Avec ce sixième épisode, Bria Michael Bendis et Michael Gaydos concluent le premier arc narratif de Pearl. Le premier, cela veut dire qu'il y en aura (au minimum) un second, et c'est désormais officiel, car la série a reçu un accueil critique et public suffisant pour se poursuivre. Que vaut, donc, cette fin qui n'en est pas une ?
En se présentant presque en même temps chez Mr. Miike, les jumeaux Endo et Pearl Tanaka ont eu en vérité la même idée : exiger du parrain yakusa une cessation des hostilités entre leurs deux familles.
Pearl profite du moment pour laisser Miike règler les formalités de cette trêve avec les Endo et repart, tranquillement, avec Rick Araki, qu'elle a donc sauvé une nouvelle fois de la mort. Il lui reste une dernière chose à faire avant de quitter San Francisco.
Et cela la conduit au pénitencier où son père purge une peine de prison pour la mort de sa femme, la mère de Pearl. Cette dernière sait qu'il est innocent et veut connaître le nom du vrai meurtrier ainsi que faire libérer son père.
Mais il ne lui livre aucun nom, à cause d'un arrangement passé avec Miike. En revanche, il lui explique que la mère de Pearl n'était pas une tueuse yakusa mais la chef de son clan - un secret bien gardé mais respecté par ses hommes et craint de ses ennemis.
Sur la promesse d'honorer sa mère, Pearl s'en va. Rick veut l'accompagner dans la suite de son aventure. Mais le couple ignore que désormais ils ont des anges gardiens en la personne des jumeaux Endo.
A la fin de cet épisode, Brian Michael Bendis adresse aux lecteurs une lettre à la fois très drôle et instructive. Il revient sur le succès en salles de Spider-Man : Into the Spider-verse (Spider-Man : New Generation chez nous), dont le héros est sa création, Miles Morales, puis l'excellent accueil fait par le public à ses productions chez DC, aussi bien avec Superman, Action Comics, Young Justice et le label "Jinxworld", en attendant les autres titres de la gamme "Wonder Comics". Il annonce aussi son prochain gros chantier : Leviathan, avec Alex Maleev (attaché au Bat-verse).
A plus long terme, il s'interroge sur un nouveau volume de Scarlet (mais semble vouloir en rester là car le dénouement paru les satisfait, lui et Maleev), confirme la poursuite de Cover (avec David Mack), une suite à United States vs Murder Inc. (certainement pas avant 2020, car Mike Avon Oeming va réaliser une reprise de Dick Tracy). Et donc un Book Two pour Pearl dès Mars prochain.
Le destin du titre étant défini, cela impacte forcément la fin de ce "Livre Un". Evidemment, quand un auteur a l'assurance de pouvoir continuer son histoire, il ne la boucle pas vraiment. Et il faut bien que j'avoue que ça m'a un peu gâché l'affaire.
J'espérai que Pearl s'achève vraiment avec un bon climax, même si je comprends la direction que veut prendre Bendis. Je ne sais pas si je lirai l'acte II, mais c'est alléchant, je le reconnais. Je me suis attaché à cette héroïne. Néanmoins, cet épisode tombe un peu à plat, manque d'intensité, pèche par une certaine désinvolture (à l'image du règlement du conflit entre les Endo et Miike, traité hors champ). Contrairement à Mark Millar, qui s'arrange toujours pour que le premier acte soit déjà percutant en soi, Bendis choisit de garder l'essentiel pour demain (en l'occurrence, qui est l'assassin de la mère de Pearl).
Bon, attention, je n'ai pas dit que je n'aimais pas, c'est même asse culotté de terminer ce premier mouvement de cette façon. Et puis on a quand même droit à un secret dévoilé étonnant (le vrai rôle de la mère de Pearl chez les Yakusa, sans oublier la situation réelle de son père). Tout ça est par ailleurs cohérent avec la narration de la série, ce feu sous la glace bien entretenu.
Et puis Michael Gaydos livre encore une fois des planches superbes. Je lui reprocherai juste de retomber dans son travers passé du copié-collé pour la scène d'ouverture, en fait un plan-séquence de plusieurs pages, mettant en scène le premier meurtre de Pearl (plus accidentel qu'intentionnel ou prémédité). Un moment assez superflu d'ailleurs.
Mais Gaydos, c'est aussi ce dessinateur capable de concentrer en une pleine page un dialogue dans une voiture (tout le contraire donc de la première scène), ou, avec une succession de gros plans sur des visages de rendre la conversation entre un père et une fille tendu, émouvant, tendre, et mystérieux, d'une finesse remarquable.
Pour cela, l'artiste s'appuie sur une modèle pour son héroïne, un spécialiste de tatouages pour créer celui dessiné sur la peau blanche de Pearl, et un usage des couleurs réduites au possible et pourtant traduisant fabuleusement les ambiances.
Je suis donc un peu mitigé, et incertain. Le septième épisode sortira le 3 Mars prochain, je le lirai sans doute, au moins par curiosité, et, simplement, s'il le plait, ce sera reparti pour un tour, avec critique ici.
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