(Soupir)... Ce 93ème épisode de Nightwing m'a affligé. Non mais de qui Tom Taylor se moque-t-il ? Y a-t-il même un scénariste avec une histoire digne de ce nom à raconter aux commandes ? J'ai rarement eu cette impression de vacuité et de roublardise mêlées. Bruno Redondo emballe ça joliment mais sans pouvoir sauver quoi que ce soit.
Heartless se présente devant Blockbuster pour lui proposer une alliance. Mais Roland Desmond n'est pas intéressé et congédie brutalement son visiteur en le défenestrant.
Cependant, après avoir échappé à la police alors qu'il nettoyait la statue d'Alfred vandalisée, Nightwing rentre à Gotham où Oracle a réussi à identifier ceux qui s'en sont pris à ladite sculpture.
Dick Grayson est rappelé à Blüdhaven par sa demi-soeur car la police tente de déloger les jeunes qu'il a le projet de reloger. Les médias sont invités pour cette opération. Mais Dick a un atout dans sa manche.
Il rend public, grâce à Oracle, l'identité des vandales, tous des policiers de Blüdhaven. Le commissaire humilié doit se retirer. Heartless, lui, a survécu à sa chute, mais il est mal en point...
Franchement, ça ne me procure aucun plaisir de devoir cartonner une série comme Nightwing, et d'ailleurs, pour être parfaitement clair, ce n'est pas tant la série que je cible que la manière dont Tom Taylor l'écrit depuis maintenant plusieurs mois et qui me convainc de moins en moins, m'agace de plus en plus.
Nightwing est une série qui séduti critique et public depuis sa reprise en main par Tom Taylor et son premier arc incitait à penser qu'effectivement, DC avait eu raison de s'en remettre à lui, qui revendiquait son amour pour le personnage, sa volonté d'en faire un héros de premier plan, et d'écrire des histoires valables.
Soutenu par un artiste lui-même attrayant, Bruno Redondo, Taylor avait de belles cartes en main. Jusqu'à ce qu'il doive composer avec le Fear State de James Tynion IV et quelques n° tie-in. Mais c'était provisoire et la reprise promettait. Sauf que... Npn. En tout cas pas pour moi.
Je ne veux pas parler pour les fans actuels de la série mais j'en quand même le sentiment que Tom Taylor et Bruno Redondo ont réussi un joli tour de passe-passe, même s'il ne résiste pas à ceux qui ont lu, surtout, Daredevil par Waid & Samnee, dont le run actuel s'inspire ouvertement. D'ailleurs, si on se met à compter les références à Daredevil en général, Nightwing ressemble désormais à un ersatz grossier.
Blockbuster ? Le Caïd. Heartless ? Au choix : Bullseye ou The Spot. Dick Grayson ? Matt Murdock. Il ne manque qu'un avatar de Ben Urich pour que le tableau soit complet. Mais en l'état, c'est tellement flagrant que ça devient embarrassant car si l'hommage est plaisant, il faut que la série en sorte pour trouver son identité. Là, au contraire, elle s'enfonce dans les citations, les qualités de l'original en moins. On pourrait aussi mentionner des emprunts à Hawkeye (période Fraction & Aja) avec Le toutou, Barbara Gordon/Kate Bishop, les Titans/les Avengers, etc.
Si j'ai envoie de relire ce genre de série, c'est simple, j'ouvre un recueil de Hawkeye ou DD, mais je n'ai pas besoin que Tom Taylor plagie Mark Waid ou Matt Fraction, surtout si c'est pour faire moins bien. Sa bataille pour le coeur de Blüdhaven manque par ailleurs cruellement d'intensité, tout ça se déroule sur un rythme bien trop pépère, avec des péripéties qui sentent le remplissage, une narration décompressée à mort, un lecteur moins impliqué. En tout cas, moi, je ne vibre pas autant.
Cet épisode est vraiment un résumé de toutes les tares de Taylor : normalement, il n'y a pas de quoi remplir vingt pages, ce qui se passe est dérisoire, ou du moins mené sans tension. Passée la scène d'ouverture où Blockbuster défenestre Heartless (dont on sait bien qu'il survivra, même si c'est complètement invraisemblable), le reste ressemble à du grand WTF scénaristique avec Nightwing en costume qui nettoie la statue d'Alfred (comme si avec tout le fric qu'il a, il ne pouvait pas payer quelqu'un pour faire ça ! Non, c'est bien plus logique qu'un bonhomme en tenue de super-héros astique un sculpture avec son seau et son éponge le matin...). Puis les flics débarquent et ouvrent le feu sans sommation !
Course-poursuite avec cascades portnawak à l'arrivée (Nightwing pète sa moto : bonjour l'acrobate). Il rentre à Gotham (c'est pratique, y a une ellipse, on ne voit pas comment il a filé depuis Blüdhaven). Miracle : Oracle a identifié tous les vandales et ce sont des flics, forcément corrompus (sinon y aurait plus d'épisode). Melinda Zucco appelle son demi-frangin pour l'avertir que le commisaire MacLean est en train de commettre une saloperie (elle a que ça à faire, la nouvelle maire de Blüdhaven ? Et Blockbuster ne la fait donc pas surveiller ?).
Le clou du spectacle a lieu au cours d'un concours de bites entre MacLean et Grayson devant les caméras de télé. Dick humilie le flic (ce qui n'est pas très malin, mais bon, on n'est plus à ça près). Et rideau (ou presque, le temps de montrer Heartless en piteux état mais pris en main par son Alfred à lui, quelle originalité !).
C'est un festival. Vingt pages pour ça ? Sérieux ! De qui se moque-t-on ? Taylor nous a promis une bataille au sommet pour le coeur de Blüdhaven et on a droit à de la chicailla pour des graffitis sur une statue par des flics corrompus (qui, eux aussi, ont vraiment que ça à foutre, d'aller tagger une statue !). Hé ben, si c'est ça, la bataille de Blüdhaven...
J'ai, à vrai dire, de la peine pour Bruno Redondo qui doit illustrer un script pareil en faisant comme si c'était génial. Je doute fort que les lecteurs seraient aussi indulgents sans lui. L'artiste découpe les scènes d'action avec son adresse coûtumière et glisse quelques expressions savoureuses à ses personnages dans un gag de sitcom de bas étage (oh, Dick a dit à Babs qu'il l'aimait !). Mais c'est triste, c'est toujours triste de voir un bon dessinateur dessiner de la merde (un peu comme Samnee avec Kirkman...).
Je voulais tenir jusqu'au #100, mais si j'arrive jusqu'au 95, j'aurai pris sur moi. Nightwing n'est pas Daredevil (il n'en a ni le charisme, ni la galerie de méchants), Taylor n'est pas Waid (encore moins Nocenti, Miller, Bendis, Brubaker). Cet arc, ce run pique du nez et va se crasher, c'est évident. Mais, c'est le privilège du lecteur sur le fan : il a un parachute pour quitter l'appareil à tout moment.
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