Le premier n° de Moon Knight : Black, White & Blood s'est avéré si décevant (hormis le segment par Marc Guggenheim et Jorge Fornes) que je me suis demandé si ça valait la peine de poursuivre. Mais vu les auteurs de ce second exemplaire, je me suis laissé avoir. Et cette fois, pas de doute : c'est d'un tout autre niveau, avec des histoires inspirées, fortes, graphiquement audacieuses.
- The Empty Tomb. (Ecrit par Benjamin Percy, dessiné par Vanesa R. del Rey.) - Epuisé par ses troubles de la personnalité, Moon Knight sollicite l'aide du Doctor Strange. Celui-ci l'envoie en Egypte avec un scarabée sacré comme boussole et le prévient que la cure peut le tueur comme le guérir...
- A Hard Day's Knight. (Ecrit par David Pepose, dessiné par Leonardo Romero.) - Marc Spector entre dans un bar où il s'attable en compagnie de Steven Grant, Jake Lockley et Khonshu. Blessé, il leur demande comment il a été atteint...
- Blood Red Glider. (Ecrit et dessiné par Patrick Zircher.) - La veuve d'un ami soldat de Marc Spector le somme de venger son mari, mort en mission à cause de lui. Moon Knight se met en chasse pour retrouver Henrik Kless, le mercenaire qui a abattu son ami...
Le risque avec des projets comme Moon Knight : Black, White & Blood, c'est évidemment que le concept soit réduit à un gadget, à un pur exercice de style sans véritable fond. C'est ce qui s'était passé avec le premier numéro où malgré des noms ronflants, le manque de consistance des propositions était affligeant - même si j'épargnerai le segment réalisé par Marc Guggenheim et Jorge Fornes.
Bien déçu par cette expérience, je me suis posé la question de perséverer. Puis, au regard des auteurs impliqués dans cette seconde livraison, je n'ai pas résisté. Et j'ai été récompensé car le niveau des offres est bien plus élevé, gratifiant le lecteur de trois brêves histoires sur Moon Knight aussi inspirées narrativement que graphiquement audacieuses.
On démarre donc avec la nouvelle écrite par Benjamin Percy, dont pourtant je me méfie après avoir perdu beaucoup trop de temps à essayer d'aimer son run de X-Force. Mais ici, le scénariste retrouve la verve qui l'avait fait remarquer sur Green Arrow lorsqu'il imagine que Marc Spector, à bout de nerfs, consulte le Doctor Strange pour qu'il l'aide à ne pas devenir "un sarcophage vivant" obligé de composer avec ses multiples personnalités et surtout au service ce Khonshu.
Les planches de Vanesa R. del Rey ne plairont pas à tout le monde, le style de l'artiste étant exigeant dirons-nous. Mais au moins il se marie à la perfection avec le propos, cette traversée du désert éprouvante au terme de laquelle Moon Knight va soit trouver la paix soit la mort. Des images fortes, avec un usage du rouge sang intense, pour un script puissant, au final bien perturbant. S'il serait injuste de déloger Jed MacKay de la série régulière Moon Knight actuellement, j'avoue que je serai curieux de lire ce que Percy pourrait faire avec le personnage sur un run.
Ce qui suit est aussi bon : cette fois, c'est au tour de David Pepose, un auteur sur lequel Marvel semble placer beaucoup d'espoir tout en le testant sur des projets improbables (comme la nouvelle mouture des Savage Avengers), de nous conter un récit plein de malice. On associe mal cette notion avec Moon Knight mais, contre toute attente, le résultat est brillant.
Cette tablée des Moon Knights qui retrace les blessures physiques encore à vif sur le corps de Marc Spector après plusieurs batailles dont il n'a pas le souvenir est vraiment habile. Et comme c'est l'excellent Leonardo Romero qui se charge de dessiner, on est gâté. Désormais habitué aux contraintes de l'exercice (après l'avoir testé avec succès sur Elektra), l'artiste produit des planches pleines de pep's et de classe, c'est un régal (mais maintenant, messieurs-dames de chez Marvel, ce serait bien de récompenser Romero en lui confiant une série régulière).
Enfin, j'attendais particulièrement ce qu'allait faire Patrick Zircher, qui a depuis de longues semaines teasé sa participation à ce numéro. Et pour cause, pour la première fois, il a obtenu de signer scénario ET dessin. Féru de littéraure et amoureux fou de son média, il a visiblement mis tout son coeur à l'ouvrage.
Et ses efforts sont payants car il livre une histoire bien emballé, dense, à l'image de son dessin, superbement détaillé, où la couleur rouge est subtilement exploitée. Il n'y a rien de révolutionnaire chez Zircher, le scénariste comme le dessinateur, mais ce classicisme laborieux et racé a une sacrée gueule. Pas de doute que si Marvel (ou un autre éditeur) lui accorde plus de place et de temps, il saurait faire quelque chose qui vaille le détour en qualité d'auteur complet. Ce récit de vengeance en témoigne.
Rendez-vous dans un mois pour une nouveau lot de short stories, avec notamment Ann Nocenti et David Lopez au générique.
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