vendredi 18 mai 2018

CAPTAIN AMERICA #702, de Mark Waid, Leonardo Romero, Rod Reis et Howard Chaykin


Je n'avais pas fait attention mais Captain America devient bimensuel pour permettre au run de Mark Waid de se terminer en Juin (Ta-Nehisi Coates et Leinil Yu prennent la relève en Juillet) : Marvel a décidément envie d'en finir au plus vite et il faut bien du mérite au scénariste pour travailler dans ces conditions. D'où le sentiment d'un professionnalisme exemplaire de sa part avec la suite, quinze jours après le #701, de son excellent arc narratif futuriste.


France, 1943. Captain America, blessé et inconscient, doit être évacué par la Résistance et Peggy Carter. Ils croisent des soldats allemands et une fusillade éclate. Le héros ne doit la vie sauve qu'à l'intervention de Peggy qui le protège avec son bouclier.


XXIVème siècle. Après avoir découvert que le général Pursur utilisait le sérum du super-soldat (qui pourrait sauver son fils) pour créer des agents dormants au sein des Krees (pourtant alliés de la Terre), Jackson Rogers est en cavale, activement recherché. Il se réfugie dans un club d'historiens et se confie à des amis incrédules.


Mais le vieux Vic l'interpèle et lui dit croire à son histoire. Il lui indique un moyen de se sortir de cette mauvaise passe en lui montrant grâce à son monocle spécial un épisode du passé de Captain America - sa dernière bataille contre Crâne Rouge qui s'acheva par la destruction d'un cube cosmique après lequel ils disparurent tous deux.


Jackson doit reprendre la fuite lorsque la garde du général Pursur fait irruption dans le club. Il se rend sur les ruines du Capitole, fermées au public en raison des radiations qui l'environnent. Rogers trouve le cube cosmique et le bouclier de Captain America.


Espérant libérer Captain America prisonnier du cube, Jackson le brise avec le bouclier mais, horrifié, c'est Crâne Rouge qui s'en extrait !

Je vous parlais au début du mois de plusieurs séries dont les auteurs semblaient s'être donnés le mot pour parler des relations parents-enfants, et Mark Waid était au nombre de ceux-là avec le début de cet arc narratif dans lequel un père (Jackson Rogers) tentait le tout pour le tout pour sauver son fils.

Son héros en cavale après avoir découvert un complot ourdi par un général belliqueux, cette fois, c'est à Old Man Hawkeye que le scénariste semble adresser un clin d'oeil en dépeignant un futur répressif et en convoquant Crâne Rouge (devenu le maître du monde dans la dystopie d'Ethan Sacks).

Néanmoins, la comparaison s'arrête là car la ligne temporelle diffère sensiblement du spin-off d'Old Man Logan : le XXIVème siècle n'est pas un monde post-apocalyptique où les super-vilains ont vaincu les super-héros, on évolue ici dans une société prospère et sophistiqué et Crâne Rouge en a disparu après une ultime bataille contre Captain America.

Waid imprime toujours un rythme très soutenu à son récit, correspondant à celui de la cavale de Jackson Rogers. Ce dernier n'est pas un fugitif classique, il le reconnaît lui-même : il n'a rien d'un héros, il a découvert le secret du général Pursur accidentellement et ne sait plus où aller, trouvant refuge dans un club où, ironiquement, le temps semble s'être arrêté.

Des deux flash-backs qui ponctuent l'épisode (au début et à la moitié), le premier est le plus accessoire et présente la particularité d'être dessiné par Rod Reis, dont le style ressemble à celui de Phil Noto, mais qui devait être réalisé par Chris Sprouse. J'aurai adoré voir l'artiste de Tom Strong oeuvrer sur Captain America, pas forcément à la place de Reis qui ne démérite pas, mais en échange de Howard Chaykin, que je n'aime pas et dont les pages sont abominables.

Dans ces planches, on assiste donc au dernier affrontement entre le héros et sa némésis, qui conduit directement au dénouement de l'épisode avec un twist cauchemardesque mais relançant totalement le suspense (même si ramener Crâne Rouge est un peu paresseux, surtout via le cube cosmique : deux éléments souvent liés).

Il n'empêche, entre la fuite de Jackson Rogers, son échange avec le vieux Vic et son geste dramatique, il y a de quoi, pour Leonardo Romero, de quoi encore prouver à ses fans comme à ceux qui le découvriraient quel excellent artiste il est. Le dynamisme de son découpage, le soin apporté aux décors (la ville, le club), la mobilité du personnage principal sont admirables : il est impensable que Marvel ne donne pas une future série à ce dessinateur une fois sa prestation terminée ici.

On ne risque guère d'être déçu par le dénouement le mois prochain, d'autant qu'Alan Davis sera de la fête. L'histoire est très ouverte, le spectacle prometteur : de quoi clore un run gâché par des décisions éditoriales peu inspirées mais porté par un scénariste dont le dévouement est vraiment exceptionnel.

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