Bon, comment dire ? C'est pas ça. C'est plus ça. Fire Power pique vtaiment du nez, et ça fait maintenant des mois que ça dure, depuis la reprise du titre. La narration hyper-décompressée de Robert Kirkman me fait limite piquer du nez à la lecture. Chris Samnee tient la baraque, mais il semble livré à lui-même dans cette intrigue rebattue, qui ne progresse plus. C'est décourageant.
Honk-Kong. Maître Shen défie Maître Shaw dans les décombres de la ville ravagée par le dragon. Si Shen parvient à donner le change, il préfère se retirer finalement, laissant Shaw frustré et méfiant.
Cependant, Kellie Johnson et ses enfants ont élu domicile sur l'île de Chen Zul où elle téléphone aux parents d'Owen pour tenter de les apaiser. De son côté, Ling Zan évoque un secret lié à Wei Lun.
Wei Lun a accompagné Owen jusque chez Maître Ping qui, avant d'accorder son renfort à l'armée de Chen Zul, veut avoir la preuve du pouvoir d'Owen.
Ensemble, les trois se rendent ensuite jusque chez Maître Hwang. Celui-ci vit dans un endroit retiré et sordide où il attend leur visite. Sans leur souhaiter la bienvenue...
Qu'est-ce que j'aurai aimé vous écrire que Fire Power #21 était bien. Mais je ne le peux pas. C'est même tout le contraire : cette série est en train de sombrer. Et le pire, c'est que, quelque part, je m'y attendais. Je m'y étais presque préparé.
Pourquoi ? Voilà quelques mois, depuis que la série a repris, après la pause marquée par ses auteurs (le temps pour Chris Samnee de reprendre des forces), que ça ne va plus du tout. Lorsque Fire Power s'est mis en suspens, on a eu droit à un (double) coup de théâtre qui en vérité n'en était pas vraiment un avec le retour à la vie de Maître Shaw et surtout le réveil du dragon endormi sous le Temple du Poing de Feu. Des apparitions spectaculaires qui firent basculer l'histoire dans une autre dimension, beaucoup plus spectaculaire, d'une envergure mondiale.
Il ne s'agissait plus alors d'attendre que la suite de la série se résume à des luttes de clans comme pendant les deux premiers actes. Désormais, il existait un grand méchant, très puissant, qui partait à la conquête du monde et contre lequel les boules de feu d'Owen Johnson ne suffirait pas.
Premier souci : depuis la reprise de Fire Power, il y a trois mois, tout est l'arrêt ou quasiment, en tout cas ça n'avance plus guère. Tout à sa démonstration de force, Robert Kirkman nous livre des non-épisodes où le lecteur est presque sommé de s'extasier devant le dragon, ses ravages, épicétout. On en est encore là ce mois-ci avec le monstre qui coule un porte-avion et dézingue quelques coucous de l'armée américaine après une bagarre entre Maître Shaw et Maître Shen (qui ne sert strictement à rien d'un point de vue dramaturgique).
Deuxième souci : puisqu'il faut bien, malgré tout, envisager une sortie de crise, Kirkman engage son héros dans une quête visant à rassembler des Maîtres. Leur réunion, en plus de renforcer l'armée de Chen Zul et des disciples du Temple du Poing de Feu, doit censément venir à bout du dragon et de Shaw. Censément, mais pas sûrement. Pour boucler la boucle et nous prouver qu'il sait où il va depuis le début, ces Maîtres sont ceux mentionnés lors de la première confrontation entre Owen et Wei Lun lorsque le premier arriva au tempel (c'était dans Fire Power ; Prelude) : donc on va voir à quoi ressemblent Maître Chan, Ping, Shun, Hwang (on fait déjà connaissance avec Shun, Ping et un peu Hwang ce mois-ci).
Troisième souci : parce que tout ça est apparemment encore trop simple, Kirkman nous tease un secret concernant Wei Lun, ignoré de Owen mais connu de Chen Zul et sa fille Ling Zan. Vu les visages graves arborés par les deux derniers, ça doit être du sérieux. Mais qu'est-ce que le scénariste va encore sortir ? Déjà, Wei Lun avait dissimulé à Owen qu'il avait rallié le Clan de la Terre Ecorchée. S'il a encore fait des cachotteries à Owen, je vois mal comment celui-ci le tolérerait. Surtout, ça ressemble beaucoup au "syndrome de Charles Xavier" chez les X-Men avec la figure du mentor qui a l'armoire remplie de cadavres mais à qui on pardonne toujours tout.
Si on fait la synthèse de tout ça, de toute façon, c'est chiant à lire, pour le dire crûment. Trois épisodes pour ça, c'est beaucoup trop décompressé, et surtout on ne voit absolument en quoi ces Maîtres apportent une aide. Si encore ils manifestaient des pouvoirs surnaturels (comme les boules de feu de Owen), mais non. Shun est un bretteur super vif, Ping on ne sait pas, et Hwang on verra (peut-être !) le mois prochain. En attendant Chan (comme on attend Godot ?). Et que cache donc ce vieux filou de Wei Lun (qui ne va sûrement pas arranger tout ça) ? Sans oublier certainement de nouvelles frappes impressionnantes du dragon (pour occuper quelques pages dans les prochains numéros).
Mais la gêne la plus marquante provient sans doute du travail de Chris Samnee. Si je lis encore Fire Power, je ne cache pas que c'est grâce à lui. Même ostensiblement essoré par la production de ses deux séries (quand bien même Jonna and the Umpossible Monsters devrait s'achever au #15), le dessinateur donne tout et livre des planches à la hauteur de sa réputation.
Le découpage est survolté et sous influence manga très nette. Beaucoup, mais vraiment beaucoup de lignes de vitesse, et donc moins de décors, dans les scènes d'action. Samnee en rigole dans le dialogue habituel en postface du numéro avec Kirkman : il adore les lignes de vitesses et dessiner des ruines. Mais le lecteur, le fan, se désole un peu de voir ce grand artiste réduit à des mises en scène où son talent de narrateur est si mal exploité.
Comble du comble, on voit même Samnee utiliser un copier-coller lors d'une scène. Comme il ne le fait pratiquement jamais, ça se remarque vite, et en plus c'est mal fait (d'ailleurs Samnee le reconnaît à demi-mots dans la postface). Il remercie par ailleurs Matt Wilson, ce qui est louable car le coloriste fluidifie de manière exceptionnelle des scènes qui seraient très communes sans lui.
Samnee est vraiment livré à lui-même. Il tient la baraque sans pouvoir s'appuyer sur un script à l'évidence très sommaire. Les dessinateurs, généralement, préfèrent que les scénaristes ne les assomment pas d'indications pour les scènes d'action et comme il n'y a pratiquement que ça (les scènes plus calmes, s'appuyant sur les dialogues, ne brillant pas par un génie éclatant mais plutôt par des ficelles grosses comme des cables), Samnee a les coudées franches. Mais enlevez ces scènes de l'épisode et il reste quoi ? Pas grand-chose. C'est vite lu (ce qui n'est pas un défaut), mais aussi vite oublié (et là, c'en est un), car sans substance.
Kirkman rédigeant des arcs narratifs en six numéros, il reste trois épisodes pour que cet arc s'achève (même si ça ne signifiera certainement pas la résolution de l'intrigue en cours). Je n'espère plus de miracles. Mais franchement, je doute d'aller au-delà car lorsqu'une série ne vous fait plus saliver d'impatience, mieux vaut la lâcher avant de la lire juste apr complétisme.
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