frontière, de pénétrer dans une zone inconnue, avec des effets lumineux fascinants, hypnotiques. Rarement ai-je perçu avec une telle justesse ce que les auteurs ont voulu exprimer en m'entrainant à la suite de leur héros.
La fin de l'épisode 8 est magnifique et terrible, mais je ne veux pas vous la spoiler (même si je devrais certainement le faire en critiquant le chapitre suivant). Toutefois, à ce moment précis, impossible surtout de dire sur quoi cela va déboucher. On peut s'attendre à tout. Et j'espère, surtout, au meilleur, car ce serait vraiment triste que le récit bascule dans le WTF à deux étapes de sa conclusion. Mais j'ai confiance en Cantwell et Gorham.
Ce qui est certain, c'est que dans cette presque dernière ligne droite, The Blue Flame effectue un grand écart sacrément culotté en sondant à la fois le tréfonds des âmes comme l'horizon de l'univers, chacun de faisant l'écho de l'autre. Quel souffle, quel panache, quelle audace !
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