Le nouvel épisode de Hawkman est atypique dans la mesure où Robert Venditti et Bryan Hitch mettent de côté ce qui caractérise leur run, en particulier le grand spectacle (même si le cadre de l'histoire reste grandiose), mais en privilégiant le dialogue, l'intrigue avance de manière décisive. Direction : Krypton.
Le vaisseau récupéré dans le Microvers par Hawkman avait sa trajectoire pré-programmée. Le héros se dirige vers Krypton, ou ce qu'il en reste puisque la planète natale de Superman a depuis longtemps était détruite.
Mais, comme à chaque fois qu'il est revenu où il vécut, Hawkman rencontre une de ses incarnations antérieures, ici Catar-Ol. Krypton a déjà commencé à implosé et le témoin de ces événements pense qu'il s'agit de la fin de l'histoire de son peuple.
Mais Hawkman le corrige sur ce point en évoquant la survie de Superman et de Supergirl - laquelle fut une élève de Catar-Ol, avec lequel elle conçut un hologramme géant retraçant les grandes heures de Krypton.
Le temps presse et Hawkman demande à Catar-Ol où se trouve l'arme capable de terrasser les Deathbringers. Or, celle-ci est immense, intransportable car le plan était d'attirer l'ennemi ici, non de le traquer pour l'éliminer.
Catar-Ol suggère donc que Hawkman sera lui-même l'arme contre les Deathbringers. Le héros se retire, Krypton implose, il espère désormais avoir assez de temps pour vaincre ses adversaires... Qui approchent de la Terre !
Si on excepte donc le spectacle extraordinaire et tragique de la destruction de Krypton, tout l'épisode repose donc sur le dialogue entre Hawkman et son ancien lui, le kryptonien Catar-Ol. Robert Venditti ose le pari d'écarter des éléments habituels, rituels, comme une grosse baston pour un chapitre plus passif.
Mais, attention, cela ne veut pas dire bavard ou dispensable car ce que s'échangent les deux incarnations de Carter Hall est déterminant. Venu dans le secteur de Krypton, le héros n'y trouve bien sûr que les restes de la planète depuis longtemps détruite - on notera d'ailleurs que Vendetti ne mentionne pas les causes de cette destruction, comme l'implication de Rogol Zaar, récemment ajoutée par Brian Michael Bendis.
En vérité, cela n'a pas d'importance. Hawkman n'est pas là pour enquêter sur la mort de ce monde (comme Supergirl dans sa série), mais pour y récupérer une arme susceptible de tuer les Deathbringers.
Et là, Venditti révèle, par le biais d'une double page ahurissante de Bryan Hitch, l'arme en question : un engin immense et indéplaçable. Le plan de Catar-Ol était d'attirer les Deathbringers et non de les poursuivre. Tout le plan de Hawkman tombe à l'eau. A moins que... Ce soit lui qui devienne l'arme fatale aux dieux qu'il a trahis !
Ce twist modifie sensiblement la perspective de l'histoire car elle transforme la quête en plusieurs étapes de Hawkman en une mission dont il serait lui-même la solution, l'issue. Et ainsi s'offre à lui une possibilité insoupçonnée : peut-être qu'en éliminant les Deathbringers, il se rachétera pour toutes les vies qu'il a ôtées en leur nom et échappera à la sa propre fin. La résignation de Catar-Ol transcende Carter Hall qui, même s'il ignore comment il va encore arrêter les Deathbringers, sait qu'il ne peut pas abandonner après tout ce qu'il a traversé et avant d'avoir cette chance éventuelle de survivre à son destin.
Bryan Hitch se sort du défi narratif d'ilustrer un épisode entier sans grande bataille avec brio. Une ligne de dialogue ironise d'ailleurs sur ce point quand Hawkman a la surprise de constater que Catar-Ol ne veut pas se battre avec lui comme ses précédentes incarnations.
L'artiste apporte un grand soin aux décors et cadre souvent les deux protagonistes dans des pièces démesurément grandes où, par de grandes baies vitrées, on assiste avec eux à l'implosion progressive de Krypton. Le contraste qui se joue alors entre la fin d'un monde et cette discussion intime confère une intensité dramatique épatante au chapitre.
Hitch procède aussi de la même manière pour l'expressivité des deux hommes : Catar-Ol se déplace calmement, moins majesteux que résigné, tandis que Carter Hall s'agite, hausse le ton, presse con interlocuteur, le maudit. Catar est impassible, Carter est animé par le dépit et la colère. C'est simple mais très bien vu.
Hawkman est une série classique au bon sens du terme : elle file droit, malgré les circonvolutions du passé de son héros, avance par étapes, tout en entretenant un suspense élémentaire mais efficace (le cliffhanger est épique). Malgré ou grâce à cet académisme, c'est une des meilleures séries actuelles pour sa profondeur et son envergure.
2 commentaires:
Les planches sont spectaculaires, et l'intrigue fait vraiment envie. Vivement édition française ! Ps:le coloriste s'est planté au niveau du cou du costume de catar-ol, non ?
Pour la vf, j'ignore à quand Urban la proposera - s'ils la proposeront (car de bonnes séries "Rebirth" n'ont pas été traduites, telles que "Batwoman" ou "Batgirl" notamment). Souhaitons que la présence de Bryan Hitch, un artiste connu, donne une chance au titre. Et aussi parce que Vendetti fait vraiment un boulot remarquable.
En ce qui concerne la colorisation du col de Catar-Ol, je ne vois pas d'erreur car on distingue bien que le plastron de son costume comme ses épaules sont détachées de son cou (jaune sur vert). Mais c'est peut-être une question d'appréciation. La mode et les super-héros, ça fait parfois deux...
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