Pendant ce temps, Jane Foster/Valkyrie assiste les Avengers et l'agent du Wakanda Roz Solomon sur une arrestation étrange. Elle en profite pour escorter une femme au paradis, comme son rôle l'exige. Puis elle rentre chez elle où elle est surprise par l'apparition de Mjolnir ensanglantée...
Torunn Gronbekk rédige un épisode assez déséquilibré dans la mesure où il commence par une (trop) longue séquence avec les Avengers et l'agent Solomon, qui semble surtout destinée à montrer les pouvoirs, plutôt sinistres, de la Valkyrie (capable de lire le destin de tout un chacun et donc d'anticiper l'heure de leur mort). On se demande, à part cela, pourquoi elle y consacre autant de pages - peut-être que cette action a priori sans rapport avec la suite s'avérera pertinente plus tard, mais je suis perplexe.
Tout démarre vraiment avec l'apparition de Mjolnir couvert de sang. Pour que le marteau enchanté ne soit pas rappelé par Thor et vienne jusqu'à Jane Foster, qui l'a brandi un temps, il faut que la situation soit gravissime. Mais là encore, Gronbekk déjoue nos attente (nos espoirs ?) car la Puissante Thor ne fait qu'un passage éclair quand Jane se saisit de l'objet... Avant de reprendre son apparence de Valkyrie. L'esprit d'Odin (qui vient de mourir dans les pages de la série Thor de Donny Cates) enfermé dans le marteau râle car Jane résiste à reprendre son ancien rôle dans un moment critique (c'est raccord avec la relation tumultueuse qui a toujours existé, de tout temps, entre la mortelle et l'ex-Père de Tout).
Pendant ce temps, Asgard est effectivement sous le feu des agents embauchés par la mystérieuse conspiratrice vue dans les premières pages. Et on découvre à la toute fin que Amora l'Enchanteresse est aussi de la partie.
Tout ça forme un ensemble un peu bizarre, comme si les éléments se mettaient place de manière anarchique (ce qui contredit ce qu'on lit puisque l'assaut contre Asgard et le sort de Thor ont été planifiés). Mais tout sera oublié et pardonné si Gronbekk rééquilibre son topo au prochain épisode - la mini-série en comptera cinq. Ce qui est certain en revanche, c'est que la scénariste marche dans les pas de Jason Aaron (avec Jane Foster, les elfes noirs, Kurse, l'Enchanteresse, Ulik, tous présents dans son run jusqu'à War of the Realms) et qu'elle a de l'ambition si on en juge par ce départ spectaculaire.
L'autre raison pour laquelle cette mini m'intéressait, c'était pour la présence au dessin de Michael Dowling. Voilà un artiste que je juge intéressant à suivre. Je l'avais remarqué sur la mini SFSX (Safe Sex) écrite par Tina Horn pour Image Comics, puis sur de récents épisodes d'Amazing Spider-Man (période Beyond).
Ici colorisé par l'excellent Jesus Arbutov, il se révèle encore une fois très bon. Son trait est élégant et posséde des textures superbes, presque minérales. Son usage de l'infographie est intelligent, notamment pour les décors (exigeants ici, surtout pour les scène sur Asgard avec des plans d'ensemble généreux). Mais ce sont surtout ses personnages qui séduisent le regard.
Il s'approprie Jane Foster après Russell Dauterman et Mattia de Iulis, sans s'inscrire dans les traces de l'un ou de l'autre. L'héroïne a une sorte de majesté naturelle fascinante, et les gros plans sur son visage sont remarquables. Le degré de détail apporté à des éléments comme Mjolnir est aussi assez bluffants et la dernière page révèle là encore une puissance évocatrice épatante (même si on peut chipoter en notant que le personnage qui s'y trouve manque un peu du muscle qui le caractérise).
L'un dans l'autre, tout n'est donc parfait, mais on peut espérer que les maladresses seront vite gommées et que l'histoire prendra un bel envol. Elle en a le potentiel en tout cas, et avec les dessins de Dowling, ce sera agrèable à lire.
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