La maxi-série de Robert Venditti et Eddy Barrows reprend après un démarrage prometteur. Mais attention ! la couverture du numéro n'a rien à voir avec l'intérieur de cet épisode de Freedom Fighters. Et d'ailleurs, on peut dire que le contenu aussi surprend par son minimalisme narratif...
Terre-X, où les nazis ont conquis l'Amérique en gagnant la seconde guerre mondiale. 73 ans après, une nouvelle génération des Freedom Fighters apparaît pourtant, après que la précédente incarnation du groupe a été décimée en 1963.
Après avoir fait sauter un musée où était exposée une toile représentant la défaite des premiers FF, l'actuelle formation fait face à la riposte du IIIème Reich : l'Iron Commander a été envoyé sur place pour éliminer ces terroristes sur ordre d'Adolph Hitler II.
Les civils présents sont sidérés car ils pensaient les héros morts mais aussi parce qu'ils ne les pensent pas capables de dominer le robot géant. Black Condor lâche Doll Woman qui s'infiltre dans la tête de la machine afin d'en pirater les données.
Human Bomb détruit l'Iron Commander pendant que Phantom Lady évacue les témoins via des portails dimensionnels. Les Freedom Fighters encouragent la foule à se révolter contre le régime.
Des tracts à l'effigie de l'Oncle Sam sont jetés d'un vaisseau récupérant le groupe. L'espoir renaît et, avec lui, peut-être la personnification de la justice. Le Reich doit rapidement trouver la parade.
Il semble acquis, une fois terminée la lecture de cet épisode, que Robert Venditti, contrairement à ce qu'il fait avec Hawkman, va prendre son temps pour développer le récit qu'il a construit. Au moins pour le commencer car, après tout, il reste dix numéros, ce qui est à la fois beaucoup et peu.
En effet, le mois dernier, il situait l'action dans le passé avant de la conclure de nos jours : une exposition nerveuse de cette Terre parallèle où les nazis avaient remporté la seconde guerre mondiale et envahi l'Amérique du Nord, supprimant les dernières poches de résistance.
Mais, en fin de compte, on en tirait une impression de minimalisme. Les quelques scènes de l'épisode avaient de la consistance mais demeuraient modestes pour une saga en douze parties. C'est le même sentiment qui domine dans ce numéro.
Après l'exposition, place à l'action. Et rien qu'à l'action, peut-on ajouter, puisque cette vingtaine de pages prouve la puissance de feu, l'intelligence tactique et l'objectif des Freedom Fighters. De fait, la vedette du mois, c'est moins Robert Venditti que son dessinateur, Eddy Barrows.
Le brésilien (car il travaille sous un pseudonyme) livre une copie puissante : l'intensité du combat entre l'Iron Commander et l'équipe est parfaitement traduite à grand renfort de pleines et doubles pages. L'encrage d'Eiber Ferreira et les couleurs de Brad Anderson soulignent admirablement le trait de l'artiste tout en le respectant (contrairement à leurs efforts conjugués sur Detective Comics, cette fois, par exemple, Anderson ne prend pas la liberté de peindre entièrement certaines images).
Barrows est, comme Ivan Reis ou Bryan Hitch, un héritier de Neal Adams : son style est réaliste et détaillé. C'est exigeant et chronophage, il faudra observer s'il tient une telle qualité sur un rythme mensuel (cela dépendra sans doute du nombre d'épisodes qu'il a déjà terminés car il ne fait aucun doute que la production a été entamée bien avant la publication). Mais, présentement, le résultat est bluffant, et le principe de l'épisode permet au dessinateur de prouver, lui aussi, de quoi il est capable - on peut même lire ce chapitre comme une démonstration de force de Barrows et des héros.
Néanmoins, tout n'est pas exempt de défauts et, sinon d'invraisemblances (qu'on aurait mauvaise grâce à dénoncer car le genre se prête naturellement à des extravagances), du moins des incohérences. Par exemple : Doll Woman est la veuve de Doll Man, assassiné en 1963. Or l'histoire se déroule en 2018 et il serait donc plus logique qu'elle soit la fille de celui dont elle a repris le pseudonyme... On peut aussi tiquer en notant que l'Iron Commander était mentionné en 1963, au stade expérimental (la première équipe des FF voulait saboter l'usine de sa construction), mais 51 ans plus tard, le IIIème Reich semble n'en avoir construit qu'un exemplaire... Enfin, comment une équipe aussi puissante et bien entraînée a-t-elle pu passer inaperçu tout ce temps ?
Comme l'autre maxi-série DC du moment, Martian Manhunter, Freedom Fighters ne semble pas parti pour rivaliser avec son modèle, Mister Miracle. Mais c'est un divertissement musclé et suffisamment accrocheur pour qu'on persévère.
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