L'arrivée de Tini Howard comme scénariste de Catwoman avait bien démarré le mois dernier et pour son quarantième numéro, la série confirme qu'elle est entre de bonnes mains. Ce premier arc sera court (quatre épisodes) et il est nerveux, prenant. Au dessin, Nico Leon confirme lui aussi ses bonnes dispositions, soutenu par les couleurs de Jordie Bellaire.
Selina Kyle découvre que Kristi, une des danseuses qui l'a aidée à affronter Black Mask la veille au soir, a été assassinée dans la chambre d'hôtel où elle devait être en sécurité. C'est un avertissement lancé par la pègre de Gotham. Mais Selina décide de répliquer vite et fort.
Elle sait qu'un meurtre commandé comme celui-ci n'est possible que grâce à Don Tomasso. Elle cible le fils de ce parrain italien, Dario, pour trouver les assassins en échange d'une information cruciale pour ce dernier : Don Tomasso veut confier sa succession à Noah Goddard, son conseiller.
Après avoir châtié les assassins, Catwoman comprend que Dario est l'amant de Noah Goddard. Pour réfélchir à la suite, Selina visite de nuit un musée qui expose le plus gros diamant du monde. Valmont l'y rejoint, toujours aussi mystérieux sur son agenda personnel.
C'est alors que Noah Goddard se présente avec des hommes armés. Catwoman l'attaque mais la situation lui échappe quand elle reçoit un tir en pleine poitrine... Lorsqu'elle reprend connaissance dans le repaire de Valmont, celui-ci lui montre les cadavres de Goddard et ses sbires.
Comme je l'indiquai en préambule, le premier arc écrit par Tini Howard pour Catwoman sera bref : quatre numéros. C'est un calcul intelligent car cela ne décourage pas le lecteur, toujours méfiant lorsqu'un nouvel auteur reprend une série, surtout après un précédent run convaincant. Quatre épisodes, c'est malgré tout un challenge narratif car il faut aller vite sans être expéditif, sans bâcler son affaire.
En réintroduisant Catwoman dans la haute société de Gotham, Tini Howard a un objectif clair : la faire renouer avec la cambriole mais sans qu'elle renonce à son activité bien particulière philosophiquement de justicière. En effet, l'équilibre du personnage tient dans cette position : elle n'est pas une criminelle comme le Joker, Double-Face, le Pingouin ou le Sphinx, mais elle se bat avec les armes de ses adversaires, sans se soucier de la légalité (contrairement à Batman).
Le mois dernier, Catwoman faisait un point sur la situation de la haute ville de Gotham où elle n'évoluait plus depuis un moment et avec elle, nous avons identifié les familles du grand bnaditisme local. Un invité s'est présenté à la table en la personne de Roman Sionis/Black Mask, un vilain avec qui Catwoman a un lourd et vieux contentieux.
Conséquence rapide : dès l'ouverture de cet épisode, Selina Kyle découvre le cadavre encore chaud de Kristi, une danseuse qui l'a aidée à fuir Black Mask dans le précédent numéro. Elle pensait l'avoir mise à l'abri dans un hôtel luxueux mais ça n'a pas suffi. Tini Howard lance donc un avertissement aussi bien à Catwoman qu'au lecteur : la chasse est ouverte, le temps des repérages et des mises en garde est révolu.
Catwoman contre-attaque donc, mais sans pour autant frapper aveuglèment. Tini Howard s'inscrit donc dans les pas de Ram V en continuant d'envisager son héroïne comme une femme intelligente, qui sait anticiper les coups, montrer à l'ennemi qu'elle n'a pas peur. Malgré tout, contrairement à Batman et au run de Ram V, Catwoman est ici plus seule, elle ne s'appuie pas sur des alliés occasionnels ou permanents (comme les Strays de Alleytown). Son seul compagnon semble être ce mystérieux Valmont mais la fin de l'épisode révèle une part sombre et inquiétante de cet individu (qui n'hésite pas à tuer de sang froid).
L'épisode est donc coupé en deux parties : d'abord la riposte, efficace, express, spectaculaire de Catwoman. Tini Howard l'écrit avec beaucoup d'adresse et accroche le lecteur avec une suite de scènes rapides, des dialogues piquants, et même une dose d'humour. Puis il y a le retour de Valmont, la bagarre contre Goddard et ses sbires, et le cliffhanger final. Là aussi, ça ne perd pas de temps, mais le dialogue occupe plus de place, la tension entre Catwoman et Valmont est intéressante. Les deux segments se répondent bien, ça fonctionne parfaitement. Et en fait on devine que ce premier arc ne se conclura pas simplement, il va sûrement servir de tremplin pour une saga plus longue, impliquant toute la pègre gothamite et Catwoman, avec Valmont dans le rôle de la wild card - une structure finalement proche de ce que Howard avait établi sur la série Excalibur où on comprenait que tout servait le plan d'Apocalypse pour renouer avec Arakko (et qui a abouti au crossover X of Swords).
Visuellement, la série a gagné avec Nico Leon un dessinateur qui montre son envie d'en découdre. Longtemps cantonné aux seconds rôles chez Marvel, baladé de série en série, il y a chez l'artiste une volonté de faire ses preuves, de montrer au lecteur (et à son nouvel éditeur) ses compétences.
On peut lui reprocher néanmoins, non pas cette surmotivation, mais un trait un peu froid. Le dessin numérique a ses avantages mais quand on ne peut pas s'appuyer sur un style fort, cela peut vite devenir un peu impersonnel. Si dans les scènes d'action, Leon fait preuve d'une belle technique, et si le découpage a une belle variété, qui assure une lecture entraînante, on aimerait volontiers un peu d'effets de matière, de texture, car l'ensemble reste très lisse.
Cette impression est soulignée par les couleurs de Jordie Bellaire. Leon a expliqué avoir convenu avec cette dernière d'une palette et la consigne semble avoir été d'aller vers quelque chose d'assez uniforme et encore une fois un peu froid. Cela va jusqu'à parfois des cases et même des planches entières avec une seule nuance, de gris, très appliquée. C'est étonnant. D'autant qu'à côté, Bellaire oppose des sources de lumière contrastées comme le rose des phares de la moto de Catwoman ou le jaune-oranger dans le repaire de Valmont. En dehors de ça, ça manque un peu, sinon de fantaisie, en tout cas de diversité. Comme l'action est essentiellement nocturne, c'est limite monotone. A voir donc si Leon et Bellaire vont persister dans cette direction ou quand même un peu plus éclairer leur affaire.
Quoi qu'il en soit, malgré ses réserves, on passe vraiment un bon moment et surtout on reste curieux de savoir où Tini Howard et ses partenaires vont nous emmener. On le sait, cette scénariste n'aime pas abattre ses cartes trop vite, mais elle avance avec un plan sur le long terme. Comme ça démarre bien, on lui accorde un vote de confiance.
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