Pour le cent-vingtième épisode de Batman depuis le début de l'ère Rebirth, Joshua Williamson aurait été inspiré de livrer un épisode de meilleure qualité que le début de son run. Hélas ! ce n'est pas le cas et la lecture est même pénible tellement elle est à la fois décompressée et creuse. Graphiquement, Jorge Molina doit encore compter sur Mikel Janin pour l'assister. Déplorable.
Profitant de la confusion dans le poste de police, la détective Cayha exfiltre Batman, aveugle après son combat contre Abyss, dans un sac mortuaire. Elle le conduit chez lui afin qu'il examine ses yeux mais il déduit que sa cécité a été causée par un une arme inconnue.
Cependant, Lex Luthor, au courant de la situation, entend l'alarme de son penthouse s'activer. Ses vêtements civils font place à une armure arborant le logo de Batman. Dans l'obscurité, il attend que Abyss attaque le premier, prêt à lui répondre.
Convaincu que les membres de Batman Inc. sont manipulés et sont détenus injustement, Batman entreprend de les faire s'évader du quartier de haute sécurité où ils sont sont. Mais ceci fait, Batman est pris à parti violemment par ses anciens acolytes.
Alors qu'il cherche à comprendre, en les interrogeant, ce qui leur prend, Batman voit Luthor débarquer sur le toit de la prison. Les membres de Batman Inc. révèlent alors ne pas travailler pour Luthor mais pour Abyss, qui les rejoint, pour tuer Lex...
C'est toujours désagréable de lire une histoire dont on ne comprend pas la direction. Mais ça l'est encore davantage quand on a le sentiment qu'il n'y a pas de direction. Et c'est ce sentiment qui vous étreint avec l'histoire de Joshua Williamson.
Pourtant, ça partait bien avec Batman hors de Gotham, volant au secours des membres de Batman Inc., tenus pour responsables du meurtre d'un mystérieux vilain, et Lex Luthor qui les finançait. Mais depuis, ça va de mal en pis. Chaque nouvel épisode laisse une impression de vide. Surtout, bien que cet arc narratif ne compte que quatre épisodes, on a la conviction qu'il aurait suffi de moitié moins pour le boucler.
Et finalement, on n'est pas intéressé par cette intrigue, qui patine, qui devait présenter un méchant inédit mais dont on ne sait toujours rien, et dont les coups de théâtre tombent à plat. Idem pour le face-à-face prometteur entre Batman et Luthor qui vire à la farce : ce dernier, après des décennies à jalouser Superman, s'est mis en tête de copier Batman, armure redesigné à l'appui.
C'est la douche froide, au point que je ne trouve rien à sauver du côté du scénario. C'est vraiment mauvais. On a pu reprocher à Tom King son obsession pour le couple BatCat et la machination ourdie par Bane (et le Flashpoint Batman). James Tynion IV s'est pris les pieds dans le tapis avec Fear State, mais avait réussi Joker War. Ce n'était pas parfait auparavant, mais les prédécesseurs de Williamson avait un projet, un plan, une ambition. Toutes choses qui font défaut à Williamson pour qui Batman semble n'être qu'une série de plus à écrire (le bonhomme est déjà bien occupé par ailleurs, et DC l'a implicitement désigné comme le nouvel architecte de son univers).
Je n'ai pas envie de m'acharner, ça ne me plait pas, mais je n'aime pas ce que je lis. Pire : je m'ennuie en le lisant. Il ne reste plus qu'un numéro pour conclure (sachant qu'ensuite Batman sera engagé dans le crossover Shadow War avec les séries Robin et Deathstroke Inc., toutes deux écrites par... Williamson - et je n'avais déjà pas l'intention de suivre ça). C'est la seule bonne nouvelle.
Visuellement, Jorge Molina, comme depuis le début, n'arrive pas à boucler l'entièreté de l'épisode et se dispense dès qu'il le peut de dessiner les décors, profitant que le récit se déroule en une nuit. C'est pratique, comme les sources lumineuses sont réduites, vous pouvez escamoter les arrière-plans... Moi qui appréciait cet artiste et espérait que Batman lui donne une exposition qu'il me paraissait mériter, je tombe de haut en constatant que, peut-être en ayant voulu trop bien faire d'entrée de jeu, il s'est si vite essoufflé.
Mikel Janin intervient donc à nouveau et réalise les planches 4 à 12. Il n'a aucun mal à supplanter les efforts médiocres de Molina car il soigne son ouvrage avec des compositions très élégantes (la scène chez Cayha ou celle dans le penthouse de Luthor). Parce qu'il a l'habitude du personnage de Batman, il le dessine facilement et ses pages ont une vraie substance, une ambiance intense.
Jorge Jimenez (remis du Covid) sera de retour sur la série une fois Shadow War passé, mais j'ignore si je serai disposé à redonner une chance à la série avec Williamson aux manettes. Par contre j'espère que Janin héritera d'une série régulière car il le mérite vraiment (et que DC le balade sans arrêt d'un projet boîteux à un autre depuis la fin du run de Tom King sur Batman).
Voilà, j'ai essayé de ne pas m'énerver, ça n'en vaut jamais la peine. Plus qu'un numéro donc et basta. Batman mérite mieux. Ses fans aussi.
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